[Nouvelle en TROIS parties] Réminiscence

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Message  Sonia Dim 20 Oct 2013 - 16:11

Ouahou, sacré récit Vincent, j'ai adoré, et regrette amèrement de ne pas en faire partie... Pourquoi j'habite pas près de vous tous!!!! Smile . Il me tarde la suite. Pauvre Emilie!

Canard Jaune a écrit:Sans rien dire, Denis, un air déterminé au visage, se dirigea vers la zone où opéraient les deux malfrats
Non mais Denis, il est trop sexy là dis-donc! ouah
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Message  Invité Dim 20 Oct 2013 - 18:12

Sonia a écrit:
Canard Jaune a écrit:Sans rien dire, Denis, un air déterminé au visage, se dirigea vers la zone où opéraient les deux malfrats
Non mais Denis, il est trop sexy là dis-donc! ouah
rire rire  Vincent aime à me comparer physiquement à Bruce Willis.
Le côté sexy par contre est nouveau. rire  Mais je le prend volontiers.

Dis Vincent, c'est pour quand la suite ?
Je veux savoir si je meurs à la fin dans les bras, d'Aurélie, d'Emilie, d'Elodie, bon allez je prends aussi les tiens, ceux d'Antoine, de Nico, et de Guillaume.
Ah la la vous finirez par m'achever vous tous.

Denis.

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Message  Sonia Dim 20 Oct 2013 - 18:16

Andrews_Thomas a écrit:
Je veux savoir si je meurs à la fin dans les bras, d'Aurélie, d'Emilie, d'Elodie, bon allez je prends aussi les tiens, ceux d'Antoine, de Nico, et de Guillaume.


Denis.
Vincent n'attend justement que ça: que son papa virtuel meure dans ses bras rire Mais d'ailleurs, tu as loupé un truc, Emilie, pour l'instant (à moins d'une jolie surprise), elle est dead, gone, COUIC cfgj 
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Message  Historiapassionata Dim 20 Oct 2013 - 18:55

Je crois que pour les bras dans lesquels tu voudrais mourir tu as ta préférence mdr rire 
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Message  Canard-jaune Mar 5 Nov 2013 - 2:18

Voici (enfin) la deuxième partie de cette nouvelle de genre action et dystopique où apparait la mystérieuse tendance fantastique/science-fiction dont j'avais parlé. Cette histoire, débutée lors d'un événement bien réel qui a eu lieu en compagnie de membres du forum, continue avec une poignée d'en eux. Mais de nouveaux personnages vont faire leur apparition... Et l'humour assez présent va se mêler à une tristesse assez noire, voire à une part de violence! J'espère que ce "mélange" des genres et des émotions vous plaira! Et vu que j'ai mis plus d'un mois (j'avais prévu une seule semaine à l'origine...) pour poster cette deuxième partie, j'ai décidé de vous régaler en triplant le nombre de lignes! En espérant que vous ne fassiez pas d'indigestion, bonne lecture à vous...

Deuxième et Dernière Partie.

Le mois de juillet évoquait pour beaucoup une période ensoleillée et chaleureuse, propice aux vacances et aux activités extérieures. C’était l’occasion pour beaucoup de profiter du bon temps en toute quiétude. Hélas, ce dix-septième jour du mois de juillet 2014 dérogeait à la règle. Il n’y avait plus de soleil, de chaleur, de vacances, ou de quiétude. Le blizzard soufflait, la neige tombait en abondance, et la température était glaciale. Il en était ainsi depuis ce funeste jour de juin 2013, un peu plus d’un an auparavant, où la civilisation moderne avait été pour ainsi dire balayée. L’Humanité, dans son immense majorité, avait été incapable de résister aux radiations et à l’hiver nucléaire qu’avait provoqué l’explosion de toutes les centrales nucléaires dans le monde. Ironie du sort, les rayons solaires, qui avaient provoqué cette apocalypse, ne parvenaient plus à atteindre le sol terrestre à cause de la couche de fines particules qui s’était répandue dans l’atmosphère après les explosions. Les plantes étaient alors presque toutes mortes, détruisant la chaîne alimentaire des herbivores puis des carnivores. Bien peu d’espèces avaient pu s’adapter…

Ce 17 juillet 2014, vers une heure du matin, dans une vaste forêt européenne, un homme emmitouflé dans un grand manteau marchait péniblement contre le vent, en portant un gros sac. Sa capuche dissimulait son visage. Il portait une hache, dont la lame était imprégnée d’un liquide rougeâtre qui gouttait légèrement sur la neige qu’il foulait. Il s’immobilisa soudain en apercevant plusieurs points lumineux dans la pénombre d’une clairière. En s’approchant un peu, il vit qu’il s’agissait des fenêtres éclairées d’une espèce de maison construite avec des rondins de bois avec une serre accolée. Un petit panneau en bois se trouvait devant, où l’on pouvait lire en lettres gravées « The Sundowner ».

[Nouvelle en TROIS parties] Réminiscence - Page 2 Refuge10

Dans une grande salle rectangulaire aux murs en rondins de bois, deux personnes étaient attablées devant une grande table de bois brut entourée de chaises dépareillées. Deux rideaux verts aux murs masquaient deux ouvertures respectivement vers une pièce remplie de cartons et un couloir. Dans un coin, un canapé et des petits fauteuils eux aussi dépareillés encadraient une bibliothèque débordant de livres. Une grande cheminée, à l’opposé de la bibliothèque, laissait brûler allégrement un feu chauffant confortablement la  pièce et produisant un crépitement agréable. Dans la cuisine, juste à côté, on entendait quelqu’un s’affairer avec un rouleau à pâtisserie tandis qu’une délicieuse odeur de pain chaud se répandait dans l’atmosphère. Quelque part derrière la cuisine, on entendait un bruit semblable à celui que produisent les roues d’un vélo sur lequel on pédale à toute vitesse.

