Ellis Island

Manny a écrit:est-ce qu'un retard intellectuel pouvait être un critère de refoulement ?

Je ne me souviens plus avec exactitude de ce qui était expliqué à ce sujet, mais c'est bien possible car chaque enfant représentait un possible futur travailleur pour le pays. Mieux valait donc qu'il ne s'agisse pas d'attardés qui vivraient à charge de l'Etat...

En revanche, je me rappelle bien d'une histoire qui était racontée dans un des combinés dans lesquels on pouvait écouter des témoignages oraux. Une femme expliquait comment sa grand-mère avait été la seule de leur famille a être refoulée à Ellis Island, simplement parce qu'elle avait un ongle incarné et que l'agent avait eu peur qu'il ne s'agisse de quelque chose cachant une maladie plus grave. La grand-mère avait donc été renvoyée, seule, dans son pays où plus personne ne l'attendait. Sa famille, restée aux Etats-Unis, ne l'a jamais revu et a appris sa mort quelques années plus tard.

C'était une histoire datée des années 1910, racontée par la petite-fille dans un enregistrement audio des années 1950.

Rahh, j'espérais dans mon fort intérieur que tu me répondrais que j'allais un peu loin dans mon questionnement, mais à croire que c'est peut-être pas si tiré par les cheveux que ça. Ton exemple est cruellement parlant, et si triste. Je n'imagine pas le vécu de cette femme qui s'est retrouvée seule dans son pays d'origine, alors que toute sa famille était aux États-Unis.

Il y avait dans une salle un panneau (dont je mettrais une photo, floue ) qui montrait les différents symboles que les agents traçaient à la craie dans le dos des migrants.

Ces symboles pouvaient signifier qu'un tel était apte à entrer aux Etats-Unis, ou qu'une autre avait l'air d'être un peu trop faible pour passer. Souvent, c'était fait sur une première impression, uniquement physique.

Toujours dans les témoignages oraux, une femme racontait ainsi comment une dame, qui lui était inconnue, s'était approché d'elle dans la file d'attente pour lui conseiller de retourner sa veste. En effet, un agent venait de tracer dans son dos un symbole qui allait lui interdire l'accès à New York, mais elle ne s'en était pas rendu compte, bien sûr. D'autant qu'elle n'était alors qu'une enfant... Par son geste, cette inconnue lui a évité d'être renvoyée dans son pays.

Enfin, et je termine là-dessus pour aujourd'hui, le musée explique aussi comment les grands et larges escaliers d'accès au hall central servaient en réalité à faire un premier tri parmi les migrants. Ces derniers étaient en effet observé par des agents, postés plus haut tout autour de l'escalier, qui se faisaient une première impression de leur état de santé d'après leur façon de gravir les marches.
Ce sont les mêmes escaliers que l'on emprunte aujourd'hui en tant que visiteurs.