Nos extraits de livres préférés
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Re: Nos extraits de livres préférés
Pour avoir dévoré 1984 il y a peu, je trouve ce texte magnifique et intéressant car il est le parfait mélange entre les doctrines prônées par le parti de Big Brother et celles qui correspondent à notre monde actuel.
"Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées."
Plutôt de notre monde, la violence et la haine sont omniprésentes dans 1984, mais la notion de tuer toute idée de révolte avant qu'elle ne puisse germer y correspond très bien.
"Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser."
Parfait mélange, même si la télévision chez Orwell n'est pas objet de distraction mais plutôt d'émulation de la haine ou de l'amour envers le Parti.
"On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté."
Bienvenue dans notre monde ! En revanche Orwell réduit la sexualité à son plus simple: la reproduction, sans aucune notion de plaisir.
"Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu."
La peur de la solitude est ce qui empêche la plupart des gens d'agir par peur de se retrouver seul et malheureux. Le pire c'est qu'elle empêche également les actions qui permettraient à un individu d'être heureux si l'éventualité de la solitude se présente (typiquement je ne ferai pas ceci ou cela car même si ça me rendra heureux il y a le risque que j'échoue et me retrouve seul, coupé de mes semblables, exclus.) Et ça, c'est encore plus moche. Chez Orwell c'est plutôt la peur de la mort. En fait la solitude et la mort sont assez similaires puisqu'il n'existe pas d'individus solitaires, uniquement le Parti et ses membres, ceux qui sont seuls sont ceux qui ont été exclus mais si ils l'ont été c'est car ils représentaient une menace ou une "tache", qui se doit d'être éliminée une fois pour toute plutôt qu'écartée.
"Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir."
Entièrement d'accord, même si le Parti ne corrompt personne mais les tue plutôt, et que les plus faibles n'ont pas les moyens de corrompre leurs supérieurs dans la hiérarchie.
En parlant d'extraits de livres, je recommande 1984 dans son intégralité mais si vous n'avez pas le temps alors lire la "Théorie et pratique du collectivisme oligarchique" exposée dans l'oeuvre est très intéressant et fait écho au texte d'Huxley. Le tout disponible ici. début page 226 et ce sur une trentaine de pages environ (oui c'est un gros extrait !)
"Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées."
Plutôt de notre monde, la violence et la haine sont omniprésentes dans 1984, mais la notion de tuer toute idée de révolte avant qu'elle ne puisse germer y correspond très bien.
"Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser."
Parfait mélange, même si la télévision chez Orwell n'est pas objet de distraction mais plutôt d'émulation de la haine ou de l'amour envers le Parti.
"On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté."
Bienvenue dans notre monde ! En revanche Orwell réduit la sexualité à son plus simple: la reproduction, sans aucune notion de plaisir.
"Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu."
La peur de la solitude est ce qui empêche la plupart des gens d'agir par peur de se retrouver seul et malheureux. Le pire c'est qu'elle empêche également les actions qui permettraient à un individu d'être heureux si l'éventualité de la solitude se présente (typiquement je ne ferai pas ceci ou cela car même si ça me rendra heureux il y a le risque que j'échoue et me retrouve seul, coupé de mes semblables, exclus.) Et ça, c'est encore plus moche. Chez Orwell c'est plutôt la peur de la mort. En fait la solitude et la mort sont assez similaires puisqu'il n'existe pas d'individus solitaires, uniquement le Parti et ses membres, ceux qui sont seuls sont ceux qui ont été exclus mais si ils l'ont été c'est car ils représentaient une menace ou une "tache", qui se doit d'être éliminée une fois pour toute plutôt qu'écartée.
"Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir."
Entièrement d'accord, même si le Parti ne corrompt personne mais les tue plutôt, et que les plus faibles n'ont pas les moyens de corrompre leurs supérieurs dans la hiérarchie.
En parlant d'extraits de livres, je recommande 1984 dans son intégralité mais si vous n'avez pas le temps alors lire la "Théorie et pratique du collectivisme oligarchique" exposée dans l'oeuvre est très intéressant et fait écho au texte d'Huxley. Le tout disponible ici. début page 226 et ce sur une trentaine de pages environ (oui c'est un gros extrait !)
Ronon62-
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Re: Nos extraits de livres préférés
Intéressants vos extraits de 1984. J'aurais des choses à en dire car je ne suis pas d'accord avec tout, mais faute de temps je vais laisser ça à cette après-midi, peut-être.