Nicolas posa sur la table son pinceau dont la pointe était enduite d’une peinture rouge. Il venait de terminer de recolorer l’une des assiettes de Première Classe qu’ils avaient réussi à sauver à l’exposition Titanic de Paris, plus d’un an auparavant : une assiette qui avait été totalement délavée par l’eau de mer, avant que Nicolas ne procède à un travail d’orfèvre pour lui rendre sa splendeur passée. À présent, le motif Wisteria, qui représentait un liseré turquoise rehaussé d’arches gothiques dorées, sans oublier le petit drapeau de la White Star Line au milieu, brillait de mille feux.
- Je crois que j’ai terminé… Qu’en penses-tu, Tiphaine ?
Tiphaine, située en face de lui, leva les yeux de son livre, un regard courroucé au visage, et daigna lui donner une réponse sibylline avant de se pelotonner de nouveau dans son plaid écossais et de reprendre sa lecture.
- Oui… bon travail, Nicolas.

Tiphaine avait toutes les raisons d’être de mauvaise humeur. La principale étant que cela faisait aujourd’hui six mois qu’elle était en fauteuil roulant : pas un fauteuil ordinaire, bien sûr, on n’en trouvait plus. Il s’agissait de la reproduction d’un fauteuil du Café Parisien, qu’ils avaient ramené de l’exposition en même temps que les vestiges, auquel Denis et Guillaume avaient ajouté des roulettes pour que Tiphaine puisse se déplacer dans la maison. Tiphaine devait cette situation à un « accident de voisinage » dans les bois avec un sanglier, qui lui avait cassé le fémur. Fort heureusement, Denis avait réussi à la rafistoler, mais elle devait rester dans ce fauteuil pendant un long moment pour qu’elle s’en remette et pour être certaine que l’os ne recasse pas.

Mais outre cette triste date anniversaire du jour où elle regrettait nettement d’avoir observé ce sanglier plutôt que de l’abattre pour en faire un bon repas, aujourd’hui avait été le jour où avait éclaté la seconde plus grosse dispute connue dans la maison. Il arrivait parfois qu’une dispute éclate, certes ; mais jamais avec une telle intensité. Et comme à chaque fois que cela arrivait, Vincent avait une part de responsabilité. Vincent. D’eux sept, il était celui qui avait le plus de mal à s’adapter à leur nouvelle vie. Il était grognon, capricieux, et entêté : il ne se rendait pas compte de la chance qu’ils avaient eu (sauf Émilie, paix à son âme) de tous se sortir vivants de la catastrophe du 4 juin, et de pouvoir former une communauté de survie soudée et quasi-familiale. Il était vrai que désormais, ils ne formaient plus qu’une seule famille, étant donné qu’ils n’avaient aucun moyen de savoir ce qu’étaient devenus leurs proches, ni le groupe qu’avait emmené Gérard à l’hôpital : quand ils y avaient arrêté la camionnette, il était en flammes (l’hôpital, pas Gérard ; du moins ils l’espéraient), et un groupe armé avait tenté de les tuer pour leur voler la camionnette ; mais Denis leur avait (encore) sauvé la vie. Bref, Vincent n’arrivait pas (ou ne voulait pas) s’adapter. Lui qui pouvait passer dix heures dans une journée devant l’ordinateur et qui ne mangeait que des nuggets et des saucisses industrielles avait très mal vécu la disparition des télécommunications et des appareils électriques et électroniques, sans parler de son nouveau régime alimentaire forcé majoritairement à base de légumes. Même Antoine n’avait pas fait autant d’histoires…

Le summum, alias la plus grosse dispute, avait été atteint le jour où Guillaume avait été contraint de démonter le téléphone de Vincent (qui l’utilisait encore pour écouter de la musique même si il n’y avait plus de réseau : il n’avait pas grillé le jour de l’éruption solaire car il s’était éteint peu avant par manque de batterie, et Vincent avait gardé son chargeur sur lui) sans l’en avertir pour y récupérer des pièces permettant de réparer en urgence leur vélo électrique (il l’avait bricolé pour qu’il puisse produire de l’électricité, ce qui permettait tout juste de chauffer assez leur serre, faire fonctionner quelques ampoules, et recharger ou faire fonctionner un appareil électrique) le jour où celui-ci s’était cassé, menaçant les fragiles légumes et épis de blé cultivés dans la serre qui ne recevaient plus leur dose de lumière et de chaleur. Vincent était entré dans une colère noire quand il l’avait découvert : il avait alors copieusement insulté Guillaume, poussé Antoine dans les cartons de vestiges (l’un d’eux était tombé et son contenu, à savoir des bouteilles en verre intactes, s’était retrouvé en mille morceaux : Nicolas mettrait trois semaines entières à recoller tous les morceaux), jeté leur repas du jour sur Tiphaine, puis tenté de fuguer. Il avait fallu que Denis le poursuive dehors et le ramène manu-militari dans leur refuge puis qu’il lui administre une gifle phénoménale pour que Vincent se calme enfin. Vincent s’était depuis assagi et ne se plaignait plus (un exploit que personne n’aurait cru possible), mais une nouvelle dispute avait éclaté aujourd’hui. En effet, Vincent, qui allait désormais souvent s’isoler dans une des deux chambres inutilisées pour, disait-il, méditer, avait en fait été surpris par Aurélie à regarder son deuxième film préféré, Anastasia (comble de l’ironie, ils n’avaient jamais réussi à remettre la main sur un DVD Titanic), sur le vieil ordinateur portable qu’ils avaient récupéré dans une carcasse d’avion pas très loin d’ici : ordinateur évidemment branché sur le courant délivré par le vélo électrique, ce qui empêchait donc la serre de fonctionner à plein régime. Aurélie était celle qui était la plus maternelle avec lui (ainsi que Denis évidemment, qui d’ailleurs s’en voulait encore pour la gifle) vu qu’il était le plus jeune : elle avait donc décidé de faire comme si elle n’avait rien vu, mais Antoine était passé au même moment et n’avait pas laissé passer cette situation. Après divers noms d’oiseaux et des répliques cinglantes qui avaient fait trembler les vitres de la maison, Vincent était allé s’enfermer dans sa chambre après avoir claqué la porte sur Antoine, qui l’avait reçue en plein visage (il s’en fallut de peu pour que son nez ne soit cassé). Bref, le moins que l’on puisse dire était que Vincent n’était pas un colocataire très agréable à vivre et que la vie n’était pas toujours rose au Sundowner.

