Le naufrage depuis les canots

Je viens justement de finir de traduire le témoignage de Pitman à la commission américaine (en tout cas son premier passage) et son cas est intéressant vu qu'il était dans l'un des deux premiers canots partis. Il était à bonne distance du Titanic et c'est de lui qu'on tient l'heure de 2h20 comme heure de disparition du navire. Mais au final, lui-même insiste sur le fait qu'il ne voyait pas grand chose. Selon lui, le navire s'est dressé à la verticale puis a coulé immédiatement. Mais il ne mentionne pas de cassure. Par contre, il parle d'explosions après l'engloutissement du navire. Or, en général, on a tendance à penser que ces explosions étaient en réalité le bruit du navire en train de se briser. Dans ce cas là, cela signifierait que de là où il était, Pitman ne pouvait vraiment pas voir grand chose ; ce qui ne serait pas si étonnant. Une fois les lumières coupées (donc au moment de la cassure), il ne devait plus forcément avoir grand chose à voir.

Je regarderai d'autres témoignages pour voir ce qui en est dit. Dans son témoignage, Ismay me semble avoir dit qu'il était resté dos au naufrage tout du long. Lightoller, lui, était aux premières loges mais, paradoxalement, bien trop occupé à survivre pour voir ce qui se passait dans les derniers instants. Pas mal de marins parlent de cassure en deux ; mais par exemple, Lowe et Peuchen ne sont pas d'accord sur l'angle pris par le navire. Pour Lowe, c'était 75°, pas loin du presque vertical de Pitman ; pour Peuchen, c'est moins de 45°.

Bref, je crois que la principale conclusion est que dans ces circonstances, bien peu devaient être réellement sûrs de ce qu'ils avaient vu ; mais à vrai dire, nos sens nous trompent souvent.

Je pense qu'un jour je mettrai ces traductions sur internet, mais elles sont très longues donc je préfère d'avoir traduit un peu plus. Dans l'idéal, j'aimerais en faire une éditions commentée. On verra ! C'est un long, long travail et j'avance à petits pas. Et puis comme j'utilise les textes du Titanic Inquiry Project, enfin leur retranscription, si je publie un jour la traduction je leur demanderai sûrement l'autorisation.

Chose intéressante sur ta question : Peuchen confirme dans son témoignage que même s'il a vu des choses, à partir du moment où les lumières se sont éteintes, il était très difficile de distinguer ce qui se passait. C'était déjà le cas sur le navire : on a une image faussée par le film, qui est très éclairé dans les scènes du naufrage (forcément, c'est un film, si tout était super sombre, ce serait impossible à regarder), mais il ne faut pas oublier que même sur le Titanic, on ne devait pas y voir très loin. Et dans les canots, l'obscurité devait être dure à gérer : difficile de voir le fond du canot (pensez que des gens sont restés cachés une heure avant de surgir !) et parfois même les autres personnes assises non loin.