Harry Harrison, steward de la White Star
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Canard-jaune
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Antoine
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Titanic :: RMS TITANIC :: Construction du navire, les essais, la White Star Line... :: La White Star Line et les autres compagnies maritimes
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Harry Harrison, steward de la White Star
Je n'ai jamais caché ma passion pour l'histoire des Beatles (ceux qui l'ignoraient peuvent retrouver mon ode à leur encontre ici ), et parmi eux, j'ai un intérêt particulier pour George Harrison, notamment pour pas mal de sujets évoqués dans ses chansons, et pour son parcours assez particulier (ce n'est pas pour rien que je lui consacre un site, dont il faudra que je me décide un jour à revoir et soigner l'esthétique).
Bref, j'avais déjà très brièvement mentionné ailleurs le fait que le père de ce brave George avait un temps été steward à la White Star Line. Ou plutôt, supposais-je, à la Cunard-White Star, car Harrison fils étant né en 1943, je pensais que son père avait dû entamer sa carrière au milieu des années 1930. Et à vrai dire, je ne pensais pas être en mesure de découvrir quoi que ce soit de plus sur cette originalité qui "reliait" deux de mes passions. C'était sans compter sur Mark Lewisohn, qui est une sorte de divinité chez les passionnés des Beatles. Il a rédigé plusieurs ouvrages de référence, notamment un revenant sur toutes leurs sessions en studio, jour par jour, après avoir écouté toutes les bandes existantes. Autant dire que quand l'ami Mark se met au boulot, il le fait à fond. Et là, son projet annoncé depuis plusieurs années, c'était de faire une grande biographie du groupe. Dont le premier volume est sorti il y a deux mois. Il traite des origines (comprendre "remonte jusqu'aux grands parents") jusqu'à décembre 1962, c'est-à-dire avant même la sortie de leur premier album. Et l'édition "luxe" que je possède est en deux tomes, pour un total de plus de 1600 pages. Autant dire que si j'avais une chance de trouver l'info que je voulais, c'est là dedans.
C'est donc dans la partie consacrée au paternel de Harrison que nous apprenons quelques petites choses pouvant vous intéresser. Harold Hargreaves Harrison, surnommé Harry, est né le 28 mai 1909 à Liverpool, quatrième des sept enfants de Henry (surnommé aussi Harry) et Jane Harrison. Il perd son père à six ans, en 1915, celui-ci étant tué en pleine bataille de la Somme. Vu l'absence d'aides à l'époque, on devine les difficultés que Jane a eu pour élever ses enfants. Le petit Harry a un rêve, porter l'uniforme de la Royal Navy et travailler en mer. Mais voilà, Jane a déjà perdu un mari à la guerre, elle ne veut pas perdre un fils : hors de question qu'il travaille dans la marine de guerre. Il fait donc une concession et décide de travailler pour la White Star Line, ce qui, à Liverpool, est un choix assez évident.
Il signe en 1926, à 17 ans, en mentant sur son âge, et travaille dans un premier temps sur le Celtic : il fait son premier voyage en avril 1927 à bord de ce navire prestigieux. On sait qu'il a ensuite travaillé sur le Doric, bien plus modeste et dirigé vers Montréal, puis sur le Britannic ; trois navires partant de Liverpool, donc. Lewisohn n'a malheureusement pas plus d'informations à nous fournir, cependant, on peut supposer que Harrison fut, peut-être, témoin de la fin de carrière du Celtic lorsqu'il s'échoua à Queenstown en 1928. Et peut-être aussi prit-il part au voyage inaugural du Britannic qui, en tout cas, devait être une affectation plus qu'honorable.
Le Celtic échoué à Queenstown
Le Britannic, troisième du nom
D'Amérique, Harrison ramène bien souvent des biens qui agrémentent le foyer : radio, gramophone, même une guitare. Il rapporte aussi pas mal de photos et d'anecdotes, et comme certaines dont se souviendra ensuite George concernent l'Australie et le Pacifique, on peut supposer que Harrison a aussi servi pour des croisières. Quoi qu'il en soit, durant ses temps à terre à Liverpool, Harry fréquente une certaine Louise French, avec qui il finit par se marier en 1931. Mariage tendu : la famille Harrison est protestante, les French sont catholiques, et pour ajouter à tout ça, Louise est enceinte de six mois au moment de la cérémonie, ce qui fait grincer bien des dents. L'enfant qui nait est nommée Louise, suivie ensuite d'un Harold (on a beaucoup d'imagination dans la famille).