Dehors, l’homme au gros sac qui portait une hache couverte d’un liquide rouge poisseux s’approchait lentement de la porte de la maison…

Le bruit de vélo s’interrompit soudain, et peu après, Antoine entra dans le séjour.
- Je crois que c’est bon, Denis, je pense avoir assez pédalé pour que les batteries tiennent jusqu’à demain. C’est vraiment génial que Guillaume ait trouvé cette vieille batterie de voiture pour qu’elle serve de… pile rechargeable.
- Parfait !
Antoine se laissa ensuite tomber sur la chaise à côté de Nicolas, et regarda l’assiette.
- Wowh ! Joli travail, Nicolas !
- Merci ! Je me demande si je ne vais pas essayer d’arranger le plateau de cuivre plaqué argent… Vincent doit bien avoir un truc en argent dans son bric-à-brac…
- Tu plaisantes ? Essaye de lui piquer un seul de ses machins et il t’arrachera un bras… Même si c’est toi !
Tiphaine poussa un léger grognement, alors que Nicolas se levait pour aller ranger l’assiette dans un joli petit vaisselier vitré qu’une vieille mamie russe habitant dans un igloo pas très loin leur avait donné en échange d’une marmite de soupe préparée par Denis. Elle venait parfois leur rendre visite depuis. Personne ne savait comment elle vivait seule dans des conditions si extrêmes à un âge aussi avancé, mais en tout cas, elle y arrivait.
- Tu sais, Tiphaine, je ne comprends pas pourquoi tu es fâchée. Ce n’est pas toi ou l’assiette de Nicolas qu’il a tenté d’éborgner avec une por… où vas-tu, Denis ?
Denis venait de sortir de la cuisine. Il portait une toque russe donnée par la mamie leur ayant offert le vaisselier, que Vincent avait absolument tenu à ce qu’il porte pour que Denis « n’attrape pas froid à la tête car il n’avait pas beaucoup de cheveux», bien que la maison soit décemment chauffée : le bois de chauffage ne manquait pas, dans leur coin.
- Essayer de faire sortir Vincent de son nid…
Il portait une assiette de bretzels.
- Quoi ?! C’est lui qui tente de nous défigurer, et il a droit à…
- Je vous ai aussi fait des chips.
- Ah. J’ai rien dit.
Il était très rare que Denis fasse des fantaisies culinaires, vu leurs maigres réserves. Mais aujourd’hui, il l’avait fait.

Le chef de la famille passa le rideau vert de droite, s’engagea dans le petit couloir, et tourna à gauche, où il frappa à l’avant-dernière porte au fond du couloir. Une sorte de grognement d’ours lui répondit. Denis se demanda dans son for intérieur comment Vincent, si maigrichon, pouvait émettre des sons pareils, mais il jugea opportun de poser la question une autre fois.
- C’est moi, Vincent. Arrête de grogner et ouvre... J’ai fait des bretzels.
Il y eut quelques secondes de silence, puis la porte s’ouvrit. Denis entra alors, et referma derrière lui, avant de s’asseoir sur le matelas posé par terre et le tas de couvertures le recouvrant. Comme à chaque fois qu’il venait dans cette pièce, Denis ne put s’empêcher de penser que Vincent tenait plus de la pie que du canard… Dans un coin, un impressionnant amoncellement d’objets brillants étaient empilés : bougeoirs dorés, couverts en argent, vieilles horloges, vases nacrés, assiettes de porcelaine, lingots et pièces diverses, enveloppes remplies de billets, coffrets remplis de bijoux, cloches et figurines en bronze, casseroles en cuivre, etc. Il y avait même deux épées brillantes. Dans un autre coin, une caisse en bois débordait de téléphones portables, de tablettes tactiles, d’ordinateurs portables, de consoles de jeux, de télécommandes, de lecteurs divers et d’appareil-photos numériques qui ne fonctionnaient plus. Dans un autre coin encore, il y avait un siège d’avion entouré de livres. Dans le coin restant, il n’y avait qu’un simple panier pour chien avec deux gamelles et un petit bac vide : c’était là qu’avait vécu un petit chaton qu’Aurélie avait trouvé dans les bois et qu’elle avait offert à Vincent pour essayer de le rendre un peu plus joyeux. Hélas, quelques mois plus tard, le chaton avait été attaqué par un renard et il avait été tué. Vincent était resté inconsolable et avait refusé d’enlever de sa chambre les affaires du félin.
- Antoine n’a rien. Juste un petit bleu.
Vincent ne répondit pas : il regardait fixement un poster au mur représentant les monuments londoniens.
- Vincent…
- Je ne voulais pas faire ça, Papa !
Denis ne put s’empêcher de sourire, comme à chaque fois que Vincent l’appelait ainsi. Il ne l’avait plus jamais appelé Denis depuis le jour de la catastrophe.
- Mais ?
Vincent grignota un bretzel en disant merci avant de poursuivre.
- Mais… C’est tellement… long… Je m’ennuyais… Et puis j’avais vérifié la batterie, il y avait assez de courant… Avant j’écoutais ma musique quand je m’ennuyais, mais depuis que Guillaume…
Denis perdit son sourire : malgré tous leurs efforts, Vincent n’avait jamais pardonné à Guillaume et ne lui avait plus adressé la parole depuis qu’il avait démonté son téléphone.
- Allez, viens manger. J’ai fait une pizza avec le concentré de tomate en conserve que tu as trouvé dans un supermarché en ruines l’autre fois.
- Hmphh, d’accord…
Tous deux se levèrent, et Vincent rejoignit Denis dans le séjour avec l’assiette de bretzels déjà à moitié vidée, qu’il posa face à lui sur la table.

Nicolas avait sorti de la vaisselle dépareillée d’un placard de la cuisine et mis la table. Quand Vincent s’assit à côté de la place vide de Denis, qui était retourné à la cuisine, Nicolas s’approcha de lui, apparemment inquiet.
- Alors… ça va mieux ?
Au même instant, Aurélie passa les rideaux verts, dispensant Vincent de répondre. Antoine l’accueillit et la fit asseoir.
- Alors, comment va mini-Ismay ?
Aurélie prit un air mi-sérieux, mi-amusé.
- Arrête d’appeler ton fils comme ça ! Il dort, ça va…
En effet, Aurélie et Antoine étaient devenus parents… dans l’étonnement le plus complet. C’était lors de leur soirée du 102ème anniversaire du naufrage du Titanic, alors qu’ils étaient tous réunis autour de la table. Ce soir-là, Aurélie leur apportait un gâteau-sec qu’elle avait fait avec Denis quand elle avait chuté, envoyé le gâteau sur la tête de Tiphaine (qui commençait à en avoir marre de toujours être la cible d’animaux en charge ou d’objets jetés), et inondé le plancher. Le déni de grossesse avait surpris tout le monde, mais fort heureusement, aucune complication et aucun drame n’avait conclu la soirée d’anniversaire qui s’était achevée dans la folie la plus complète. Mieux encore, Denis avait réussi à s’accommoder de la présence du nourrisson.

