Deux marins de l'Albatros disparus en mer

Peu de médias ont parlé de cette tragédie.
L'officier Pierre Frébourg, 24 ans, a disparu depuis lundi matin. Il servait depuis mars 2014 sur le patrouilleur austral l'Albatros au sein du service énergie-propulsion. Ne répondant pas présent à l'appel, une fouille complète du navire a eu lieu, sans succès, et il a fallu se résoudre au pire, une chute dans l'océan. Les recherches n'ont pas permis de le retrouver, elles ont dû être abandonnées au bout de 36h au vu d'une forte dégradation des conditions météorologiques. Leur mission touchait à sa fin, ils devaient faire escale à l'Ile Maurice et rentrer mi-mars à la Réunion, où le navire est basé à Port des Galets.
Pensées à sa famille, ses proches et l'équipage de l'Albatros.

Source : Le télégramme


Photo Marine Nationale

C'est une tragédie. En plus 24 ans, si jeune !

Comment y avait-il de gens à bord ? Personne ne l'a vu tomber à l'eau donc évidemment il devait être seul à ce moment là, sans collègues.

Même s'il y a peu d'espoir qu'il soit retrouvé vivant, j'espère que les recherches vont reprendre et aboutir pour que sa famille puisse faire le deuil. Que toute la lumière soit faite sur ce drame grâce à l'enquête.

C'est un évènement extrêmement rare dans la Marine nationale, et heureusement.

Courage à sa famille, collègues et amis

Joris

Joris a écrit:
Comment y avait-il de gens à bord ? Personne ne l'a vu tomber à l'eau donc évidemment il devait être seul à ce moment là, sans collègues.

D'après le site de la Défense, il y a une soixantaine de membres de l'équipage.
Ça s'est passé au cours de la nuit. Une enquête de commandement s'est ouverte par le commandant de bord, il faudra ensuite attendre le retour de l'Albatros à la Réunion, enquête interne à l’armée, l'équipage sera entendu ainsi qu'une enquête judiciaire.

C'est toujours difficile dans ce genre de circonstances pour les familles. Impossible de savoir s'il s'agit d'un accident, d'une imprudence, d'un suicide... Et même avec une enquête, il sera certainement difficile d'établir ce qui s'est réellement passé. J'espère que les proches sauront accepter l'idée de ne pas savoir, sans quoi leur deuil sera malheureusement difficile.

Au bout de 36 heures, rechercher le corps était de toute façon certainement peu utile ; s'il y a une chance de le retrouver, ce sera certainement par hasard ; pour peu que le coin soit fréquenté...

Un marin de l'Albatros a disparu en Atlantique Sud. C'est la seconde disparition en 3 mois sur ce navire !
Le premier maître Stéphane Legeay, du service opérations a été porté disparu samedi dernier. Les recherches sont restées infructueuses. Agé de 39 ans, il était affecté à bord de l’Albatros depuis juillet 2014. Le navire est en transit vers Brest où il doit être désarmé.
Source : Ouest France

Pour Pierre Frébourg c'était bien un suicide : L'enquête judiciaire avait conclu à une «disparition volontaire» du marin.
Source : Le Parisien

Encore? C'est curieux quand même...

Canard-jaune a écrit:Encore? C'est curieux quand même...

Oui tout à fait.  Même si nous ne saurons jamais rien, j'espère que les familles sauront elles ce qui s'est passé sur ce bateau, qu'on ne leur cachera rien.

Cette histoire me perturbe. Pourquoi on n'en entend plus parler ? Aucune nouvelle de l'Albatros. Avant la 2ème disparition, on nous retraçait son voyage comme si rien ne s'était passé. Est-il arrivé à Brest ? On apprend seulement que le commandant Riaz Akhoune est à présent le commandement de la base navale du Port de la Pointe des Galets à la Réunion.
S'il n'y avait pas eu cette 2ème disparition, on n'aurait pas su que Pierre Frébourg s'était bien suicidé.

Ça doit arriver plus qu'on ne le croit. En 2014, Eric Delepoulle, un haut gradé de la Marine Nationale, a été condamné à un an de prison AVEC SURSIS pour harcèlement moral par le tribunal correctionnel de Marseille. En 2010, un des seconds-maîtres s'était suicidé à bord. Mais même avant la fin de l'enquête, malgré des charges lourdes ce type avait été promu capitaine de vaisseau à l'état-major. Et on apprend qu'il a décidé de faire appel, audience le 29 juin 2015 reportée au 26 octobre prochain. Enfin... un seul média en a parlé, France 3 Bourgogne qui a édité un article de 2014. Alors pour le savoir !
Mon cousin a été harcelé par une supérieure dans l'armée de terre. Il a fait une dépression, s'est mis en maladie. Un autre de ses supérieurs l'a prit sous son aile pour le "protéger", il a pu être muté. Il n'a pas porté plainte et a quitté l'armée depuis.

