L'incendie du théâtre Iroquois à Chicago

Il y a 120 ans jour pour jour, le 30 décembre 1903, se déroulait un drame terrible à Chicago dans l'Illinois aux États-Unis, l'incendie du Théâtre Iroquois qui a fait 602 morts et 250 blessés.

Le théâtre avait ouvert ses portes juste un mois avant l'incendie, le 23 novembre 1903 après plusieurs retards, et était très mal équipé en système d'évacuation et dispositifs anti-incendie, contrairement à ce que disait sa présentation.

Il avait une capacité total de 1 602 places et comprenait trois niveaux pouvant accueillir les spectateurs : le rez-de-chaussée comptait environ 700 places, le deuxième niveau comptait plus de 400 places et le troisième niveau comptait environ 500 places.
Il n'y avait qu'une seule entrée.

Lors de son ouverture, Walter K. Hill a écrit dans le New York Clipper que l'Iroquois était « le plus beau bâtiment de Chicago, et des juges compétents déclarent que peu de théâtres en Amérique peuvent rivaliser avec ses perfections architecturales... ».


L'entrée du théâtre peu de temps avant le drame.

Le mercredi 30 décembre 1903, se joue une pièce issue du conte populaire traditionnel Barbe Bleue. Alors que la fréquentation du théâtre avait été jusqu'alors décevante, toutes les places avaient été vendues pour ce jour-là et il y avait de nombreuses personnes debout. On estime que 2 100 à 2 200 spectateurs étaient présents, et parmi eux de nombreux enfants.

Vers 15h15, peu après le début du deuxième acte, des étincelles provenant d'une lampe à arc ont enflammé un rideau de mousseline, peut-être à cause d'un court-circuit électrique. Le pompier du théâtre William Sallers a tenté d'éteindre l'incendie en descendant le rideau mais celui-ci s'était déjà propagé à la galerie au-dessus de la scène.

Malgré des tentatives pour calmer la foule, notamment de la part de l'acteur Eddie Foy qui s'apprêtait à monter sur scène, une panique massive s'est alors emparée des spectateurs qui se sont tous précipités vers la sortie. Les sorties de secours étaient verrouillées ou très mal visibles. Beaucoup de personnes piégées à l’intérieur ont tenté d’escalader des corps pour s’échapper. Les cadavres étaient empilés autour de certaines des sorties bloquées. Les victimes ont été asphyxiées par le feu, la fumée et les gaz ou ont été écrasées par la ruée des autres personnes derrière elles.

Les acteurs, danseurs… se sont sauvés par une porte derrière la scène. Mais en ouvrant la porte arrière, l’air ne fit qu’accroître les flammes en une boule de feu qui tua instantanément de nombreux spectateurs.



Le bilan est monstrueux. On estime que 575 personnes ont été tuées le jour de l'incendie et qu'au moins 30 autres sont mortes des suites de leurs blessures au cours des semaines suivantes.

Il s'agit du pire incendie de théâtre aux États-Unis, dépassant le carnage de l'incendie du Brooklyn Theatre de 1876, qui a coûté la vie à au moins 278 personnes.
Pendant près d’un siècle, l’incendie du théâtre Iroquois a été la catastrophe la plus meurtrière touchant un seul bâtiment de toute l’histoire américaine, avant que la destruction du World Trade Center, lors des attentats du 11 septembre 2001, ne dépasse ce terrible bilan.

La Une du quotidien français Le Petit Journal du 17 janvier 1904.



Il y a un lien entre cette histoire et le Titanic. Ida Hippach, qui sera 9 ans plus tard une passagère de première classe sur le Titanic, a perdu deux de ses fils, Robert 14 ans et John 8 ans dans cet incendie. Nadine en avait parlé ici.

Ce terrible drame a eu des conséquences sur la lutte contre les incendies dans les bâtiments. Dès le lendemain à New York, le soir du Nouvel An, certains cinémas ont supprimé les places debout.
Dans les mois qui ont suivi, des théâtres ont été fermés pour rénovation dans tout le pays et dans certaines villes d'Europe. Toutes les sorties du théâtre devaient être clairement indiquées et les portes configurées de manière à ce que, même si elles ne pouvaient pas être ouvertes de l'extérieur, elles puissent être ouvertes de l'intérieur.
Le maire de Chicago, Carter Harrison Jr., a ordonné la fermeture de tous les théâtres de Chicago pendant six semaines après l'incendie.

Il fut aussi révélé que les inspecteurs d’incendie avaient reçu des billets et autres pots de vin pour fermer les yeux sur les violations à la loi en matière de sécurité.

L'hôpital Iroquois Memorial a été construit en l'honneur des victimes. Un mémorial en bronze était installé en bas mais a été retiré lors de la démolition du bâtiment en 1951. Il a été entreposé à l'hôtel de ville jusqu'à ce qu'il soit installé à son emplacement actuel en 1960.
Chicago a organisé un service commémoratif annuel à l'hôtel de ville jusqu'à la mort des derniers survivants.

Cinq ans après l'incendie, Andrew Kircher, fondateur du cimetière Montrose, a érigé un mémorial sur le terrain pour commémorer la tragédie.



L'extérieur de l'Iroquois était intact et le théâtre a rouvert neuf mois plus tard sous le nom de Hyde & Behman's Music Hall puis sous le nom de Théâtre Colonial. Il a été démoli en 1925 pour faire place au Théâtre Oriental, qui a ensuite été rebaptisé Théâtre Nederlander.


Le bâtiment de nos jours.

C'est vraiment terrible. Heureusement qu'aujourd'hui tous les bâtiments qui accueillent du public sont construits de façon à ce qu'en cas d'incendie, l'évacuation peut se faire facilement et sont équipés de dispositifs contre les incendies même si le risque zéro n'existe pas. Ça me fait en tout cas penser à l'incendie du Bazar de la Charité quelques temps avant à Paris (voir sujet).

Sources : Wikipedia, Nima REJA.

Hommage à toutes les victimes, 120 ans après, et à tous ceux qui ont souffert

Joris

Il faut toujours des drames pareils pour enfin réagir en terme de sécurité. Le Titanic en est également un bon exemple. Suite au naufrage ils ont augmenté le nombre de canots entre autre.

Et comme toi, en lisant le post j'ai pensé au Bazar de la Charité.

Melley a écrit:Il faut toujours des drames pareils pour enfin réagir en terme de sécurité. Le Titanic en est également un bon exemple. Suite au naufrage ils ont augmenté le nombre de canots entre autre.

Et comme toi, en lisant le post j'ai pensé au Bazar de la Charité.

Oui, c'est ça, c'est quand il y a un drame que les choses bougent Le Titanic est un bon exemple oui.
Pour que tous les lieux soient protégés au maximum contre les incendies (extincteur, alarme sonore, portes coupe-feu, issues de secours...), il a fallu d'horribles drames comme celui-ci.

Pour le Bazar de la Charité, c'est aussi une lampe qui a causé l'incendie et la précipitation des personnes dans la panique a causé beaucoup de victimes.

Dans le cadre de ce théâtre, les extincteurs étaient inutilisables, les issues de secours non accessibles facilement, il n'y avait pas d'alarmes sonores et il n'y avait jamais eu d'exercice incendie donc le personnel n'était pas du tout prêt pour l'évacuation. Heureusement qu'aujourd'hui tout est fait pour éviter cela, même s'il y a encore parfois des drames comme l'incendie de la discothèque du 5-7 en France qui a fait 146 victimes en 1970 ou plus récemment l'incendie du bar Cuba Libre à Rouen qui a coûté la vie à 14 jeunes.

Joris