La descente des canots 13 et 15 : risque de collision

Il existe bien sûr des sujets sur les canots 13 et 15 du Titanic, respectivement ici et ici et on y parlait de la collision qu'il y a failli avoir entre eux lorsqu'ils ont été descendus mais j'ouvre ce sujet pour en parler un peu plus en détails.

Ces deux canots étaient situés côte à côte et ils ont été chargés et descendus simultanément. Il s'agit je crois des deux derniers canots en bois à tribord à ce moment là.

Le canots 13 est descendu vers 1 h 40 du matin avec à son bord entre 55 et 62 passagers (sur 65 places disponibles), principalement des femmes.
Quand le canot a touché l'eau, il s'est trouvé pris dans une pompe de vidange d'eau, qui avait aussi causé des difficultés au canot 11, descendu quelques minutes plus tôt. Il a toutefois réussi à se dégager et s'est retrouvé à l'emplacement où le canot 15 va atterrir.

Le canot 15 justement a été descendu moins d'une minute après le 13 et beaucoup d'homme qui n'ont pas pu monter dans le 13 ont embarqué dans le 15. Il y avait à son bord entre 65 et 70 personnes, soit autant voire plus que sa capacité maximale.
Alors que le canot 13 est donc parvenu à échapper à la pompe d'évacuation en se maintenant en arrière, le canot 15 est en train de descendre à son niveau. Cela provoque la panique des occupants du canots 13 alors que les officiers sur le pont qui font descendre le canot ne se rendent compte de rien. Les occupants du 13 se mettent alors à hurler, et l'équipage sur le pont bloque alors la descente du canot assez tôt pour éviter une une collision. Les cordages du 13 sont coupés et le canot peut se dégager juste avant que le 15 atteigne l'eau.
Le steward F. Ray a témoigné que le canot a été stoppé à 60 centimètres de leur tête ! Les deux canots s'éloignent ensuite avec difficulté du Titanic, du fait de leur important chargement.

Dessin représentant cet incident :





Cette scène est représentée dans le film de James Cameron :



Making off dans le film :



Imaginez la catastrophe si le canot 15 et les membres d'équipage qui étaient en train de descendre le 13 n'avait rien entendu Les passagers auraient été littéralement écrasés et je pense que beaucoup se seraient jetés à l'eau à la dernière seconde.
Heureusement que finalement ça a pu être évité, que les deux canots se soient dégagés et qu'il n'y a pas eu d'autres cas similaires.

Est-ce qu'on peut dire que cet incident est aussi dû au fait que ces deux canots étaient chargés à leur capacité maximale voire même au-delà ? Car je crois qu'il s'agit des deux canots les plus remplis, avec le canot 11, qui a aussi eu des difficultés pour se dégager.
Parce que malgré tout ils n'ont pas coulé et on peut se dire que beaucoup d'autres passagers auraient pu survivre en remplissant beaucoup plus les canots, si toutefois le risque d'incident n'était pas plus grand.

Joris

Lawrence Beesley a effectivement dit que les hommes occupés à descendre le canot 15 n'avaient visiblement pas entendu les cris leur demandant de stopper la manoeuvre. Cependant, le steward Ray a indiqué que la descente du canot n° 15 a été stoppée, et que celui-ci se trouvait alors à une soixantaine de centimètres au-dessus de la tête des occupants du 13. On peut comprendre que Beesley a cru que la descente du 15 n'a pas été stoppée.

Pour te répondre, Joris, je ne pense pas que la forte charge des canots ait joué, ici, mais un autre facteur a été décisif : les canots 9, 11, 13 et 15 sont descendus dans un intervalle assez court, ce qui rendait l'opération plus dangereuse. Un passage du témoignage de Beesley renforce ce sentiment, car il laisse entendre que l'officier qui a ordonné la mise à l'eau des canots n'est pas resté la superviser et est parti aider à bâbord ; or, on sait que Murdoch a ensuite supervisé la mise à l'eau du canot 10. Si l'on en croit Beesley, donc, il est possible que Murdoch n'ait pas supervisé en personne la mise à l'eau du canot. Dans ces conditions, le seul officier potentiellement présent aurait pu être Moody, mais rien n'est certain. Auquel cas la descente a surtout été gérée par ceux qui étaient aux bossoirs, sans supervision. Cela peut être un facteur explicatif.

D'autre part, Beesley et bien d'autres témoins pendant l'enquête ont insisté sur le caractère profondément providentiel du fait que tous les canots mis à l'eau (je ne compte pas les A et B) l'ont été sans qu'il y ait de souci majeur : pas de renversement, notamment. Or, à en croire plusieurs marins, c'est quelque chose qui arrive parfois à l'entraînement, et même si beaucoup a été dit sur le manque de formation de l'équipage, le fait est que tous les canots qui ont été suspendus aux bossoirs sont arrivés à l'eau indemne, même si à plusieurs reprises, le drame a été craint (notamment, on le sait trop peu, quand les marins ne trouvaient pas le bouchon du canot, ou n'arrivaient pas à décrocher celui-ci des bossoirs !).

Quand j'y repense, d'ailleurs, plusieurs témoins de plusieurs canots ont, il me semble, mentionné des difficultés à déclencher le dispositif de libération une fois à l'eau. Je ne sais plus dans quel(s) canot(s) il a fallu utiliser un couteau pour en venir à bout...

Merci pour vos précisions.
Le fait qu'on ait descendu les canots assez rapidement a donc pu jouer sur ces difficultés et ce risque de collision.

C'est clair que c'est une chance qu'il n'y a pas eu de soucis, alors que les marins ne semblaient pas bien savoir manœuvrer les bossoirs.

Joris