Le retour d'Ismay à Liverpool

Source : © Bettmann/CORBIS
 
 
Le 11 mai 1912, l'Adriatic arrive à Liverpool. A son bord Bruce Ismay, sa femme et son beau-frère qui l'avaient rejoint à Queenstown sur l'Oceanic.
Alors que les journalistes n'étaient pas autorisés à monter à bord, plusieurs membres importants de la White Star Line étaient présents, nottamment Harold Sanderson, E.L. Fletcher, A.B. Cauty, J. Shelley, A. Fletcher et H.H Noble.
 
Ismay n'est descendu de la passerelle que lorsque presque tous les passagers étaient passés. Il s'est retrouvé dans la file d'attente et n'a pas essayé de passer devant. En compagnie de sa femme, ils étaient tous les deux vêtus de noir. Selon un journaliste, dès qu'ils apparurent, les acclamations du public se sont fait entendre "Bienvenue à la maison", "bienvenue Mr Ismay" et d'autres acclamations de joie pour l'occasion.
Le reporter poursuit : "Mr Ismay semblait très triste, très marqué par l'épreuve qu'il venait d'endurer, et a été visiblement touché par l'attitude sympathique qu'on lui a réservé."
 
Juste avant l'arrivée d'Ismay, une déclaration donnée en son nom fut adressée aux journalistes présents :
Mr Ismay demande à la presse d'avoir la courtoisie de ne pas attendre de lui une déclaration. Tout d'abord parce qu'il est encore très éprouvé par la catastrophe, il a ensuite déjà fait une déclaration très claire des faits devant la commission américaine publiée dans la presse. Et pour finir, son témoignage devant le tribunal britannique des naufrages ne doit pas être anticipé."
Il faut noter qu'un grand nombre de messages télégraphiques et de courriers venant de ses amis, du public et des entreprises privées lui ont été adressé pour lui témoigner toute leur sympathie, ce qu'il apprécia beaucoup durant cette dure épreuve.
 
Ismay et sa femme sont ensuite montés dans leur automobile pour retourner à leur maison à Mossley Hill. Lorsqu'ils furent partis, la foule le saluait et pouvait apercevoir un visage blème, rongé par la douleur et la responsabilité. En rentrant chez lui, Ismay avait l'intention de rendre visite à Mme Fry, la femme de son valet qui l'avait accompagné sur le Titanic et qui était mort dans le naufrage. Cependant, elle était trop choquée et accablée par la douleur pour voir quelqu'un. Ismay a immédiatement prit ses dispositions afin d'établir une rente pour elle et ses enfants et sera employée plus tard comme cuisinière à Sandleys.
 
 
Source : Titanic and Liverpool

Merci Sha're pour le partage de cet événement. Il est intéressant de constater que contrairement à ce que le public d'aujourd'hui peut penser, Ismay ait été accueilli chaleureusement à son retour. Pas de haine, d'animosité, de "responsable du naufrage"... mais il devait y en avoir quand même, c'est certain. Je retiens la tolérance des habitants de Liverpool et de ses amis à son égard, et la générosité de ce dernier envers la femme de son valet. Certains penseront que c'est un acte pour soulager sa conscience, d'autres qu'Ismay est généreux de nature. A chacun de décider. En tout cas, je ne pense pas que beaucoup de patrons prendraient des dispositions pour améliorer la condition de vie de la famille de leur employé.

Manon

Il faut voir aussi que les Britanniques étaient très anti-américains à l'époque ; et que la façon dont le sénateur Smith avait mené son enquête, et surtout dont il avait essayé de se farcir Ismay, était très mal passée. D'où cette contre réaction. Le fait aussi, peut-être, que le public britannique s'y connaissait un peu plus en matière maritime.

Tes propos sont très intéressants, en effet ça expliquerait la réaction des Britanniques. Merci pour la précision historique.

Manon

John Richard Fry n'était pas n'importe quel employé, Ismay et son valet voyagaient sous le même billet. Allonger de l'argent quand on est millionnaire c'est le minimum de ce qu'il pouvait faire pour sa femme et ses deux enfants surtout s'il se sentait coupable.