A la recherche du Nomadic
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Canard-jaune
Mathusalem
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A la recherche du Nomadic
Mardi 16 juin, 08 h 45 : je grimpe dans ma titine et je mets le cap sur Paris. Direction le port autonome où je dois retrouver Philippe Delaunoy (Belgenland sur le forum) et François Codet, le nouveau président de l'AFT (Association française du Titanic). Nous avons rendez-vous avec M. de Bernis. Je ne connais pas sa fonction exacte au port autonome, mais je pense qu'il est haut fonctionnaire.
09 h 30 : je suis englué dans un embouteillage. Il me faut près de 45 minutes pour rejoindre le quai de Grenelle. Apparemment, j'ai de la marge, mais il faut encore que je trouve à me garer ! Faute de parking payant, je tourne dans le quartier à la recherche d'une place libre et quand j'en trouve une, il est 10 h 45. Je suis en retard d'un quart d'heure, mais je suis néanmoins le premier arrivé !
Philippe me téléphone : il est bloqué du côté de la porte de Clignancourt. François vient en métro. Il n'est pas joignable, mais il m'avait prévenu qu'il aurait une bonne demi-heure de retard.
M. de Bernis me reçoit. Il a sorti trois dossiers qui font au bas mot 50 cm d'épaisseur chacun. Sur les couvertures figure l'inscription "Bateau Nomadic".
D'emblée, M. de Bernis m'est sympathique. Je lui explique brièvement qui nous sommes et je lui indique que nous recherchons des plans du Nomadic. Mon interlocuteur ouvre le premier dossier. A travers les pages qui commencent à jaunir, il me retrace la triste aventure parisienne du transbordeur.
"C'est malheureusement très classique, m'indique M. de Bernis. Des gens achètent un bateau sur un coup de coeur, puis ils n'ont plus les moyens de l'entretenir. Se présentent ensuite des repreneurs avec beaucoup de projets, mais sans argent pour les réaliser. Le Nomadic en est la parfaite illustration : il pourrissait le long d'un quai. Plus personne n'avait les moyens de l'entretenir et comme les Français ne s'intéressent pas aux bateaux, le transbordeur du Titanic se désagrégeait dans l'indifférence générale".
M. de Bernis m'indique qu'il a un port à faire fonctionner. Le Nomadic occupait un emplacement dont plus personne ne payait le loyer. Bien sûr, il ne risquait pas de couler puisqu’il reposait sur le font, détail que j’ignorais. Or, le port autonome n’a pas vocation de sauvegarder les monuments historiques. Il demande et obtient du tribunal, l’autorisation d’envoyer le Nomadic à la ferraille. Immédiatement, l’AFT alerte le ministère de la Culture. Le vieux transbordeur est inscrit à l’inventaire des monuments historiques, ce qui empêche sa démolition. La suite est connue ; c’est le voyage à Rouen pour passage en cale sèche, puis le retour à Belfast.
Pendant que M. de Bernis me narre les aventures et mésaventures du Nomadic, je jette un regard furtif sur les berges de la Seine, là où chaque été se tient la manifestation Paris-Plage. Et dire qu’une toute petite partie des sommes consacrées à cette manifestation aurait pu permettre de restaurer le Nomadic ! M. de Bernis me ramène à la réalité en me rappelant que Paris n’a aucun lien avec le transbordeur dont la place était soit à Cherbourg, soit à Belfast. Mon interlocuteur a beau m’expliquer que le Nomadic a coûté beaucoup d’argent au port autonome, qu’il a fallu consacrer une énergie folle à ce dossier et qu’il est heureux d’en être débarrassé, je sens quand même qu’il éprouve une certaine tendresse pour ce vieux bateau. Nostalgie, nostalgie…
François et Philippe nous ont rejoints. Nous ouvrons les deux autres dossiers où nous découvrons un rapport d’expertise accompagné de plans. Il ne s’agit pas des plans d’origine, mais des relevés effectués sur le navire lui-même. La coque est définie dans ces trois dimensions, ce qui rend ces documents particulièrement intéressants. Nous ne pouvons malheureusement pas en prendre copie, car il faut l’accord préalable de l’expert. Nous allons le contacter dans les semaines à venir.
Au moment de quitter M. de Bernis, nous le remercions de nous avoir consacré une partie aussi importante de son temps (près de deux heures). Nous lui précisons également que nous sommes heureux d’avoir pu connaître le point de vue des responsables du port.
