Identifier les corps des stewards

En fouillant Encyclopedia Titanica, j'ai trouvé un article très intéressant de Senan Molony intitulé Identifying Stewards. Il revient sur les moyens qui permettent, selon lui, d'identifier quelques corps de stewards repêchés et restés anonymes, à partir des descriptions qu'en ont fait les marins chargés de récupérer les corps.

Un exemple marquant est celui du corps numéro 21 : un steward qui portait une clé pour le "vestiaire [ou casier ?] n°7" et un papier indiquant qu'il avait servi sur le Majestic en 1911. Seuls trois stewards morts dans le naufrage avaient servi sur le Majestic. Deux d'entre eux étaient stewards de première classe sur le Titanic, le troisième servait en troisième. Or, le fameux vestiaire 7 était à l'arrière du pont E, en troisième classe. On peut en déduire que c'est là que travaillait notre homme, que Molony identifie ainsi comme Harry John Slight.

Plus intéressant encore, il mentionne les badges des stewards. Chacun en portait un avec un numéro précis, afin qu'un passager ayant une réclamation à son sujet puisse protester auprès du commissaire de bord. Une liste des badges et de leur attribution permettrait d'en savoir plus... mais cette liste n'existe pas. Il existe en revanche le registre de l'équipage, indiquant les membres au fur et à mesure qu'ils se sont inscrits. Or, suppose Molony, les badges ont du leur être remis par ordre d'arrivée au "guichet" d'enregistrement. Un travail de déduction s'impose, d'autant que tous les stewards ne se voyaient pas remettre un badge ; seulement ceux travaillant avec les passagers ; mais une comparaison entre les numéros et les noms des stewards clairement identifiés confirme sa théorie. Très bon. Cela permet d'établir tant bien que mal une liste, et de retrouver qui avait quel badge, donc d'identifier certains stewards enterrés anonymement.

Bien entendu tout cela n'est pas infaillible, mais je trouve ce travail d'enquête assez superbe.

Décidément, c'est une spéciale Molony en ce moment ?

En tout cas, ça montre que c'est un historien qui ne se donne pas de limite (en référence à ce que l'on a abordé dans le sujets des musiciens) et on comprends mieux pourquoi il est si prolifique. Ne pas avoir de limites permets également de sortir des articles étonnants, comme ça a l'air d'être le cas pour celui-ci.

Je vais le lire dès que possible.

Attention un autel sera bientot élevé!

Je trouve cela vraiment intéressant. Ce Molony fait du bon travail.
De plus, pour les descendants des victimes, c'est toujours bien de savoir qu'on a pu (ou du moins qu'on pense) avoir identifié le corps d'un tel. Cela vaut aussi pour les personnes décédés à qui on peut enfin redonner une identité.