Dehors, l’homme à la hache rougie posa la main sur la poignée de porte quand un hululement le fit sursauter.

Dans le séjour, Tiphaine tourna la tête vers les fenêtres.
- Qu’est-ce qu’il a encore, Hermès ?
Hermès était un hibou. Plus précisément un hibou que Sonia leur avait envoyé pour leur dire qu’elle allait bien et qu’elle avait retrouvé Nadine. Personne n’avait compris comment Sonia avait dressé un hibou, ni comment le hibou avait trouvé où ils habitaient. En tout cas, le hibou n’avait jamais voulu repartir, et restait donc constamment sur le toit.

Au même instant, la porte s’ouvrit en grand, laissant entrer ce qui ressemblait à un ours portant un sac et une hache ensanglantée. Tout le monde sursauta, Vincent poussa un cri et tomba de sa chaise, et Denis sortit en trombe de la cuisine et heurta une étagère. Pablo, le cocker, qui dormait dans un panier près de la cheminée, émergea de son sommeil léthargique, aboya, puis se rendormit presque aussitôt.

Guillaume retira son énorme manteau de fausse-fourrure isotherme, posa son sac sur la table et la hache dans un coin. Tout le monde l’observa, médusé.
- Désolé, je rentre en avance…
Aurélie balbutia.
- Mais… ta hache… qu’est-ce que…
- Un tigre blanc. J’ai failli y rester, mais par chance, je n’ai rien.
- Un tigre blanc ?...
- Il a dû s’échapper d’un zoo, je ne sais pas… C’est curieux, il ne devrait plus y avoir d’animaux, alors qu’en fait on en voit plein… comme ce hibou, ou le renard…
- Ne parle pas de renard !
Vincent venait de gronder, et tout le monde préféra changer de sujet histoire que Vincent n’ait pas l’idée de renverser la table. Denis, qui était allé chercher une stalactite dehors pour la maintenir sur son front où une bosse était apparue, regarda le sac.
- Tu as eu quelque chose, à Paris ?
Guillaume s’assit, apparemment exténué, pendant qu’Antoine emportait la hache dans la cuisine pour la nettoyer : ils avaient bâti la maison autour d’une source d’eau miraculeusement restée potable sortant d’un petit rocher. Sans elle, ils n’auraient jamais survécu.
- Oui. Toujours aucune nouvelle de Gérard et des autres, par contre. Les Parisiens sont devenus dingues, il y a des milices qui ont pris le contrôle des arrondissements et qui ont installé des grilles avec barbelés et des tours de garde… Je n’ai réussi à atteindre que le Centre National de la Recherche Scientifique…
Une fois par mois, l’un d’entre eux partait en traineau pour une moyenne ou grande ville pour essayer de récupérer des aliments, médicaments, et produits de première nécessité. C’était la première fois que ce qu’ils appelaient le « récolteur » retournait à Paris. Ce qu’ils faisaient s’apparentait à du vol, puisqu’ils vidaient toute habitation, tout véhicule, et tous les magasins et grandes surfaces qu’ils croisaient… mais pouvait-on considérer que le droit de propriété existait encore à l’heure actuelle ?
- Pour y aller, j’ai dû passer par le Bois de Boulogne… si vous saviez ce qui m’est…
Il s’interrompit. Il jugeait préférable, en fait, de cacher ce qui s’était passé dans le Bois de Boulogne.
- Mais j’y ai trouvé des médicaments !
Il secoua son sac, où on entendit le son d’un bazar retourné.
- Et j’ai aussi ceci, pour… euh… Tiens, Tiphaine.
Guillaume sortit de son sac un bouquet de minuscules roses d’une étrange couleur bleu-gris, que Tiphaine prit en perdant son air renfrogné. Tout le monde dirigea son regard, un rien gêné, vers une aquarelle représentant Thomas Andrews accrochée près de l’entrée tandis que Tiphaine et Guillaume se regardaient dans le blanc des yeux d’un air insondable. Antoine, qui venait de revenir après avoir nettoyé la hache, leur accorda trente secondes de regards mystérieux avant de s’éclaircir la voix. Guillaume sursauta, les joues légèrement rouges, et reprit le fil de ses paroles d’une voix un peu précipitée.
- J’ai aussi ramené quelques bûches que j’ai découpées sur un arbre, mais à cause du tigre, je n’en ai pas beaucoup… Ah, oui, j’ai ça aussi !
Guillaume posa sur la table un curieux objet. Il s’agissait d’une grosse montre à gousset dorée, bardée de différents boutons et de plusieurs cadrans.
- Je me suis fait à moitié agresser par un cinglé en blouse blanche, dans le centre. Il m’a donné ça, m’a demandé de l’emporter en lieu sûr… et ensuite il s’est jeté par une fenêtre…