Les familles ont t-elles porté plainte ? Qui est mis en cause ? On ne sait rien, officiellement. Dans d'autres affaires, les médias sont bien plus loquaces, on a même le nom du ou des auteurs présumés, leur origine...

J'ai un peu l'impression (je me trompe peut-être) que dans tous les domaines professionnels qui touchent de près ou de loin au monde "militaire", il y a une sorte de loi du silence qui régit un peu tout ça lorsqu'il arrive un incident du genre que tu exposes, Nadine : suicide, mort suspecte, disparition...
La hiérarchie militaire fait le maximum pour que ce soit réglé en interne, comme si un suicide ou autre mort pouvait être une tâche qui "salit" leur profession. J'ai aussi remarqué que la presse n'était pas du tout la bienvenue dans ce monde, et qu'on lui donne le strict minimum d'information à donner au public. Du coup, je ne sais même pas si les familles elles-mêmes sont très au courant de ce qui est arrivé leur fils/fille/père/mari.

Ce qui me surprends c'est que je pensais vraiment que dans les carrières dites "militaires", il y avait une sorte "d'enquête" psy (ce n'est pas le mot adéquat mais le plus ressemblant à ce que j'essaye d'exprimer ) ou de suivit psychologique concernant leurs effectifs au moment de leur "embauche" (ou même sur la durée de leur service). J'avais vu ça dans un reportage sur les sous-mariniers qui doivent tenir les mois sous l'eau sans craquer : leurs proches ont interdiction de leur annoncer des mauvaises nouvelles comme des maladies ou même des décès quand ils sont en service, afin de ne pas leur donner un coup au moral. Ou alors, je me trompe.

Mais tout cela n'est que mon avis extérieur de civil.

Je ne sais pas s'il y a un suivi psychologique, je demanderai mais il y a un ou des psy à la base qu'on peut consulter. Mon cousin a un fort caractère, je n'aurai pas cru qu'il aurait fait une dépression mais quand on te pousse à bout mentalement, qu'on te menace, qu'il n'y a pas de soutien (heureusement pour lui il a eu un soutien important d'un supérieur), on peut être plus fragile, ne plus voir d'issue et en arriver à cette extrémité.

Dans cette affaire en tout cas, la famille est certainement au courant. J'aurais été l'une d'elle, j'aurais déjà prévenu les médias même anonymement car quand on voit que le haut gradé ne risque même pas de la prison ferme, et entre temps peut continuer tranquillement sa vie, avoir des promotions. L'armée va jusqu'à protéger les agresseurs et les récompenser, c'est lamentable.

Je ne pense pas que ce soit par méconnaissance que les médias n'en parlent pas. Depuis une vingtaine d'années et le tournant très sécuritaire pris par les grands médias, pas mal de journalistes suivent des formations communes avec des cadres de la police, de l'armée, des renseignements... Le principal but de tout ça, c'est d'avoir du réseau pour obtenir la primauté des informations (je comprends mieux, du coup, pourquoi les médias ont appris la mort de mon oncle en montagne plusieurs heures avant les familles, pourtant premières concernées...). Le truc, c'est que cette proximité pousse aussi à une convergence de pensée, d'où le fait que la version de la police et dans une certaine mesure de l'armée est rarement remise en cause par les médias, sauf quand vraiment les choses sautent aux yeux.

Je ne suis donc pas étonné que face à ce genre d'affaire qui est certainement courante, on se heurte à un grand silence. Après tout, pas mal d'expériences l'ont prouvé, dès qu'il y a hiérarchie, il devient très facile de devenir malgré soi totalement tyrannique, et les problèmes dus à des autorités un peu excessives doivent être courants, avec le harcèlement que cela implique. Et dans ces cas là, tout le monde a intérêt à se taire : le harcelé parce que c'est humiliant et qu'il pourrait aussi être viré s'il faisait trop de vagues, le harceleur pour des raisons évidentes, et ses supérieurs... car ce sont eux qui l'ont mis là. Eh oui, quand on nomme un tordu capitaine, on est responsable de n'avoir pas vu qu'il était tordu.

Ce principe se retrouve dans toute hiérarchie : dès qu'un individu est promu et se révèle incompétent, il est très difficile de le faire redescendre, sans quoi celui qui l'a promu reconnaîtrait également son incompétence ; c'est un des corolaires du génial principe de Peter. D'où le fait que dans ce genre de cas, il est plus courant de donner une promotion qui rend le gars relativement inoffensif. J'ai ainsi connu un instit totalement ignobles avec les enfants, qui a finalement été promu : placé dans un joli bureau, il a une meilleure paye... mais il n'est plus confronté aux gosses. Tout le monde y gagne.

Clairement, l'armée est capable d'aller très loin pour camoufler ses failles (et ce n'est pas nouveau : plus que l'antisémitisme, l'infaillibilité de l'armée était un enjeu central de l'affaire Dreyfus). Mais on le retrouve dans pas mal d'autres structures, car énormément d'entreprises, surtout les grosses, utilisent les mêmes principes et ne se calment que quand ça devient vraiment trop voyant (coucou France Télécom !).