Ayant terminé mon précédent livre de Conrad en une journée, j'en ai commandé un autre qui vient d'arriver ce matin : Le miroir de la mer. Je crois que Gérard en disait beaucoup de bien, et c'est vrai que dès les premières lignes on sent déjà le talent de Conrad. Le jour où j'aurais épuisé tous ses écrits, je crois que je ressentirais un grand vide...
---
Et je regardais la mer vraie : la mer qui joue avec les hommes jusqu'à ce que leur cœur se brise, et qui use de vaillants navires jusqu'à la mort. Ouverte à tous et fidèle à personne, elle exerce sa fascination de façon à détruire ce qui existe de meilleur.
Le Miroir de la mer - Joseph Conrad, 1906
Le rapport de Conrad à la mer est un rapport réaliste et concret, sans romantisme inutile, ni idéalisme. Pour les terriens, on le sait, la mer est avant tout un espace de rêves et de mythes. Elle est le symbole, presque le cliché, de la liberté et du départ vers les contrées exotiques. Pour le marin expérimenté, la mer est au contraire un lieu on ne peut plus concret, un lieu de travail où l'erreur de jugement, la négligence et l'insouciance sont rapidement punies.
Préface du Miroir de la mer, Björn Larsson, 2013
Ayant terminé mon précédent livre de Conrad en une journée, j'en ai commandé un autre qui vient d'arriver ce matin : Le miroir de la mer. Je crois que Gérard en disait beaucoup de bien, et c'est vrai que dès les premières lignes on sent déjà le talent de Conrad. Le jour où j'aurais épuisé tous ses écrits, je crois que je ressentirais un grand vide...
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Et je regardais la mer vraie : la mer qui joue avec les hommes jusqu'à ce que leur cœur se brise, et qui use de vaillants navires jusqu'à la mort. Ouverte à tous et fidèle à personne, elle exerce sa fascination de façon à détruire ce qui existe de meilleur.
Le Miroir de la mer - Joseph Conrad, 1906
Le rapport de Conrad à la mer est un rapport réaliste et concret, sans romantisme inutile, ni idéalisme. Pour les terriens, on le sait, la mer est avant tout un espace de rêves et de mythes. Elle est le symbole, presque le cliché, de la liberté et du départ vers les contrées exotiques. Pour le marin expérimenté, la mer est au contraire un lieu on ne peut plus concret, un lieu de travail où l'erreur de jugement, la négligence et l'insouciance sont rapidement punies.
Préface du Miroir de la mer, Björn Larsson, 2013
Tiphaine-
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Re: Nos extraits de livres préférés
"Ce que le moraliste déplore, l'économiste le justifie, et ce bien souvent dans le même article."
Cette petite citation m'a parlé tout simplement en lisant Les réflexions sur l'esclavage des nègres de Condorcet. Sortie de son contexte, cette petite phrase résonne également pour notre société actuelle. La pauvreté, l'inégalité et tout un tas de choses sont déplorées mais souvent justifiées, à savoir que l'économie a pris le pas sur l'humanité comme à l'image des intérêts des négriers face au droit de l'homme pour les esclaves considérés comme de simples propriétés. On pourrait le traduire aussi pour "l'obligation" de travailler afin de relancer la consommation alors que le travail n'est pas un devoir mais un droit.
Cette petite citation m'a parlé tout simplement en lisant Les réflexions sur l'esclavage des nègres de Condorcet. Sortie de son contexte, cette petite phrase résonne également pour notre société actuelle. La pauvreté, l'inégalité et tout un tas de choses sont déplorées mais souvent justifiées, à savoir que l'économie a pris le pas sur l'humanité comme à l'image des intérêts des négriers face au droit de l'homme pour les esclaves considérés comme de simples propriétés. On pourrait le traduire aussi pour "l'obligation" de travailler afin de relancer la consommation alors que le travail n'est pas un devoir mais un droit.
Lily-
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Re: Nos extraits de livres préférés
"[À propos de l'exposition des Impressionnistes en 1877] La pensée de la majorité des visiteurs fut que la majorité des artistes qui exposaient n'étaient peut-être pas dénués de talent, et qu'ils eussent peut-être pu faire de bons tableaux, s'ils eussent voulu faire comme tout le monde..."
Les Peintres Impressionnistes, Théodore Duret, 1878
> http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109139d/f8.image
La différence a toujours dérangé et dérange toujours.
Les Peintres Impressionnistes, Théodore Duret, 1878
> http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109139d/f8.image
La différence a toujours dérangé et dérange toujours.
Tiphaine-
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Re: Nos extraits de livres préférés
"Rien n'est plus affreux que d'observer un homme qui a été découvert en flagrant délit, non pas de crime, mais de faiblesse plus que criminelle. […] c'est de cette faiblesse qu'aucun d'entre nous n'est à l'abri."