Déjeuner dans un restaurant proche où nous avons l’agréable surprise d’être rejoints par Élodie (Ada sur le forum). C’est Philippe qui a organisé cette rencontre et nous lui en sommes très reconnaissants. Bien entendu, je ne surprendrai personne en révélant que la conversation a porté sur le Titanic !
09 h 30 : je suis englué dans un embouteillage. Il me faut près de 45 minutes pour rejoindre le quai de Grenelle. Apparemment, j'ai de la marge, mais il faut encore que je trouve à me garer ! Faute de parking payant, je tourne dans le quartier à la recherche d'une place libre et quand j'en trouve une, il est 10 h 45. Je suis en retard d'un quart d'heure, mais je suis néanmoins le premier arrivé !
Philippe me téléphone : il est bloqué du côté de la porte de Clignancourt. François vient en métro. Il n'est pas joignable, mais il m'avait prévenu qu'il aurait une bonne demi-heure de retard.
M. de Bernis me reçoit. Il a sorti trois dossiers qui font au bas mot 50 cm d'épaisseur chacun. Sur les couvertures figure l'inscription "Bateau Nomadic".
D'emblée, M. de Bernis m'est sympathique. Je lui explique brièvement qui nous sommes et je lui indique que nous recherchons des plans du Nomadic. Mon interlocuteur ouvre le premier dossier. A travers les pages qui commencent à jaunir, il me retrace la triste aventure parisienne du transbordeur.
"C'est malheureusement très classique, m'indique M. de Bernis. Des gens achètent un bateau sur un coup de coeur, puis ils n'ont plus les moyens de l'entretenir. Se présentent ensuite des repreneurs avec beaucoup de projets, mais sans argent pour les réaliser. Le Nomadic en est la parfaite illustration : il pourrissait le long d'un quai. Plus personne n'avait les moyens de l'entretenir et comme les Français ne s'intéressent pas aux bateaux, le transbordeur du Titanic se désagrégeait dans l'indifférence générale".
M. de Bernis m'indique qu'il a un port à faire fonctionner. Le Nomadic occupait un emplacement dont plus personne ne payait le loyer. Bien sûr, il ne risquait pas de couler puisqu’il reposait sur le font, détail que j’ignorais. Or, le port autonome n’a pas vocation de sauvegarder les monuments historiques. Il demande et obtient du tribunal, l’autorisation d’envoyer le Nomadic à la ferraille. Immédiatement, l’AFT alerte le ministère de la Culture. Le vieux transbordeur est inscrit à l’inventaire des monuments historiques, ce qui empêche sa démolition. La suite est connue ; c’est le voyage à Rouen pour passage en cale sèche, puis le retour à Belfast.
Pendant que M. de Bernis me narre les aventures et mésaventures du Nomadic, je jette un regard furtif sur les berges de la Seine, là où chaque été se tient la manifestation Paris-Plage. Et dire qu’une toute petite partie des sommes consacrées à cette manifestation aurait pu permettre de restaurer le Nomadic ! M. de Bernis me ramène à la réalité en me rappelant que Paris n’a aucun lien avec le transbordeur dont la place était soit à Cherbourg, soit à Belfast. Mon interlocuteur a beau m’expliquer que le Nomadic a coûté beaucoup d’argent au port autonome, qu’il a fallu consacrer une énergie folle à ce dossier et qu’il est heureux d’en être débarrassé, je sens quand même qu’il éprouve une certaine tendresse pour ce vieux bateau. Nostalgie, nostalgie…
François et Philippe nous ont rejoints. Nous ouvrons les deux autres dossiers où nous découvrons un rapport d’expertise accompagné de plans. Il ne s’agit pas des plans d’origine, mais des relevés effectués sur le navire lui-même. La coque est définie dans ces trois dimensions, ce qui rend ces documents particulièrement intéressants. Nous ne pouvons malheureusement pas en prendre copie, car il faut l’accord préalable de l’expert. Nous allons le contacter dans les semaines à venir.
Au moment de quitter M. de Bernis, nous le remercions de nous avoir consacré une partie aussi importante de son temps (près de deux heures). Nous lui précisons également que nous sommes heureux d’avoir pu connaître le point de vue des responsables du port.
Déjeuner dans un restaurant proche où nous avons l’agréable surprise d’être rejoints par Élodie (Ada sur le forum). C’est Philippe qui a organisé cette rencontre et nous lui en sommes très reconnaissants. Bien entendu, je ne surprendrai personne en révélant que la conversation a porté sur le Titanic !
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Mathusalem-
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Inscrit le : 05/07/2007
Localisation : Sur la passerelle du Californian
Re: A la recherche du Nomadic
Quelle belle histoire!!!