En 1936, pour élever ses enfants, Harrison quitte la White Star Line. La période est difficile, sans revenus : il doit même mettre sa guitare au clou (et ne la récupèrera jamais) pour survivre. Il lui faut attendre l'année suivante pour trouver un emploi de contrôleur dans les bus liverpuldiens, puis de conducteur, une fois acquis le permis requis... En 1940, le couple a, probablement par accident, un nouveau fils, Peter, et décide trois ans plus tard de lui donner un petit frère plus proche de lui en âge que ses aînés : George. La famille vit alors dans une petite maison de quatre pièces, mal chauffée qui plus est. Il leur faudra quelques temps pour trouver un logement social plus adapté. Une vingtaine d'années plus tard, cependant, ce genre de considération semblera nettement dépassée.
Harry Harrison est mort en 1978, quelques mois avant la naissance de son petit-fils, Dhani, qui fait également de la musique.
Et en bonus, une photo de Harry Harrison, entouré, à priori, de ses deux plus jeunes fils, Peter et George.
Bref, j'avais déjà très brièvement mentionné ailleurs le fait que le père de ce brave George avait un temps été steward à la White Star Line. Ou plutôt, supposais-je, à la Cunard-White Star, car Harrison fils étant né en 1943, je pensais que son père avait dû entamer sa carrière au milieu des années 1930. Et à vrai dire, je ne pensais pas être en mesure de découvrir quoi que ce soit de plus sur cette originalité qui "reliait" deux de mes passions. C'était sans compter sur Mark Lewisohn, qui est une sorte de divinité chez les passionnés des Beatles. Il a rédigé plusieurs ouvrages de référence, notamment un revenant sur toutes leurs sessions en studio, jour par jour, après avoir écouté toutes les bandes existantes. Autant dire que quand l'ami Mark se met au boulot, il le fait à fond. Et là, son projet annoncé depuis plusieurs années, c'était de faire une grande biographie du groupe. Dont le premier volume est sorti il y a deux mois. Il traite des origines (comprendre "remonte jusqu'aux grands parents") jusqu'à décembre 1962, c'est-à-dire avant même la sortie de leur premier album. Et l'édition "luxe" que je possède est en deux tomes, pour un total de plus de 1600 pages. Autant dire que si j'avais une chance de trouver l'info que je voulais, c'est là dedans.
C'est donc dans la partie consacrée au paternel de Harrison que nous apprenons quelques petites choses pouvant vous intéresser. Harold Hargreaves Harrison, surnommé Harry, est né le 28 mai 1909 à Liverpool, quatrième des sept enfants de Henry (surnommé aussi Harry) et Jane Harrison. Il perd son père à six ans, en 1915, celui-ci étant tué en pleine bataille de la Somme. Vu l'absence d'aides à l'époque, on devine les difficultés que Jane a eu pour élever ses enfants. Le petit Harry a un rêve, porter l'uniforme de la Royal Navy et travailler en mer. Mais voilà, Jane a déjà perdu un mari à la guerre, elle ne veut pas perdre un fils : hors de question qu'il travaille dans la marine de guerre. Il fait donc une concession et décide de travailler pour la White Star Line, ce qui, à Liverpool, est un choix assez évident.
Il signe en 1926, à 17 ans, en mentant sur son âge, et travaille dans un premier temps sur le Celtic : il fait son premier voyage en avril 1927 à bord de ce navire prestigieux. On sait qu'il a ensuite travaillé sur le Doric, bien plus modeste et dirigé vers Montréal, puis sur le Britannic ; trois navires partant de Liverpool, donc. Lewisohn n'a malheureusement pas plus d'informations à nous fournir, cependant, on peut supposer que Harrison fut, peut-être, témoin de la fin de carrière du Celtic lorsqu'il s'échoua à Queenstown en 1928. Et peut-être aussi prit-il part au voyage inaugural du Britannic qui, en tout cas, devait être une affectation plus qu'honorable.