Lord Jim, Joseph Conrad
Lord Jim, Joseph Conrad
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Re: Nos extraits de livres préférés
"Je suis convaincu que nul homme ne comprend jamais tout à fait ses propres esquives et ruses pour échapper à l'ombre sinistre de la connaissance de soi."
"Il se retourna et me fit face, le regard soudain rempli d'ahurissement et de souffrance, et le visage perplexe, alarmé, douloureux, comme s'il venait de dégringoler d'une étoile. Ni vous ni moi ne jetterons jamais un regard semblable sur aucun homme. Tout un être frissonna, comme si un
doigt glacé l'avait touché au cœur."
Lord Jim, Joseph Conrad
"Il se retourna et me fit face, le regard soudain rempli d'ahurissement et de souffrance, et le visage perplexe, alarmé, douloureux, comme s'il venait de dégringoler d'une étoile. Ni vous ni moi ne jetterons jamais un regard semblable sur aucun homme. Tout un être frissonna, comme si un
doigt glacé l'avait touché au cœur."
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Re: Nos extraits de livres préférés
et oui ça faisait longtemps :
" Le peu de lumière qui baigne la clairière a encore baissé d'intensité et les petites tâches dorées qui ornent les yeux verts de la jeune fille semblent luire dans la nuit.Elle est encore plus belle sur Terre qu'à bord de la station".
" Tout le monde a le doigt levé vers le ciel qui offre un spectacle des plus grandioses. Une symphonie de couleurs est en train de s'y jouer : des traînées orange viennent s'inviter dans le bleu royal. Tel un hautbois rejoignant une flûte ,le solo devient duo. L'harmonie s'enrichit ensuite crescendo , des touches jaunes et roses ajoutent leurs voix au chœur multicolore. Le ciel alentour s'assombrit , accentuant encore les contrastes. Les mots coucher de soleil ne peuvent rendre justice à l’indicible beauté du spectacle qui les surplombe, et pour la centième fois depuis qu'ils ont atterri , Wells remarque intérieurement que tous les mots qu'il a appris pour décrire la Terre sont inadéquats pour rendre compte de sa splendeur."
Ces deux passages sont tirés du tome "Les 100" de Kass Morgan
" Le peu de lumière qui baigne la clairière a encore baissé d'intensité et les petites tâches dorées qui ornent les yeux verts de la jeune fille semblent luire dans la nuit.Elle est encore plus belle sur Terre qu'à bord de la station".
" Tout le monde a le doigt levé vers le ciel qui offre un spectacle des plus grandioses. Une symphonie de couleurs est en train de s'y jouer : des traînées orange viennent s'inviter dans le bleu royal. Tel un hautbois rejoignant une flûte ,le solo devient duo. L'harmonie s'enrichit ensuite crescendo , des touches jaunes et roses ajoutent leurs voix au chœur multicolore. Le ciel alentour s'assombrit , accentuant encore les contrastes. Les mots coucher de soleil ne peuvent rendre justice à l’indicible beauté du spectacle qui les surplombe, et pour la centième fois depuis qu'ils ont atterri , Wells remarque intérieurement que tous les mots qu'il a appris pour décrire la Terre sont inadéquats pour rendre compte de sa splendeur."
Ces deux passages sont tirés du tome "Les 100" de Kass Morgan
Re: Nos extraits de livres préférés
J'ai lu un autre Conrad récemment (oui je n'en ai pas encore fait tout le tour) : Le compagnon secret, d'où je tire cet extrait :
Dans cette pause sans un souffle au seuil d'une longue traversée, nous semblions évaluer notre aptitude à réaliser cette entreprise longue et ardue, la tâche que notre existence avait pour objet d'accomplir loin de tout regard humain, avec seuls le ciel et la mer comme spectateur et comme juges.
Dans cette pause sans un souffle au seuil d'une longue traversée, nous semblions évaluer notre aptitude à réaliser cette entreprise longue et ardue, la tâche que notre existence avait pour objet d'accomplir loin de tout regard humain, avec seuls le ciel et la mer comme spectateur et comme juges.
Tiphaine-
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Re: Nos extraits de livres préférés
Je suis en pleine relecture du Meilleur des mondes, d'Aldous Huxley. Un livre qui, à bien des égards, est plus effrayant que 1984 car Huxley s'est révélé bien prophétique. Voici une citation qui, je crois, peut prêter à réfléchir. C'est au début du livre, un professeur fait visiter un centre d'embrionage et de conditionnement et explique que l'on habitue à la chaleur dès le stade fœtal les futurs mineurs et autres travailleurs destinés aux régions chaudes pour qu'ils l'apprécient. Le directeur du centre conclut alors :
"Et c'est là [...] qu'est le secret du bonheur et de la vertu : aimer ce qu'on est obligé de faire. Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper."