Canard-jaune-
Age : 19
Messages : 7590
Inscrit le : 19/05/2009
Localisation : Mare aux canards
Re: A la recherche du Nomadic
Quel écrivain ce Gérard ;-)
J'ajoute :
"Gérard me racompagne, dans sa titine rouge, jusqu'au Quai de Grenelle où j'ai laissé mon propre véhicule. Après être repassé devant les bureaux du port autonome de Paris, mon attention est attirée par une équipe de tournage qui s'affaire sur un bateau-mouche. Je m'arrête 30 secondes, puis mon regard est attiré par un objet à l'allure familière...
Un panneau indique "La proue du France au Quai de Grenelle" !
Sympathique coïncidence :)"
Phil
J'ajoute :
"Gérard me racompagne, dans sa titine rouge, jusqu'au Quai de Grenelle où j'ai laissé mon propre véhicule. Après être repassé devant les bureaux du port autonome de Paris, mon attention est attirée par une équipe de tournage qui s'affaire sur un bateau-mouche. Je m'arrête 30 secondes, puis mon regard est attiré par un objet à l'allure familière...
Un panneau indique "La proue du France au Quai de Grenelle" !
Sympathique coïncidence :)"
Phil
Re: A la recherche du Nomadic
Merci Gérard pour nous en avoir fait part.
C'est gentil de la part de M. de Bernis de vous avoir accordé son temps.
J'espère que tu trouveras les plans que tu cherches. Tiens nous informés de la suite!!!
C'est gentil de la part de M. de Bernis de vous avoir accordé son temps.
J'espère que tu trouveras les plans que tu cherches. Tiens nous informés de la suite!!!
Anne-Aymone57-
Age : 39
Messages : 4349
Inscrit le : 29/12/2006
Localisation : Lorraine
Re: A la recherche du Nomadic
Une histoire bien captivante, la suite !!!!!!!
Jean-
Messages : 1035
Inscrit le : 24/12/2009
Localisation : Dans le café Parisien
Re: A la recherche du Nomadic
L'expert, avait tracés ses plans d'après les relevés qu'il avait effectué sur la coque du Nomadic. Ces documents définissent la coque dans ses trois dimensions et en l'absence des plans d'origine, ils sont infiniment précieux. Je précise toutefois que toutes les archives des chantiers Harland & Wolff n'ont pas été dépouillées et qu'il reste un gros travail à effectuer à ce niveau. Avec Philippe (Belgenland) et Elodie (Ada), nous avons prévu d'aller à Belfast vers le mois de novembre pour explorer les dossiers du Nomadic.
Par ailleurs, dans les dossiers du Port autonome de Paris, nous avons découvert des projets établis par plusieurs cabinets d'architectes, pour la présentation (après restauration), du Nomadic sur la Seine.
J'ai immédiatement adressé un courrier à chaque intervenant, en demandant l'autorisation de reproduire la partie du dossier le concernant, dans Latitude 41 et dans the Lone Star.
Le 21 juin, j'ai reçu un mail du cabinet Flahault. Nous sommes autorisés à reproduire les documents qui lui appartiennent, sous réserve bien sûr, d'en indiquer la provenance.
J'attends les réponses des autres intervenants.
Par ailleurs, dans les dossiers du Port autonome de Paris, nous avons découvert des projets établis par plusieurs cabinets d'architectes, pour la présentation (après restauration), du Nomadic sur la Seine.
J'ai immédiatement adressé un courrier à chaque intervenant, en demandant l'autorisation de reproduire la partie du dossier le concernant, dans Latitude 41 et dans the Lone Star.
Le 21 juin, j'ai reçu un mail du cabinet Flahault. Nous sommes autorisés à reproduire les documents qui lui appartiennent, sous réserve bien sûr, d'en indiquer la provenance.
J'attends les réponses des autres intervenants.
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Mathusalem-
Age : 78
Messages : 5276
Inscrit le : 05/07/2007
Localisation : Sur la passerelle du Californian
Re: A la recherche du Nomadic
Merci Gérard pour cette histoire. Elle est bien
Joris
Joris
_________________
Le Titanic coulait il y a cent douze ans le 15 avril 1912. Une catastrophe maritime que rien
ne laissait prévoir et qui coûta la vie à plus de 1500 personnes.
Une pensée pour toutes les victimes de cet événement tragique qui a eu lieu il y a un siècle
et n'oublions jamais...
Joris-
Age : 32
Messages : 17704
Inscrit le : 23/02/2007
Localisation : Moselle (57)
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