Vincent lorgna sur la montre que Guillaume venait de poser sur la table. Il était partagé entre son instinct de curiosité et de « récupération à la pie » et son désir de faire comme si Guillaume n’existait pas. Aurélie tourna la tête vers lui, et devinant son combat intérieur, se mordit la lèvre pour ne pas rire. Finalement, il opta pour un compromis et prit la montre en n’accordant pas plus d’attention à Guillaume que s’il avait été un porte-manteau. C’était une montre étrange. Un cadran central circulaire à aiguilles indiquait l’heure, qui pouvait être réglée avec un bouton bleu. Autour, un cadran à numéros, cette-fois-ci rectangulaire, semblait indiquer la date, au format jour-mois-année : il y avait d’ailleurs plusieurs boutons rouges pour la changer. Un dernier cadran, carré celui-là, ne comportait pas d’aiguilles ou de numéros, mais simplement une empreinte de ce qui ressemblait à un pouce. Un dernier bouton, plus gros que les autres, était de couleur verte, et se trouvait au-dessus de l’empreinte de pouce.
- En tout cas, je ne vois pas trop à quoi ça sert.
Sur cette conclusion, Guillaume s’assit d’un air exténué, tandis que Denis apportait une pizza fumante qui venait tout juste de quitter l’âtre de la cheminée. Vincent s’était esquivé quelques secondes dans sa chambre pour en revenir avec un petit vase en bronze qu’il donna à Tiphaine, en gage de paix, pour qu’elle y glisse son petit bouquet de fleurs. Elle lui sourit en retour.
- Au fait Antoine… désolé pour tout à l’heure…
- T’inquiètes, c’est pas grave. On t’aime comme ça !
Denis paraissait particulièrement réjoui de voir enfin la situation se détendre un peu, tandis que tout le monde se mettait à manger en le couvrant de compliments. Bien évidemment, ce moment de calme, de paix, et de tranquillité ne dura que trois minutes, jusqu’à ce qu’une question fâcheuse soit posée par Nicolas.
- Au fait Vincent… Je peux savoir ce que tu es venu foutre dans ma chambre cette nuit ?
Vincent, qui avait à peine touché à sa pizza car il la trouvait trop chaude, préférant trifouiller les boutons de l’étrange montre tout en repensant au film Anastasia dont il n’avait pas pu voir la fin à cause d’Antoine, faillit s’étrangler avec le dernier bretzel qui restait dans l’assiette que Denis lui avait apportée. D’un même mouvement, Aurélie et Tiphaine poussèrent un soupir exaspéré en posant leur paume sur le haut de leur visage : c’était reparti pour un tour…
- En fait, je… j’ai fait un cauchemar et je… euh… me suis trompé de porte…
Cette excuse bancale était parfaitement vraie, mais il n’osait pas expliquer le fait qui pouvait la rendre crédible : il faisait énormément de cauchemars depuis le jour de la catastrophe, et quand ça lui arrivait, il allait dans la chambre de Denis qui était le seul à réussir à le calmer et à le faire rendormir. Il s’était donc vraiment trompé de porte cette nuit, et vu l’absence totale de lumière, il n’avait pas vu voir qu’il se trouvait dans la chambre de Nicolas et non pas celle de Denis, d’autant qu’il n’avait pas osé le réveiller, se contentant de dormir sur un coin de matelas : il n’avait pas réussi à fermer l’œil jusqu’à ce que Nicolas se réveille et découvre son invité surprise. On aurait vraiment dit qu’il faisait exprès de donner le bâton pour se faire battre... Nicolas ricana.
- Ah bon ? Tu t’es encore trompé de porte ?
Vincent lui lança un regard noir : le « encore » faisait référence à la fois où il était entré dans la salle de bain (où ils prenaient tous leur bain dans un baquet d’eau chaude, comme dans la petite maison dans la prairie) alors que Nicolas s’y lavait : il s’était alors débrouillé pour casser le verrou, s’enfermant donc sans le vouloir dans la pièce où se trouvait un Nicolas sans vêtements, puis il avait réussi à trébucher et à tomber dans le baquet où se trouvait Nicolas… Tout le monde éclata de rire à l’évocation de ce souvenir, à l’exception, évidemment, de Vincent, qui tapa du poing sur la table alors qu’il tenait toujours la montre. Il leur fallut un petit moment pour retrouver leur sérieux. Et là…
- Oh, non, c’est pas vrai, où est-ce qu’il est passé…
Vincent avait déserté la table, laissant sa pizza qui commençait à devenir froide. Denis, peiné, se leva, et alla chercher son fils dans sa chambre… mais revint bredouille. Tiphaine fronça les sourcils.
- Il n’est pas dans sa chambre ?
- Non… où est-ce qu’il est passé ?!
- Il n’a pas pu sortir dehors, on s’en serait aperçus…
Nicolas, pensif, haussa la voix.
- C’est bon Vincent, je plaisantais ! Reviens !
Mais Vincent ne répondit pas. Denis se mit alors à fouiller toutes les pièces de la maison, mais il dut se rendre à l’évidence. Vincent n’était plus là.

Quelque part, loin, très loin, Vincent ouvrit les yeux, et fut passablement interloqué. Il était debout, dans ce qui ressemblait à un placard exigu à l’odeur douteuse, dont la porte faiblement entrebâillée donnait sur un couloir peu éclairé aux murs en lambris de bois et au sol couvert d’un tapis poussiéreux, où se devinait dans un coin un vieil escalier. Il tenait toujours la montre bizarroïde dans sa main. Il eut à peine le temps de se demander où il était qu’il entendit retentir une voix d’homme, assez sèche, presque juste à côté de lui, dans le couloir.
- La légion tchécoslovaque approche beaucoup trop rapidement de ce lieu et le Soviet Suprême a décidé de vous faire évacuer immédiatement par camion pour votre propre sécurité. Nous avons fait descendre vos serviteurs, et vous les rejoignez présentement : le camion sera là d’une minute à l’autre.
Vincent vit alors par l’entrebâillement de la porte un grand homme brun et barbu armé d’un fusil à baïonnette passer devant lui. Il était suivi d’un homme aux cheveux châtains assez grisonnants et au visage marqué, comme si  il avait connu de grands malheurs lui ayant faire perdre rapidement beaucoup de poids. Il portait dans ses bras  un garçon chétif d’à peu près seize ans qui portait une attelle rustique à la jambe. Une femme aux cheveux châtains avançait silencieusement derrière eux, le tenant par la main. La procession continuait avec quatre filles d’à peu près vingt ans : la première, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, qui semblait la plus âgée, marchait dignement derrière le couple, un air sombre au visage, comme si elle avait un mauvais pressentiment. Derrière elle suivait une fille grande et mince un peu plus jeune, aux splendides cheveux auburn et aux yeux bleu-gris : elle avait les yeux mi-clos et semblait chuchoter une prière. Il y avait encore une fille moins jeune derrière elle, particulièrement magnifique avec ses cheveux bruns et ses grands yeux bleus, qui semblait être la seule à avoir un air pas trop dépressif. Mais Vincent, qui venait de comprendre ce qui était en train de se passer, n’avait plus d’yeux que pour la benjamine des quatre filles : les cheveux oscillant entre le brun et le roux, les yeux d’un bleu foncé fascinant, la dernière fille de la procession était la plus belle. C’était Anastasia. La Grande-Duchesse de Russie Anastasia. Un autre garde armé d’un fusil la suivait, et il la poussa pour la faire avancer plus vite. Vexée, elle dépassa ses sœurs et rejoignit son père qui allait descendre l’escalier. Vincent savait comment il s’était retrouvé dans la Villa Ipatiev, à Ekaterinbourg en Russie, dans cette nuit du 17 juillet 1918. C’était grâce à la montre, qu’il soupçonnait de permettre de voyager dans le temps. Et un problème de taille se posait : c’était cette nuit-là que les révolutionnaires bolcheviques allaient fusiller la famille impériale russe. C’est-à-dire la famille qui venait de passer devant lui, dont faisait partie la célèbre Anastasia dont l’histoire le passionnait tant. Vincent fit alors quelque chose de très courageux et de très bête à la fois. Il hurla et donna un coup de pied dans la porte, heurtant de plein fouet et assommant net le garde qui avait houspillé Anastasia. La famille se retourna, étouffant des exclamations. Le garde restant, près de l’escalier, avait déjà dégainé son fusil et visé quand il tira.