Le Celtic échoué à Queenstown
Le Britannic, troisième du nom
D'Amérique, Harrison ramène bien souvent des biens qui agrémentent le foyer : radio, gramophone, même une guitare. Il rapporte aussi pas mal de photos et d'anecdotes, et comme certaines dont se souviendra ensuite George concernent l'Australie et le Pacifique, on peut supposer que Harrison a aussi servi pour des croisières. Quoi qu'il en soit, durant ses temps à terre à Liverpool, Harry fréquente une certaine Louise French, avec qui il finit par se marier en 1931. Mariage tendu : la famille Harrison est protestante, les French sont catholiques, et pour ajouter à tout ça, Louise est enceinte de six mois au moment de la cérémonie, ce qui fait grincer bien des dents. L'enfant qui nait est nommée Louise, suivie ensuite d'un Harold (on a beaucoup d'imagination dans la famille).
En 1936, pour élever ses enfants, Harrison quitte la White Star Line. La période est difficile, sans revenus : il doit même mettre sa guitare au clou (et ne la récupèrera jamais) pour survivre. Il lui faut attendre l'année suivante pour trouver un emploi de contrôleur dans les bus liverpuldiens, puis de conducteur, une fois acquis le permis requis... En 1940, le couple a, probablement par accident, un nouveau fils, Peter, et décide trois ans plus tard de lui donner un petit frère plus proche de lui en âge que ses aînés : George. La famille vit alors dans une petite maison de quatre pièces, mal chauffée qui plus est. Il leur faudra quelques temps pour trouver un logement social plus adapté. Une vingtaine d'années plus tard, cependant, ce genre de considération semblera nettement dépassée.
Harry Harrison est mort en 1978, quelques mois avant la naissance de son petit-fils, Dhani, qui fait également de la musique.
Et en bonus, une photo de Harry Harrison, entouré, à priori, de ses deux plus jeunes fils, Peter et George.
Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Je connaissais ce fait (:,mais je pensais que c'était son grand-père qui était steward d'ascenseur mort dans le naufrage ou quelques chose de ce style-là.
A propos,est-ce que quelqu'un aurait le nom du passager qui en écrivant ses mémoires parlait d'un garçon de l'équipage passionné par la mer et qui ne survit pas??
A propos,est-ce que quelqu'un aurait le nom du passager qui en écrivant ses mémoires parlait d'un garçon de l'équipage passionné par la mer et qui ne survit pas??
CommeDansUneBulle-
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Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Je pense que tu parles de Lawrence Beesley, passager de 2e classe qui, dans un passage de The Loss of SS Titanic, parle effectivement du jeune garçon d'ascenseur qui se lamentait de ne pas pouvoir profiter de la mer, et qui n'a pas survécu au naufrage.CommeDansUneBulle a écrit:Je connaissais ce fait (:,mais je pensais que c'était son grand-père qui était steward d'ascenseur mort dans le naufrage ou quelques chose de ce style-là.
A propos,est-ce que quelqu'un aurait le nom du passager qui en écrivant ses mémoires parlait d'un garçon de l'équipage passionné par la mer et qui ne survit pas??
Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Quel beau sujet! Merci pour les infos!
Canard-jaune-
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Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Quel bel article! Merci pour toutes ces infos et la photo!
Boudi-
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Localisation : Dans le quartier des officiers
Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Merci pour ce sujet des plus intéressants Antoine. C'est génial lorsque deux passions se rencontrent !
Re: Harry Harrison, steward de la White Star
En effet, que rêver de mieux quand on trouve un lien entre deux passions !
En tout cas c'est super que tu ai pu enfin avoir une réponse à la question que tu te posais depuis longtemps.
En tout cas c'est super que tu ai pu enfin avoir une réponse à la question que tu te posais depuis longtemps.
