Ismay père et fils, relation difficile

J'avais déjà raconté ailleurs une anecdote concernant les relations d'Ismay père et fils, mais ne retrouvant pas où, je vais certainement la répéter ici. J'en ai découvert d'autres dans The Ismay Line, de Wilton J. Oldham.

Thomas Ismay était du genre réfléchi, qui aime examiner longuement un problème sous tous les angles avant de trouver une solution. À l'inverse, son fils, outre sa timidité qui pouvait le rendre brusque, était d'une intelligence rapide, qui lui permettait souvent de trouver des solutions faciles à ses problèmes. Entre les deux hommes, il y avait déjà frictions dans la façon même d'aborder les affaires.

En septembre 1880, Ismay rejoint la compagnie de son père, Ismay, Imrie & Co., comme apprenti. Il avait déjà rendu visite à son père au travail régulièrement, enfant, et ce jour là, les vieux réflexes prennent le dessus : il accroche son manteau à côté de celui de son père. Ce dernier appelle un de ses secrétaires, et lui dit : "Veuillez informer le nouveau garçon de bureau qu'il n'a pas à laisser trainer son manteau et son chapeau dans mon bureau". Cela a tellement refroidi le jeune Bruce qu'il n'aurait plus jamais porté de manteau.

En une autre occasion, pendant que son père est retenu par une réunion, Bruce rentre en premier chez lui. La journée est belle, et il décide de faire une ballade à cheval. Il prend l'un des préférés de son père, qui, malheureusement, chute et se casse la jambe. La bête doit être tuée. La réaction du père fut telle qu'Ismay ne remonta plus jamais à cheval ! Voici qui explique aussi la personnalité de l'homme que nous connaissons par le Titanic.  

Son père était dur, le sien devait l'être aussi, c'est souvent comme ça. En tout cas, j'espère que Bruce n'a pas reproduit le même comportement avec ses enfants.

C'est celle du manteau que tu avais posté ? Parce que ça me dit quelque chose.

second officer a écrit:C'est celle du manteau que tu avais posté ? Parce que ça me dit quelque chose.

Oui, c'est bien celle là.

Nadine, dans le cas de Bruce Ismay, son rapport avec ses enfants a été particulier : avec sa fille ainée, Margaret, il n'y a jamais eu le moindre souci : il l'a toujours adorée, a toujours été dévouée pour elle. Il a en revanche eu un fils, ensuite, qui est mort en bas âge. Cette mort l'a visiblement traumatisé, et il est par la suite resté très distant vis-à-vis de ses autres enfants.

Merci pour ces informations.
Il n'avait rien en commun avec son père ? A part d'être de gros bosseurs ?

Sha're a écrit:Merci pour ces informations.
Il n'avait rien en commun avec son père ? A part d'être de gros bosseurs ?

D'après Oldham, il est clair qu'ils s'aimaient tout de même, comme en témoignent leurs retrouvailles assez chaleureuses quand Bruce est revenu de Nouvelle-Zélande, mais Thomas préférait visiblement son frère, James. Il semble surtout que Thomas était en quelque sorte jaloux des capacités de son fils.

Thomas préférait que son fils ait moins de talent alors qu'il devait lui confier les rênes de son entreprise. Au contraire, il auraît du être fier, quelle mentalité !  
Et son frère que faisait-il ? Il travaillait aussi dans l'entreprise familiale ?

Sha're a écrit:Thomas préférait que son fils ait moins de talent alors qu'il devait lui confier les rênes de son entreprise. Au contraire, il auraît du être fier, quelle mentalité !  
Et son frère que faisait-il ? Il travaillait aussi dans l'entreprise familiale ?

Vint un moment où Bruce est parti en Amérique gérer les bureaux de la WSL : il était d'ailleurs le plus jeune représentant d'une compagnie maritime à l'époque ; signe que, malgré une jalousie qui était certainement inconsciente, son père l'appréciait. Il y a rencontré sa femme, et a pris auprès de ses beaux-parents l'engagement de rester à New York, ville qu'il aimait beaucoup.

Quelques temps plus tard, son père vieillissant lui a fait comprendre qu'il fallait qu'il retourne en Angleterre s'il voulait prendre sa succession, sans quoi James récupèrerait le tout. Au départ, Bruce pensait refuser, mais après discussion avec son beau-père, tous deux ont décidé que c'était la meilleure solution, et il est rentré.

De mémoire, je crois que James possédait un manoir et pratiquait l'équitation, sa passion. Il s'est marié avec une aristocrate et comme il n'avait pas cet amour de la navigation et de la mer, n'a jamais voulu reprendre la White Star Line. Quand Ismay a vendu des actions de la compagnie maritime en 1902, James ne s'y est pas opposé car il s'est retiré de la société en étant même co-associé en 1901. Par contre les quatre sœurs de Bruce n'ont pas vraiment apprécier de voir partir leur héritage.

Quand au fils décédé de Bruce, il est mort d'une maladie contracté lors du voyage de retour en Angleterre. La femme d'Ismay refusait de traverser l'Atlantique tout de suite à cause du bas-âge de son second enfant. En effet, elle avait raison car la traversée à été mouvementée et le petit Henry est tombé gravement malade quelques temps après. Il est mort dans la maison familiale de Dawpool à l'âge de 6 mois. Bruce s'est senti coupable de cette mort toute sa vie car il avait forcé en quelque sorte sa femme de voyager. Il y a eu une rupture entre ses premiers enfants et les autres qui sont arrivées après la mort de son premier fils.

Des informations toujours aussi intéressantes qui en dévoilent toujours plus sur le caractère de ce cher Ismay. C'est en lisant ce genre d'histoire qu'on se rend compte qu'il n'a vraiment, mais vraiment pas eu de chance dans sa vie. Un père très dur, un frère "préféré", son enfant décédé brutalement sans compter le Titanic qui détruira totalement sa carrière et sa vie... bien des hommes se seraient déjà passés la corde au cou.

Manon