The Sundowner, 2014. L’ambiance était morne et la soirée était irrémédiablement gâchée. Personne n’avait compris comment Vincent avait pu ainsi s’envoler, mais il leur semblait exclu qu’il s’agisse d’une fugue ou d’une mauvaise blague. On entendit soudain un bruit de verre brisé, et tout le monde se retourna vers un vieux miroir aux dorures ternies qui était accroché à côté du vaisselier. Le verre avait été étoilé et plusieurs morceaux étaient tombés à terre, comme si on avait tiré dessus. Antoine était médusé.
- Euh… on l’a eu où ce miroir ?
- La mamie russe nous l’a donné avec le vaisselier… je ne sais pas comment elle fait tenir autant de trucs dans son igloo, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il était intact quand elle nous l’a donné !

Villa Ipatiev, 1918. Vincent releva la tête : il s’était baissé juste à temps et la balle avait atteint un miroir doré accroché au mur derrière lui. Anastasia se retourna alors vers le garde et lui décocha un puissant coup de pied qui le fit tomber dans les escaliers, qu’il dégringola dans une suite de craquements sinistres. Vincent essayait de réfléchir : il venait de chambouler totalement un événement historique particulièrement important, et il se trouvait dans une maison remplie de gardes armés jusqu’aux dents qui n’allaient pas tarder à venir en finir avec eux. Et il était hors de question qu’il laisse se perpétrer un tel massacre.
- Revenez dans votre chambre ! Dépêchez-vous, vite !
La famille ne fit pas d’objections et revint sur ses pas en quatrième vitesse. On entendait déjà des gardes monter les escaliers quatre à quatre, ainsi que des coups de fusil : les domestiques venaient probablement d’être fusillés de manière préventive… Une fois dans la chambre, Vincent ferma vite la porte et tenta de mettre le verrou… qui lui resta dans la main avant qu’il ne puisse verrouiller la porte. Lui et sa fichue manie de casser les verrous ! Il se retourna, passablement affolé, vers la famille impériale qui ne semblait rien comprendre à ce qui se passait. Il tenta de leur expliquer très rapidement la situation pendant qu’il tentait de refaire fonctionner la montre.
- Très joli coup de pied, Anastasia, je ne pense pas qu’Iourovski s’en remettra ! De toute façon il n’y avait pas de camion pour vous évacuer, lui et ses copains voulaient juste vous exécuter au fusil, et ensuite ils vous auraient achevés à la baïonnette avant de vous défigurer à l’acide sulfurique et de balancer vos corps dans une fosse commune en pleine forêt. Charmant programme, je sais. C’est très dur à croire, mais je suis un… euh… voyageur spatio-temporel du XXIème siècle et je viens involontairement tous vous sauver avec cette montre qui voyage dans le temps! Je n’ai pas le temps de vous donner plus d’explications, désolé ! Tout le monde est bien là ? Le Grand Nicolas… enfin, euh, Monsieur Nicolas… Enfin, le Tsar… Bref vous êtes bien là… votre épouse Alexandra et votre fils Alexis aussi… Olga, Tatiana, Maria, et Anastasia aussi ? Parfait ! Tenez-vous bien par la main pendant que je règle ce bidule…
La famille impériale semblait encore plus inquiète qu’auparavant et Vincent avait presque l’impression qu’ils allaient repartir dans le couloir pour se réfugier auprès des gardes-assassins. Il bloqua donc la porte de tout son poids pile au moment où les gardes, agglutinés devant, tentaient de la défoncer. Elle ne tiendrait pas longtemps, et il ne put s’empêcher de penser à ce qu’avait ressenti Émilie, un an auparavant quand elle les avait tous sauvés à l’exposition. Il réussit à régler l’année du cadran rectangulaire sur 2014 : quand il avait tapé du poing sur la table, il avait appuyé sur l’un des boutons sans le vouloir, ce qui avait remplacé l’année actuelle par 1918. Les autres chiffres de date et heure correspondaient, et il plaça alors son pouce dans l’empreinte de pouce du cadran carré en pensant très fort au Sundowner et à sa famille de substitution. Il avait fait le même geste au Sundowner en pensant sans y faire attention au film dont il n’avait pas pu voir la fin à cause d’Antoine. Ayant du mal à tenir debout à cause des gardes qui enfonçaient la porte, il lança la montre à Anastasia, l’agrippant par le bras.
- On va aller chez des amis qui vont vous accueillir ! Quand je te dis go, tu appuies sur le gros bouton vert, d’aaAAAAH !
La porte venait de voler en éclats, faisant faire un vol plané à Vincent qui lâcha Anastasia. Les gardes envahirent la petite chambre en se précipitant vers la famille, tandis qu’Anastasia essayait de rattraper Vincent sans lâcher sa famille.
- LAISSE-MOI ET APPUIE SUR LE BOUTON MAINTENANT !
Et subitement, la famille disparut avant que les gardes ne puissent les toucher. Ceux-ci, perplexes, puis furieux, se tournèrent alors avec un air carnassier au visage vers Vincent, adossé contre le mur. Il n’avait plus rien d’autre en tête que les yeux d’Anastasia l’ayant regardé d’un air épouvanté quand il s’était sacrifié. Yakov Iourovski passa alors la porte, saignant du nez et boitant, et se plaça devant Vincent, qui, tout en pensant à sa famille de substitution (et surtout à Denis) qu’il ne reverrait plus, s’efforça de ne pas trembler lorsqu’il s’offrit le luxe de se payer la tête des hommes assemblés devant lui.
- Avant que je n’oublie, je tiens à vous dire que votre petite révolution n’aura servi à rien car un despote sanguinaire et bureaucratique succédera à Lénine après avoir zigouillé Trotsky, puis il va tous vous entuber et vous envoyer dans des camps de travaux forcés. Enfin, après quelques guerres, votre pays s’effondrera totalement face aux États-Unis et tout le monde vous prendra pour des cinglés. Désolé ! Ah, au fait, les Romanov sont en sécurité et je n’ai aucun moyen de les faire revenir ou de vous amener à eux. Votre patron ne va pas être content, croyez bien que j’en suis navré ! Avant que vous n’en finissiez avec moi, permettez-moi de vous offrir ce petit cadeau cher à nos démocraties libérales et capitalistes, où la liberté d’expression est garantie.
Et d’un geste fort peu élégant, Vincent fit un bras d’honneur aux gardes qui avaient sorti leurs fusils durant son petit discours. Il y eut un moment de silence, puis Iourovski lui décocha un violent coup de poing. Alors, dans la pénombre de la ville plongée dans le noir, on entendit provenir de la villa Ipatiev de nombreux coup de fusils, puis le bruit caractéristique d’un corps qui s’effondre par terre.

