Île Saint-Paul : l’obsession de Lightoller

Mais quelle aventure, tant dans celle des naufragés que dans celle du Coorong et de son capitaine.
Je me répète mais Lightoller était béni des Dieux. C'est incroyable qu'un capitaine décide de changer de cap pour gagner une île à 2000 miles de leur position sur une simple intuition. Les 37 hommes seront finalement restés sur Saint Paul, une semaine, ce qui est déjà suffisant, à manger du pingouin et des écrevisses. Quelques jours de plus et l'épuisement et la dénutrition aurait eu raison des plus faibles. Peut-être même Lightoller. Je me demande si, à un moment donné, certains n'ont-ils pas envisagé de se livrer au cannibalisme? L'histoire à laissé de sordide anecdotes à ce sujet (le radeau de la Méduse ou le cash de l'avion de joueurs der rugby dans la Cordillère des Andes dans les années 70).
Quelle aventure.
Pauvre Charles, jamais il n'aura réalisé sont rêve de retourner sur Saint-Paul. Qu'y aurait-il découvert, lui qui, toute sa vie, semblait si chanceux ?
Merci de ce récit en épisodes passionnant.

A.T

Andrews_Thomas a écrit:Quelques jours de plus et l'épuisement et la dénutrition aurait eu raison des plus faibles. Peut-être même Lightoller.

Eh bien justement, il raconte qu'en montant sur la crête pour voir le bateau, il avait senti ses forces le quitter... Il était résistant, mais sans doute pas au point de tenir un mois de plus, ou alors très affaiblis. Je suis certaine qu'il aurait été dans les derniers à mourir. Quant au cannibalisme, je ne pense pas qu'ils y aient pensé. Une semaine ne doit pas être suffisant pour avoir de telles idées.

Et sinon de rien, je me suis beaucoup amusée à l'écrire.

Et en ce qui concerne Williams, le second, décédé lors de l'accident, les naufragés ont-ils donné une sépulture à son corps sur l'île, ou l'ont-ils laissé dans les débris du Holt Hill ?

A.T

Bonne question... Ce n'est pas précisé il me semble, mais ça me fais douter alors je relirais ce passage (ce week-end, car je n'ai pas pris le bouquin avec moi cette semaine). Cependant je crois qu'il s'est noyé et que son corps n'a pas été retrouvé, peut-être a t-il coulé avec le Holt Hill.

Lightoller écrit que c'était un homme que tout le monde aimait beaucoup, surtout lui et les autres apprentis, car il savait être à la fois autoritaire comme il se devait et en même temps faire preuve de beaucoup d'humour.

Tiphaine a écrit:
Lightoller écrit que c'était un homme que tout le monde aimait beaucoup, surtout lui et les autres apprentis, car il savait être à la fois autoritaire comme il se devait et en même temps faire preuve de beaucoup d'humour.

Cette citation tendrait à faire penser que Williams aurait effectivement disparu avec le navire, sans possibilité de récupérer son corps car, s'il était si apprécié, comme l'a écrit Lightoller, ses hommes n'auraient pu passer à côté d'un dernier hommage par une mise en terre et ainsi honorer sa dépouille.

A.T

C'est certain.

Quelle histoire ! Lighty a eu une sacrée vie... A se demander s'il a pas bidonné ses mémoires !

Oh, il aurait pu. Mais heureusement pour lui y a des preuves, et de la façon dont il raconte on sent bien que c'est du vécut. ^^

J'ai donc acheté le livre de Daniel Floch, Les Oubliés de l'île Saint Paul, et je l'ai terminé hier soir. Ce fut une lecture très sympathique.

Comme il est aussi question des Crozet et des Kerguelen, c'est un bon moyen de découvrir l'histoire des terres australes Françaises. Les récits des colons Français et Malgaches envoyés sur ces îles inhospitalières sont bouleversants.

Les langoustes de Saint Paul, que Lightoller mangeait pour survivre, étaient si abondantes que les Hommes y voyaient la promesse d'une fortune assurée. Ce n'était qu'un mirage. Fortune possible oui, mais à quel à prix ! En 1930 une conserverie y est installée et des Bretons du Finistère, attirés par les belles paroles du promoteur, se portent volontaires pour aller pêcher la langouste et la mettre en boite au beau milieu de l'océan Indien. La deuxième expédition tourne au drame quand sept d'entres eux sont oubliés pendant 9 mois sur l'île, attendant un ravitaillement qui ne viendra jamais... Le scorbut fit son oeuvre. La même année, trois couples de bergers Normands sont également oubliés sur les Kerguelen par le même patron qui emploie les Bretons à Saint Paul. Des centaines de moutons qu'ils ont emmenés sur l'île, il n'en reste plus qu'une dizaine...