Si vous avez regardé la vidéo que Tiphaine conseillait ici sur Frédéric Lordon, vous verrez qu'on n'en est pas si loin, même si les moyens sont encore plus insidieux que ce que prévoyait Huxley...
"Et c'est là [...] qu'est le secret du bonheur et de la vertu : aimer ce qu'on est obligé de faire. Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper."
Si vous avez regardé la vidéo que Tiphaine conseillait ici sur Frédéric Lordon, vous verrez qu'on n'en est pas si loin, même si les moyens sont encore plus insidieux que ce que prévoyait Huxley...
Re: Nos extraits de livres préférés
J'ai voulu relire un peu Jane Eyre l'autre soir, de Charlotte Brontë. Voici un court extrait qui me parle.
Je pensais : "Dépêche-toi, dépêche-toi ! Sois avec lui tant que cela t'est possible, car dans quelques jours ou quelques semaines, tu seras séparée de lui pour toujours". Et alors, j'étouffais une peur nouvelle, une pensée que je ne pouvais m'avouer.
Je ne sais pas si d'autres ici connaissent ce livre ? C'est le genre de littérature que je conseille en hiver, à lire auprès d'un feu. Surtout si vous aimez les ambiances de la campagne anglaise (et bourgeoise) du XIXe. J'en posterais d'autres à mon retour. J'avoue me servir de ce topic comme dossier à extraits car je n'ai pas fait de fichier sur mon ordi.
Je pensais : "Dépêche-toi, dépêche-toi ! Sois avec lui tant que cela t'est possible, car dans quelques jours ou quelques semaines, tu seras séparée de lui pour toujours". Et alors, j'étouffais une peur nouvelle, une pensée que je ne pouvais m'avouer.
Je ne sais pas si d'autres ici connaissent ce livre ? C'est le genre de littérature que je conseille en hiver, à lire auprès d'un feu. Surtout si vous aimez les ambiances de la campagne anglaise (et bourgeoise) du XIXe. J'en posterais d'autres à mon retour. J'avoue me servir de ce topic comme dossier à extraits car je n'ai pas fait de fichier sur mon ordi.
Tiphaine-
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Re: Nos extraits de livres préférés
Ah quel beau livre effectivement ! A lire auprès du feu où à l'ombre d'un arbre (ou parasol) en été.
Dans le même esprit, quoique plus pessimiste, il y'a aussi les romans de Thomas Hardy (oui, celui du poème !) qui décrivent superbement l'ambiance de la campagne anglaise, en se focalisant un peu moins sur les bourgeois et beaucoup plus sur les paysans.
Dans le même esprit, quoique plus pessimiste, il y'a aussi les romans de Thomas Hardy (oui, celui du poème !) qui décrivent superbement l'ambiance de la campagne anglaise, en se focalisant un peu moins sur les bourgeois et beaucoup plus sur les paysans.
Manny-
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Re: Nos extraits de livres préférés
Manny a écrit:Dans le même esprit, quoique plus pessimiste, il y'a aussi les romans de Thomas Hardy (oui, celui du poème !) qui décrivent superbement l'ambiance de la campagne anglaise, en se focalisant un peu moins sur les bourgeois et beaucoup plus sur les paysans.
Ah oui, c'est lui qui a écrit "Loin de la foule déchaînée", que tu m'avais conseillé en film ? (Très bien au passage). Je cherchais justement de nouveaux auteurs dans ce style à lire. Je vais me laisser tenter. Lequel de ses ouvrages conseilles-tu ?
Dans un tout autre genre :
"pour délivrer l'homme du travail nous avons dégradé le travail au point qu'il ne nous reste plus qu'à nous en évader. Nous avons dégradés les produits du travail et nous sommes à notre tour dégradés par eux."
Lu dans "Campagnes, l'alternative !", collectif, éd. Autonomia, citation du livre "The Unsettling of America", Wendell Berry.
Tiphaine-
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Re: Nos extraits de livres préférés
Tiphaine a écrit:Ah oui, c'est lui qui a écrit "Loin de la foule déchaînée", que tu m'avais conseillé en film ? (Très bien au passage). Je cherchais justement de nouveaux auteurs dans ce style à lire. Je vais me laisser tenter. Lequel de ses ouvrages conseilles-tu ?