The Sundowner, 2014. Les braises rougeoyaient dans la cheminée. Antoine avait décroché le miroir brisé du mur et l’avait posé sur la table. Tous regardaient ce miroir sans rien comprendre à ce qui se passait. Il  y eut alors un coup violent sur le toit, puis un bruit de glissade, comme si quelqu’un se servait du toit comme toboggan. On vit passer des ombres très rapidement du ciel vers le sol par les fenêtres. Guillaume se leva et attrapa un fusil posé sur la cheminée, tout en sachant pertinemment que cela ne servirait à rien car il n’était pas chargé : Vincent gérait leur budget et avait catégoriquement refusé d’acheter des munitions au comptoir commercial à quelques kilomètres de là car « il n’était pas question de se servir du fusil vu le prix que coûtaient les balles ». Les ombres réapparurent devant les fenêtres, comme si elles s’étaient relevées après une chute. Peu après, la porte s’ouvrit, et une fille d’une vingtaine d’année aux cheveux brun-roux et aux yeux bleus foncés constellés de larme entra très lentement, accompagnée par un homme portant un garçon, lui-même suivi par une femme et trois adolescentes.
- Bonsoir… Je… Je suis… Anastasia et… votre ami… est venu nous sauver d’une exécution avec une montre qui… voyage à travers les époques…
Denis se leva brutalement, faisant reculer Anastasia de quelques pas. Elle tenait toujours la montre, qui s’était brisée lorsqu’ils étaient tous tombés du toit sur lequel ils avaient atterri.
- Où est Vincent ?
- Il… Il n’a pas pu revenir, et il y avait des gardes armés…
Denis, pour la première fois depuis le jour de la catastrophe, tel un boxeur mis KO, parut sonné, perdant cet air déterminé et énergique qu’il avait toujours arboré dans les pires circonstances qu’ils aient connu. Il se laissa lentement tomber sur sa chaise, le regard fixe, les membres figés. En cet instant, il n’était plus leur leader. Ce n’était plus qu’un père en deuil… Tiphaine prit la suite des opérations : se déplaçant à l’aide de son fauteuil roulant artisanal, elle fit avancer avec douceur la famille impériale vers la table, puis ferma la porte d’entrée, avant de chuchoter pour elle-même.
- Tu disparais sans même nous dire au revoir et tu nous laisses comme héritage sept personnes qu’on ne connait pas à loger et à nourrir. Sacré canard, tu nous auras embêtés jusqu’au bout, mais tu nous manqueras…


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Message  Tiphaine Mar 5 Nov 2013 - 15:10

Wouaaah ! J'ai rigolé presque du début à la fin. C'est exprès que tu as choisis le sanglier (animal celte sacré par excellence) ? rire  On ne m'y reprendras plus, la prochaine fois j'en ferais du jambon.

En parlant de nourriture, si Denis est aux fourneaux c'est le grand luxe comme fin du monde, sans compter que nous avons des hommes débrouillards au Sundowner visiblement. Bon, je passerais sur quelques incohérences, comme Antoine qui fait du vélo (à moins qu'être père ça vous change un homme), ainsi que le fait que Guillaume m'offre des fleurs puisqu'il va de soit que j'aurais préféré la peau du tigre blanc pour m'en faire un manteau.

Bon, maintenant j'exige la suite, et il n'y a pas de "dernière partie" qui tienne ! Pour savoir ce qui est arrivé au groupe qui a emmené Gérard à l'hôpital, pour apprendre comment Sonia a fait pour apprivoiser un hibou, découvrir ce qui s'est passé au bois de Boulogne avec Guillaume, connaître le vrai prénom de "mini-Ismay", et croiser - qui sait - d'autres Titanicophiles perdus dans les méandres de la capitale.
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Message  Sha're Mar 5 Nov 2013 - 16:36

Quel rebondissement avec la découverte de cette montre qui permet de voyager dans le temps. Ça augure de nouvelles aventures palpitantes !
Mdr Vincent, quand tu préviens les gardes de l'avenir de la Russie. rire 
C'est une suite passionnante et comme Tiphaine j'espère que ce n'est pas la fin de l'histoire. xcfg

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Message  Historiapassionata Mar 5 Nov 2013 - 16:55

Et nous dans cette histoire? enervé  rire 
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Message  Tiphaine Mar 5 Nov 2013 - 17:00

Historiapassionata a écrit:Et nous dans cette histoire? enervé   rire 
Oui, c'est pour ça qu'il faut une suite ! rire 
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Message  Historiapassionata Mar 5 Nov 2013 - 17:02

