La White Star en Nouvelle-Zélande

Ah, la Nouvelle-Zélande ; ses décors splendides immortalisés par la trilogie des films du Seigneur des Anneaux ; son équipe de rugby et... ses moutons ! C'est surtout pour ces derniers que la White Star Line a ouvert cette ligne. Nous sommes en 1882, et une petite compagnie vient de se créer, la Shaw, Savill & Albion Line. Comme elle n'a pas beaucoup d'expérience, elle contacte la White Star : Ismay (père) est assez intéressé par l'idée de placer ses navires dans ce coin là du globe. Ils décident donc de la création d'un service conjoint : la White Star refile de beaux navires, des équipages, et la SSA gère le tout et apporte aussi quelques navires.

C'est ainsi qu'à partir de 1884, la White Star emmène ses navires en Nouvelle-Zélande, avec le Coptic, l'Ionic et le Doric. À l'aller, ils passent par l'Afrique du Sud ; au retour, par le Cap Horn. Autant vous dire que les voyages sont longs : un véritable tour du monde ! Ce sont des navires conçus pour transporter quelques passagers, et beaucoup de marchandises ; en particulier... du mouton, congelé et rangé dans les cales réfrigérées pendant l'escale à Wellington. Et le service connaît vite le succès.

En 1893, du coup, la White Star met en service le Gothic : lui aussi doit transporter avant tout des moutons (congelés), mais il peut aussi transporter des passagers (pas congelés) dans des installations très confortables. Si le nom du Gothic vous dit quelque chose, vous avez pu en entendre parler à propos de Charles Bartlett, le commandant du Britannic. Le Gothic avait été un de ses premiers commandements, et il avait dû lutter pendant pas mal de temps contre un gros incendie à son bord.

En 1897, un nouveau navire rejoint la bande : le Delphic. Lui est conçu pour transporter pas mal de migrants... et des moutons aussi. Mais la base de la flotte néozélandaise vieillit, vieillit.

C'est ainsi qu'en 1901, la White Star exécute un coup de maître avec de nouveaux navires qui sont les plus gros sur la ligne : l'Athenic, le Corinthic et l'Ionic (II), qui sont, en gros, des versions agrandies du Gothic et qui marcheront très bien pour la White Star, jusque dans les années 1930. L'Athenic, revendu après ça, servira une autre compagnie jusqu'en 1962 et sera donc le tout dernier White Star Liner bazardé, Nomadic excepté. Enfin, en 1911, une version agrandie du Delphic est mise en service, le Zealandic.


Le Zealandic, dernier navire construit pour la ligne de la Nouvelle-Zélande.

Cette ligne a bien fonctionné, toutes ses années, y compris pendant la guerre. En effet, il fallait bien manger, et les moutons de Nouvelle-Zélande permettaient d'approvisionner l'Angleterre. Le Delphic a malgré tout été coulé dans le conflit.

Au début des années 1930, comme la White Star Line faiblissait, le service néozélandais a été totalement transféré à la Shaw, Savill & Albion Line. Il a donc été assuré pendant près de 50 ans, ce qui n'est pas rien : avec au final 8 navires seulement, la White Star s'est imposée sur cette ligne durant la quasi totalité de son existence. Et ça, c'est pas rien. Accessoirement, la SSA a récupéré par la suite la nomenclature de la White Star et a continué à mettre en service des navires au nom en -ic, reprenant les noms déjà utilisés sur la ligne de la Nouvelle-Zélande. C'est comme ça que certains navires en -ic n'appartiennent pas pour autant à la White Star.

Bonjour,

Je ne savais absolument pas que la White Star Line avait existé en Nouvelle-Zélande. Je te remercie de nous avoir fait part de ce sujet concernant la compagnie maritime.
Je te remercie également pour toutes les informations que tu nous fournis !

Bonne journée.

J'en avais absolument pas connaissance également ! Incroyable on en apprend tous les jours !

Antoine signale l’affrètement du Doric en 1884 pour la Nouvelle-Zélande. Signalons ce qui était visiblement l'un des premiers voyages du navire sur cette route, lorsqu'il arrive à Auckland le 23 février 1885.

À bord se trouvait Bruce Ismay, en tant que représentant de la compagnie alors dirigée par son père. Quelques échelons plus bas, parmi les immigrants, il y avait également Frederick et Jane Lightoller. Le premier, père de notre futur officier, venait de quitter l'Angleterre pour fuir le scandale qu'avait provoqué la naissance d'une fille illégitime qu'il avait eu avec une servant. Quant à Jane, âgée de 20 ans, c'était la fille aînée de son premier mariage.

Les détails de cette traversée sont racontés ici : http://www.encyclopedia-titanica.org/bruce-ismay-arrives-in-new-zealand-1885-11330.html

À priori, ce n'est pas son premier voyage sur la ligne, puisque l'article indique "les officiers sont les mêmes que pour le précédent voyage". Il est intéressant de voir qu'Ismay faisait le voyage avec également Gustav Wolff et d'autres huiles, et qu'il s'agissait d'un tour du monde. Il s'agissait très probablement d'une mission de représentation à la gloire de la White Star. Il n'avait que 22 ans, ça devait être une de ses premières "grandes" missions pour la compagnie.

Intéressant aussi de voir qu'il y a eu une naissance durant la traversée, ainsi que la mort d'un bébé de trois mois et d'un adulte qui était visiblement déjà bien malade. Cela remet en perspective les conditions de traversée ! Merci pour cette trouvaille, Tiphaine !

Je me demande si Frances Wilson ne mentionne pas cette traversée dans sa biographie d'Ismay. Je vérifierais.

Concernant les deux morts, les conditions de vie à bord n'étaient pas forcément mauvaise, mais ce qui jouait en défaveur, c'était, comme tu le fais remarquer, la durée d'une telle traversée. Remarquons qu'il y a également eu une naissance...

Ce lien peut t’intéresser aussi, à moins que tu n'ai déjà été voir :
On retrouve facilement les arrivées et départs du Doric mentionnées dans les journaux : http://paperspast.natlib.govt.nz/cgi-bin/paperspast?a=q&hs=1&r=1&results=1&dafdq=&dafmq=&dafyq=&datdq=&datmq=&datyq=&pbq=&sf=&ssnip=&tyq=&t=0&txq=ss+doric&x=0&y=0&e=-------10--1----0--