Tiphaine-
Age : 35
Messages : 4914
Inscrit le : 09/07/2010
Localisation : Vallée de la Creuse
Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Merci Antoine de nous avoir fait découvrir cette histoire. Même si le père de George n'a pas pu réaliser son rêve, ce devait être quand même une fierté de travailler sur ces paquebots. Mais sa famille passait avant tout puisqu'il a quitté la compagnie pour rester auprès d'eux. Par contre c'est triste qu'ils aient vécu dans une certaine pauvreté. La famille aurait-elle pu vivre mieux s'il était resté steward ?
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"Que le plaisir qu'elle procure éteigne mon corps et le feu de mon âme à tout jamais"
Mon site sur Jack Phillips : http://jackphillips-titanic.e-monsite.com/
Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Antoine:Je pensais que c'était Frank Goldsmith,mais oui c'est bien Beeseley.Merci (:
CommeDansUneBulle-
Messages : 424
Inscrit le : 07/08/2012
Localisation : dans ma bulle
Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Intéressante question... Pendant la période où il a cherché un travail, certainement, puisque par définition il n'était pas payé. Sur l'après, c'est à voir : travailler au sein des transports en commun de Liverpool garantissait visiblement un avancement conséquent. Il y a aussi le fait que, tant qu'il travaillait à la White Star, il n'avait que deux enfants. Passer à quatre enfants change pas mal de choses côté dépenses. Il faudra que je retrouve à quel moment ils sont partis dans un logement plus vivable ; je dirais vers la fin des années 1940, car il ne faut pas oublier que Liverpool a été assez durement touchée les bombardements, puis a connu une période de crise économique assez forte. C'est aussi dans ce contexte là qu'ont émergé les groupes de "skiffle", une musique faite de bric et de broc (les plus chanceux jouaient de la guitare, les autres de... la planche à laver par exemple... ), dont un a fini par donner les Beatles.Sha're a écrit:Merci Antoine de nous avoir fait découvrir cette histoire. Même si le père de George n'a pas pu réaliser son rêve, ce devait être quand même une fierté de travailler sur ces paquebots. Mais sa famille passait avant tout puisqu'il a quitté la compagnie pour rester auprès d'eux. Par contre c'est triste qu'ils aient vécu dans une certaine pauvreté. La famille aurait-elle pu vivre mieux s'il était resté steward ?
Ce qui explique aussi certainement la hâte qu'avait Harold de voir ses fils trouver des emplois stables. George devait devenir électricien, espérait-il, et on peut comprendre qu'il ait été légèrement inquiet lorsque son fils de 17 ans lui a expliqué qu'il partait jouer dans des clubs louches de Hambourg pour devenir célèbre. Comme plan de carrière, on imagine mieux. Pour le reste, la situation de la famille Harrison s'est vite arrangée avec les premiers succès des Beatles, et à partir de 1963, tous ont reçu une part des gains de leur fils/frère pour vivre confortablement.
Pour la petite histoire, Alfred Lennon, père de John, était aussi steward ; son premier engagement était sur le Montrose de la Canadian Pacific (le nom du navire me dit quelque chose) après quoi il a servi pour plusieurs autres compagnies. Contrairement à Harrison, il a continué malgré son mariage et la naissance de son fils, en pleine guerre, et ne l'a finalement presque jamais vu.
Re: Harry Harrison, steward de la White Star
Harry devait savoir ce qui l'attendait. S'il était entré dans la Royal Navy, peut-être n'aurait-il pas abandonner son poste.LittleTony87 a écrit:
Pour la petite histoire, Alfred Lennon, père de John, était aussi steward ; son premier engagement était sur le Montrose de la Canadian Pacific (le nom du navire me dit quelque chose) après quoi il a servi pour plusieurs autres compagnies. Contrairement à Harrison, il a continué malgré son mariage et la naissance de son fils, en pleine guerre, et ne l'a finalement presque jamais vu.
Ils ont dû vivre plus de 10 ans dans ces conditions quand même. 4 enfants en effet ce n'est pas rien. C'est vrai que Harry a dû bien s'inquiéter de voir son fils se diriger dans cette voie.
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