Je te pardonne pour mes Lunettes Canard mais je veux savoir ce que nous devenons nous , on voudrait bien venir dans votre cabane nous aussi rire 
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Message  Invité Mar 5 Nov 2013 - 18:15

Ah la la quel moment de rigolade. Purée.
Je me demande comment on a pu vivre un an avec un Vincent grognon, qui stocke une bric à brac dans sa chambre et prêt à nous priver de subsistance pour regarder un film sans qu'à aucun moment l'un de nous n'envisage de le manger. rire 

Je suis aussi ému de la place que je tiens dans ton coeur et dans ton histoire.
Cette pauvre Tiphaine qui accumule les malheurs en tout genre, ce pauvre Antoine, père du jour au lendemain, et ce pauvre Nicolas harcelé jusque dans son bain.
En tout cas Tiphaine est fort bien entourée puisqu'aux alentours de sa chambre il n'y a que des hommes. Fort heureusement que la chambre du couple de la maisonnée soit éloignée des notre... because le bébé.

J'ai beaucoup aimé le :
-"J'apporte des bretzels à Vincent.
-Quoi, il manque de nous défigurer et toi, tu lui apporte...
-J'ai aussi fait des chips".
Et le silence se fait.

Quand aux pauvre Romanov quand en l'espace de trente seconde tu leur explique leur futur sort, je comprends leur hésitation de choix entre toi et leurs tortionnaires.

Mais je reste sur ma faim avec cette fin (oui, c'est recherché).
-Que sont devenus nos compagnons dont nous avons été séparés un an auparavant ?
-Et moi ? Vais-je sombre dans la dépression et l'alcoolisme suite ton décès en m'enfermant dans ta chambre parmi tes reliques ?
-Qu'en est-il de la love story naissante entre Tiphaine et Guillaume ?
On veut tout savoir.

Donc, la suite, la suite. fete 

Denis.


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Message  Joris Mar 5 Nov 2013 - 18:22

Je suis passé sur ce forum en début d'après-midi à la BU et j'ai eu le temps de lire cette suite clin 

Très bien pensée, originale vbp 

Je suis d'accord avec les autres, il faut une suite ! On a complètement été zappés Smile Qu'avons-nous fait toute cette année ? coeur 

Joris


Dernière édition par Joris le Mer 6 Nov 2013 - 19:07, édité 1 fois

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Le Titanic coulait il y a cent douze ans le 15 avril 1912. Une catastrophe maritime que rien
ne laissait prévoir et qui coûta la vie à plus de 1500 personnes.
Une pensée pour toutes les victimes de cet événement tragique qui a eu lieu il y a un siècle
et n'oublions jamais... coeur

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Message  Antoine Mer 6 Nov 2013 - 11:23

J'approuve les propos de Tiphaine : il nous faut un épisode sur ce qui est arrivé à Guillaume au bois de Boulogne. Obligé. fete

Quant à moi, je tiens à souligner une incohérence : si j'avais un enfant, je le nommerais "Lèvresdegrenouille" si c'est une fille, et "Têtedecul" si c'est un garçon. Je trouve ça plus affectueux tout de même ! Mais surtout, je pense que dans une telle période de famine, un bébé est une denrée trop précieuse pour qu'on n'en fasse pas un copieux repas. rire

Enfin, moi, je sais comment a survécu la mamie russe : grâce à l'argent hérité de son papy russe. rire
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Message  Colargol Mer 6 Nov 2013 - 12:29

Ehhhhh???? Et moi alors? Je n'apparaît même pas comme tueur psychopathe? Je suis déçu...

Par contre nous avons un problème Houston. Si Vincent se permet de changer le cours de l'histoire comme ça, en théorie, tout le reste de l'histoire de la planète est affecté...
Par conséquent peut-être même qu'il n'y a plus de catastrophe nucléaire au moment où la famille impériale arrive au XXIè siècle.
Autre problème: vous parlez tous le russe?

Et pour la première partie, comment ont-ils fait pour sauver la collection sans lumière?

Quand on écrit une histoire cher Canard, tous les détails comptent.
Oui je chipote mais voilà...

Sinon c'est excellent, rempli d'humour, et il y a une certaine authenticité qui donne le petit plus...
Et la petite référence à HP, félicitations^^
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Message  Canard-jaune Mer 6 Nov 2013 - 12:53

colargol a écrit:Ehhhhh???? Et moi alors? Je n'apparaît même pas comme tueur psychopathe? Je suis déçu...

Par contre nous avons un problème Houston. Si Vincent se permet de changer le cours de l'histoire comme ça, en théorie, tout le reste de l'histoire de la planète est affecté...
Par conséquent peut-être même qu'il n'y a plus de catastrophe nucléaire au moment où la famille impériale arrive au XXIè siècle.
Autre problème: vous parlez tous le russe?

Et pour la première partie, comment ont-ils fait pour sauver la collection sans lumière?

Quand on écrit une histoire cher Canard, tous les détails comptent.
Oui je chipote mais voilà...

Sinon c'est excellent, rempli d'humour, et il y a une certaine authenticité qui donne le petit plus...
Et la petite référence à HP, félicitations^^
J'ai les réponses, j'ai les réponses! rire  Mais je ne les ai pas expliquées car ça aurait fait trop compliqué.
Je n'ai pas vraiment changé l'Histoire. La famille impériale n'est pas morte, mais le régime soviétique aura fait croire que si, et aura liquidé tous les gardes qui savent la vérité. Le seul changement historique sera donc que les corps ne seront jamais retrouvés et inhumés dans la cathédrale...
Pour le Russe, Anastasia parlait un Français excellent, grâce à son précepteur suisse ; autrement, j'avais pensé que la montre faisait traducteur, ce qui permettait à Vincent de comprendre/se faire comprendre... bien que ça cafouille quand il livre son speech final face aux assassins, puisqu'Anastasia a embarqué la monstre! Je n'y pensais plus. mort  Point à toi! On va dire que je savais parler Russe soulagé 
Finalement, pour sauver la collection dans le noir, j'ai simplement considéré qu'il y avait des lucarnes... il me semble d'ailleurs en avoir eu en vrai, masquées par des panneaux ou étoffes noirs.

Merci pour cette petite critique! Et merci pour vos commentaires.. :)


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