Lui-même oui ! Je te conseille aussi fortement Tess d'Urberville, qui est aussi beau qu'il est injuste. Visiblement, le pessimisme, c'est une de ses spécialités (et pour le coup, Loin de la foule déchaînée fait office d'exception). Il a déjà bénéficié de plusieurs adaptations (un peu comme Jane Eyre ou Orgueils et préjugés), la plus connue est celle de Polanski (je ne l'ai pas encore vu mais le DVD dort sagement dans ma bibliothèque) et une plus récente de la BBC que j'ai beaucoup apprécié, en plus elle est très fidèle.
Du même auteur, il y'a aussi Jude, dont je n'ai vu que l'adaptation, n'ayant pas encore trouvé le livre dans une librairie. Cest assez chiant pour lire du Hardy, je ne trouve aucun de ses livres dans les rayons, sauf Loin de la foule déchaînée parce qu'adapté récemment. Tess d'Urberville, je l'ai trouvé à Paris, pour dire.
Sinon, totalement différent, je sais que tu apprécies aussi la fantasy (enfin, si tu ne lis pas que du Pratchett ), j'ai découvert récemment Les aventuriers de la mer, qui, comme son nom l'indique, parle pas mal d'océan et de bateaux. Je n'ai lu que le premier tome (la série en compte 8) et j'ai vraiment beaucoup aimé et la suite est bien d'après ce qu'on m'a laissé entendre.
Manny-
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Re: Nos extraits de livres préférés
La neige noire, Paul Lynch
J'ai lu ce livre l'hiver dernier. L'histoire se déroule dans la campagne irlandaise des années 50. Au début j'ai été décontenancée par le style d'écriture et il m'a fallu plusieurs dizaines de pages pour entrer dedans. Néanmoins j'ai bien aimé et voici donc un extrait que j'ai trouvé particulièrement beau. En fait ça me fait penser au portail à travers lequel passe Sirius Black dans le tome 5 de Harry Potter, comme si la mort n'était qu'un voile qui flotte près de nous.
"La mort est une présence invisible tout autour de nous. Nous la traversons simplement. Nul ne sait à quel point il peut en être proche."
J'ai lu ce livre l'hiver dernier. L'histoire se déroule dans la campagne irlandaise des années 50. Au début j'ai été décontenancée par le style d'écriture et il m'a fallu plusieurs dizaines de pages pour entrer dedans. Néanmoins j'ai bien aimé et voici donc un extrait que j'ai trouvé particulièrement beau. En fait ça me fait penser au portail à travers lequel passe Sirius Black dans le tome 5 de Harry Potter, comme si la mort n'était qu'un voile qui flotte près de nous.
"La mort est une présence invisible tout autour de nous. Nous la traversons simplement. Nul ne sait à quel point il peut en être proche."
Tiphaine-
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Re: Nos extraits de livres préférés
Peu après avoir posté les deux docus sur le monde du travail dans un autre poste du forum, j'ai pris le livre de Joseph Conrad que je lis en ce moment. Mon frère l'a trouvé dans une boîte à livre à Clermont, et comme il sait que j'adore cet écrivain... Le titre c'est Victoire (l'original : Victory, an island tale). Et le passage où j'ai repris ma lecture fait directement écho au monde du travail, justement, avec un discours assez d'actualité. Conrad l'a écrit en 1915. Mais voyez plutôt :
"- J'accompagne un gentleman. Ce n'est pas la même chose que de servir un de ces patrons qui vous donnent des gages comme ils jetteraient un os à un chien, et qui vous demandent de la gratitude encore. Cela, c'est pis que l'esclavage. On n'attend pas de reconnaissance d'un esclave qu'on a acheté. Et vendre son travail, n'est-ce pas la même chose que de se vendre soi-même ? Vous avez tant de jours à vivre, et vous les vendez l'un après l'autre. Qui est-ce qui pourrait me payer ma vie à mon prix ? Mais non ! ils vous jettent votre argent de la semaine et exigent que vous leur disiez merci avant de ramasser !"
"- J'accompagne un gentleman. Ce n'est pas la même chose que de servir un de ces patrons qui vous donnent des gages comme ils jetteraient un os à un chien, et qui vous demandent de la gratitude encore. Cela, c'est pis que l'esclavage. On n'attend pas de reconnaissance d'un esclave qu'on a acheté. Et vendre son travail, n'est-ce pas la même chose que de se vendre soi-même ? Vous avez tant de jours à vivre, et vous les vendez l'un après l'autre. Qui est-ce qui pourrait me payer ma vie à mon prix ? Mais non ! ils vous jettent votre argent de la semaine et exigent que vous leur disiez merci avant de ramasser !"
Tiphaine-
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