Harry Elkins Widener

Historiapassionata a écrit:Merci pour toutes ces informations Denis , c'est très intéressant j'ai encore appris des choses

Mais de rien, Elodie.
Il se pourrait que j'en ai d'autres un jour sur ce cher Harry.

J'espère bien !

Denis a écrit:

Canard-jaune a écrit:Oh, du théâtre et une collection de plein trucs! On se serait bien entendus!!

Tu es dorénavant mon petit Harry Elkins Widener.
Puisses-tu vivre au-delà de tes 27 ans.

J'en serai ravi!(d'être le Harry-bis et de vivre plus de 27 ans)
Qui sait, je le rencontrerai peut-être dans un roman.

Les titanicophiles les pensaient perdus au fond de l'Atlantique, mais je suis certain que les bibliophiles le savaient déjà.
En fait, les livres achetés par Harry Widener lors de son voyage londonien ont survécus. Ils sont sagement rangés dans la collection du mémorial.
Le Harvard Gazette ainsi que la Widener University indiquent que le jeune homme de 27 ans avait acheté 8 livres rares (9 si l'on compte le Francis Bacon qui aurait disparu avec lui le 15 avril. Mais nous n'avons que le témoignage de sa mère qui stipule qu'il l'avait en sa possession), et qu'il les a fait envoyés aux États-Unis via un autre navire. Un peu comme l'automobile des Roebling.
Prémonition de Harry Widener ou bon sens ? Encore une anecdote qui ira directement dans la légende du Titanic, et accréditera les thèses des "mauvais présentiments".

La Harvard Gazette indique aussi qu'Harry Widener  a fait sa première acquisition "sérieuse" alors qu'il était en deuxième année à Harvard en 1905, et qu'il s'agissait d'une troisième édition d'"Oliver Twist" de Charles Dickens. Cela lui couta 200 dollars à l'époque (environ 5500 aujourd'hui).

NB : cela fait 100 ans, cette année (en juin) qu' a été inauguré la bibliothèque Widener de Harvard.

Voici un portait de Peter Widener par John Singer Sargent

En octobre 1909, Harry Elkins Widener rédigea son testament à l'âge de 24 ans.
Il était très succin, puisqu'il léguait tous ses biens à sa mère, Eleanor.
En voici la copie.


"I, Harry Elkins Widener, of Cheltenham Township, Montgomery County (…) last Will and Testament.

I give and bequeath to my mother, absolutely, all my property of every kind and description. It is, however, my desire, as expressed to her, that whenever in her judgement Harvard university will make arrangements for properly caring for my collection of books, she shall give them to said University to be known as “The Harry Elkins Widener Collection”. I appoint my father, George D. Widener, executor of this my Will.

In witness whereof, I have hereunto set my hand and seal to this my last Will this Sixth day of October A. D. One Thousand Nine Hundred and Nine".

"Moi, Harry Elkins Widener, de Cheltenham Township, Comté de Montgomery (... hélas, le document est plié à cet endroit)... dernières volontés et testament.

Je donne et lègue à ma mère, absolument tous mes biens de toute nature ou dénomination. Cependant, mon désir est, comme je le lui ai exprimé, que ma collection de livres revienne à l'université d'Harvard qui, sous son égide, prendra des dispositions pour en prendre soin. Elle devra la nommer "la collection Harry Elkins Widener". Je nomme mon père, George D. Widener, comme mon exécuteur testamentaire.

En foi de quoi, j'ai apposé ma signature à mes dernières volontés en ce  sixième jour d'octobre, mille neuf cent neuf."

Il n'y a évidemment aucune prémonition d'aucune sorte à voir concernant le fait qu'Harry Widener âgé d'à peine 24 ans, rédigeait déjà son testament. Plein de gens le font très tôt, moi y compris. Et je suis toujours en vie.  

Eleanor Widener aura donc suivi à la lettre les dernières dispositions de son fils en faisant construire pour sa collection l'écrin que constitue encore aujourd'hui la bibliothèque d'Harvard.

Je vois qu'Harry a écrit son testament à l'âge que j'ai maintenant. Je ne pourrais pas écrire perso mon testament maintenant, je touche du bois, mais je n'ai pas ce déclic. ^^ Bon c'est vrai qu'à l'époque on vivait moins longtemps qu'aujourd'hui même si 24 ans c'était déjà jeune. On avait un peu parlé de ça ici.

En tout cas, à nouveau une belle archive que ce testament !

Joris

L’Atlantique Nord faillit avoir une victime supplémentaire à se repaitre à cause d’Harry Widener. En effet, durant son voyage, le Philadelphien rencontra un éditeur, John Lane, de Londres, et le pressa de l’accompagner aux Etats-Unis à bord du Titanic. Fort heureusement, l’homme déclina son offre, et préféra choisir un autre paquebot pour son voyage.
Cette histoire est brièvement narrée dans une lettre que Mr Lane adressa à un écrivain britannique, Charles Thomas-Stanford, le 22 avril 1912.


« Cher Mr Stanford,

Je vous envoie le dernier numéro du New-York Times que je viens de recevoir, et dans lequel se trouve une critique relative à votre livre, ainsi qu’une publicité le concernant à son dos.
Voilà deux semaines, j’ai été encouragé par Mr Harry Widener à embarquer sur le Titanic. Par chance, j’ai décidé de partir plus tard, et je pars avec le Lusitania samedi prochain. Je serai parti pour une durée de 5 semaines, mais si quoi que ce soit se présente concernant votre livre, j’ai donné des instructions à mes employés pour s’en charger durant mon absence.

Cordialement.
Sincèrement vôtre.
John Lane ».

http://www.thekeep.info/letters-from-the-archive-if-anything-turns-up-in-regard-to-your-book/