LittleTony87 a écrit:(je comprends mieux, du coup, pourquoi les médias ont appris la mort de mon oncle en montagne plusieurs heures avant les familles, pourtant premières concernées...).

Ils l'ont divulgué avant que vous ne soyez mis au courant ?

Si les médias étouffent l'affaire, il reste les réseaux sociaux pour la faire connaître.
Le problème c'est que pour Eric Delepoulle, on l'a promu à un poste où il pouvait encore exercer son rôle de seul maître à bord.


Plus de 70 témoins interrogés à l'instruction avaient presque tous raconté la même histoire : dans le huis clos de la frégate commandée par Eric Delepoulle, régnait une «ambiance exécrable». Les «pressions permanentes», sous le commandement d'un gradé distribuant largement les punitions et «se prenant pour Dieu à bord» ou «Louis XIV», avaient conduit ce bâtiment à être surnommé le «bateau de l'enfer».

D'après l'enquête, le second maître Sébastien Wanke faisait face depuis un an et demi à des «rythmes et charges de travail écrasants», jusqu'à 15 heures par jour, organisant les repas des officiers, le service à table, nettoyant les appartements du commandant, et réalisant même des travaux de peinture en plus de ses charges opérationnelles. Le tout avec, selon le juge d'instruction, un niveau d'exigence «excessif, voire abusif, au point de revêtir un véritable aspect vexatoire».
Source : Le Parisien

Quelques jours avant son suicide, il avait reçut sa notation assortie d’une appréciation lui reprochant un « manque d’investissement » dans son travail.

Sha're a écrit:

LittleTony87 a écrit:(je comprends mieux, du coup, pourquoi les médias ont appris la mort de mon oncle en montagne plusieurs heures avant les familles, pourtant premières concernées...).

Ils l'ont divulgué avant que vous ne soyez mis au courant ?

Oui : on l'a même carrément appris par les médias, en fait. C'est nous qui avons ensuite dû faire la démarche d'appeler pour avoir confirmation (ce qu'ils ont par ailleurs fait sans prendre de pincettes...). Les explications étaient assez vaseuses, mais en gros, ils attendaient d'en savoir plus pour nous prévenir. Par contre, pour prévenir BFM afin qu'ils fassent une boucle là dessus et créent de faux espoirs en donnant des infos contradictoires, là... C'est quand on est "au centre" de l'actu qu'on se rend compte d'à quel point le traitement est morbide et indécent.

Pour le reste, c'est malheureusement une transposition des techniques de management "classiques"... sauf qu'en milieu militaire, et surtout isolé, ça pardonne difficilement...

LittleTony87 a écrit:
Oui : on l'a même carrément appris par les médias, en fait. C'est nous qui avons ensuite dû faire la démarche d'appeler pour avoir confirmation (ce qu'ils ont par ailleurs fait sans prendre de pincettes...). Les explications étaient assez vaseuses, mais en gros, ils attendaient d'en savoir plus pour nous prévenir. Par contre, pour prévenir BFM afin qu'ils fassent une boucle là dessus et créent de faux espoirs en donnant des infos contradictoires, là... C'est quand on est "au centre" de l'actu qu'on se rend compte d'à quel point le traitement est morbide et indécent.

Pour le reste, c'est malheureusement une transposition des techniques de management "classiques"... sauf qu'en milieu militaire, et surtout isolé, ça pardonne difficilement...

Quelle horreur, minable comme agissement. Qu'est ce que vous avez fait ? Tu as raison, ça me met mal à l'aise certaines infos traitées par les chaînes de télé. J'évite de plus en plus de l'utiliser pour m'informer. Et surtout dans ces cas là ne jamais lire les commentaires des internautes sous les articles de journaux.

LittleTony87 a écrit:Oui : on l'a même carrément appris par les médias, en fait. C'est nous qui avons ensuite dû faire la démarche d'appeler pour avoir confirmation (ce qu'ils ont par ailleurs fait sans prendre de pincettes...).

Je n'ose même pas imaginer le choc.

LittleTony87 a écrit:Les explications étaient assez vaseuses, mais en gros, ils attendaient d'en savoir plus pour nous prévenir. Par contre, pour prévenir BFM afin qu'ils fassent une boucle là dessus et créent de faux espoirs en donnant des infos contradictoires, là... C'est quand on est "au centre" de l'actu qu'on se rend compte d'à quel point le traitement est morbide et indécent.

Je ne trouve pas les mots pour décrire cette scandaleuse attitude.

Pour les disparus en mer, les médias ne retiennent que ce qui les intéresses et passent vite à autre chose. Si en plus ils sont guidés par les autorités (source proche de l'enquête)...

La disparition totale d'un être cher n'améliore pas le travail de deuil. Même parfois en voyant un corps sans vie n'aide pas à réaliser le départ de la personne. Alors si le corps est perdu en mer...