Il y a d'autres récits, d'autres tentatives de colonisations. Entêtement quand tu nous tient ! Lorsque ce ne sont pas les colons, ce sont des naufragés qui restent plusieurs mois, voir des années, à attendre qu'un navire se profile à l'horizon. En fait après lecture, il me semble que Lightoller et ses camarades sont les naufragés qui ont passés le moins de temps sur l'île avant d'être secourus ! Leur histoire n'est cependant pas mentionnée dans ce petit livre, bien que l'auteur en cite plusieurs autres dont j'ai parlé précédemment, comme celle du Magaera par exemple.

Seuls défauts du livre : Il n'y a pas de photos, à part celles qui sont en couverture en tout petit format. A noter aussi l’absence de notes qui indiquent où l'auteur trouve ses références. J'avais été préalablement prévenue de ce dernier détail par le commentaire d'un acheteur sur Amazon, mais comme je l'ai dit plus haut, cela n'empêche pas que fut une lecture passionnante, pleine d'histoires incroyables. Je ne regrette d'autant pas mon achat que j'ai eu le tout pour 4 euros. Frais de port compris.

Pour finir, comme j'aime bien immortaliser mes bouquins, voici une p'tite photo :




Ah, il faut quand même que je vous dise, concernant le trésor que Lightoller rêvait de trouver dans les grottes de l'île...

Quatre ans après son aventure, en 1893, la France fit installer des vivres dans une des grottes. Il y avait des conserves, des vêtements, du tabac, une trousse à pharmacie, de quoi faire du feu, et une carte répertoriant les sources d'eau potable. Le "trésor" fut découvert par les colons Bretons de la première expédition, fin 1929. Lassés des langoustes, ils furent réellement heureux de trouver les conserves. Hélas, cela faisait longtemps qu'elles étaient devenues immangeables. Quant aux vêtements, après 36 ans passés à prendre l'humidité, ils étaient définitivement moisies. Pas de pièces d'or cachées par des pirates donc, mais un bien triste butin...qui n'arrangea en rien le moral des Bretons. Pendant qu'il rêvait à son île perdue, Lightoller était-il au courant de ce qui s'y tramait ?

Mais comment peut-on oublier des hommes sur une île surtout quand on les y a a envoyé dans un but précis ?
Enfin, remarquez c'est pas mieux aujourd'hui. L'individualisme fait qu'on a vite fait "d'oublier" ses voisins de pallier et de découvrir deux ans après qu'en fait le cadavre du voisin en question pourrit dans son appartement.

A.T

Andrews_Thomas a écrit:Mais comment peut-on oublier des hommes sur une île surtout quand on les y a a envoyé dans un but précis ?

Eh bien le patron n'est pas le seul responsable en fait, c'est une histoire de banque et de société divisée en deux...

Si personne ne prévoit d'acheter le bouquin et si ça vous intéresse, je peux expliquer plus en détails.

Je viens de tout lire, et c'était PASSIONNANT!
Merci pour cet extraordinaire récit, Tiphaine! :)

Comme je le disais dans mon premier message, l'idée de retourner sur l'île Saint-Paul n'avait jamais quitté Lightoller. Ainsi dans les années 30, à peu près au même moment où les Bretons crevaient de faim sur l'île, oubliés de leur patron et du reste du monde, Lightoller planifiait une expédition pour s'y rendre avec sa famille et son camarade l'officier Blair.

J'ai trouvé ce matin sur Trove un article dans un journal Australien qui parle de cette histoire, preuve que Lightoller était très sérieux quand il affirmait vouloir y retourner pour découvrir un trésor.

L'article est illustré d'une photo de Lightoller, plus tout jeune, qui pose avec ses deux filles.

A voir ici : Romantic Search for Treasure : Titanic survivor's adventure

C'est vrai qu'il est pas jeune. Ça lui faisait quel âge à l'époque ? Je l'imaginais plus jeune dans les années 30.

dans les 50 ans non?