Edgar Joseph et Leila Meyer

J'ai une tendresse particulière pour ce couple dont la destinée est passée inaperçue dans la tragédie du Titanic, à contrario des Strauss ou des Astor pour deux raisons:
1) Nous portons le même nom de famille: Meyer
2) Mr Meyer était à demi alsacien.

Marc Eugène, le père d'Edgar, naquit en 1842 à Strasbourg. Il était de confession juive. A tout juste 19 ans, en 1861 il émigre aux Etats-Unis, en Californie où il ouvre une mercerie. En 1967, il épouse Harriet Newmark, fille du rabbin de Los Angeles. Il eurent 8 enfants.

C'est en 1884 que naquit Edgar Joseph, cadet de la famille Meyer, probablement en Californie puisque que son père quitta San Francisco en 1893 pour diriger la boutique des frères Lazard à New York. Edgar Joseph fit de hautes études à l'université de Cornell dans l'état de New-York où il obtient son diplôme d'ingénieur en mécanique. Après cela il entra dans les affaires en compagnie d'un de ses frère à Wall Street.
En 1909, il épousa Leila Saks.



Leila Saks naquit en 1886. Elle est la fille d'Andrew Saks qui fit fortune dans le vêtement haut de gamme, en créant en 1902 à New York le premier magasin de la chaîne Saks & Compagnie. Le jeune couple eu une fille, Jane. La voici en compagnie de sa mère, au début des années 20 (Leila est évidemment à droite).



Peut-être étaient-ils en voyage d'agrément en France en cette année 1912 mais, hélas, le décès brutal du père de Leila le 8 avril les força à trouver en urgence un bateau en partance pour les Etat-Unis. C'est ainsi qu'ils choisirent le Titanic,à bord duquel ils embarquèrent depuis Cherbourg.
Le soir fatidique les Meyer dînèrent au Restaurant à la Carte et sans doute sympathisèrent-ils durant le voyage avec le couple Duff Gordon. Lucile Duff Gordon étant créatrice de mode, elle devait connaitre le père de Mrs Meyer. Peut-être même était-elle en affaires avec ce dernier. C'est sans doute tout naturellement que Lucile lui présenta ses condoléances.

Lady Duff Gordon, ne quittait jamais son carnet d'autographes (sorte de livre d'or mondain où les amis et connaissances pouvaient laisser un petit mot ou une pensée dans différentes rubriques). Après le dîner, réunis dans le Grand Salon, elle sollicita un "autographe" à Mr Meyer.
Dans la section "Folies", il lui laissa: "Je n'en ai qu'une [de folie]... vivre". Hélas le destin ne permit pas au jeune homme de jour de ce plaisir. Il disparut durant le naufrage à 28 ans et son corps ne fut jamais retrouvé ou identifié.

Alors que le navire s'enfonçait, Edgar Joseph Meyer dû user de toute sa persuasion pour faire monter sa femme à bord du canot n° 6. Cette dernière voulant l'attendre. Ce n'est qu'avec l'argument de leur fille en bas âge restée aux Etats-Unis qu'il pu la convaincre d'embarquer à bord du canot. ce fut la dernière fois qu'elle vit son mari.
Des derniers instants d'Edgar Joseph Meyer, il ne reste que le témoignage de Mahala D Douglas disant l'avoir vue, alors qu'elle embarquait dans le canot n°2 peu avant 1 h 45, en compagnie de Mr Arthur Ryerson.

Leila Meyer se remaria plus tard avec Louis Ranger et jamais elle ne parla de la tragédie du Titanic de façon publique. Elle décéda en 1957.

Denis.

Il y a beaucoup d'histoires touchantes comme celle-là au sujet du Titanic.

Merci Denis je ne savais pas qu'on avait pas encore parlé de ce couple qui a eu une destinée tout aussi tragique que d'autres .

J'ai d'ailleurs une photo d'Harriett :

Merci à toi Elodie pour la photo de mariage de Harriet. Cela faisait longtemps que je voulais écrire un sujet concernant ce couple méconnu.
Et j'ai remarqué que ces deux passagers viennent augmenter la liste de ceux qui ne devaient pas se trouver sur le paquebot lors de cette traversée et qui, pour des raisons d'ordre familiales, ont été contrainte de faire ce dernier voyage.

Denis.

Andrews_Thomas a écrit:Dans la section "Folies", il lui laissa: "Je n'en ai qu'une [de folie]... vivre".

Ooooh....

Merci pour cette présentation. Il y avait tellement de monde à bord qu'on continue à découvrir des histoires. Et en plus il y a des photos ! Que demander de plus.