Masabumi Hosono
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Titanic :: Les Passagers :: 2ème classe
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Masabumi Hosono
Allez je me lance, premier sujet sur le forum (j'ai vérifié la seule mention du bonhomme est dans le topic "Les 13 chanceux". Il n'a pas de fiche individuelle. Je peux toutefois me tromper? n'hésitez pas à me corriger si c'est le cas).
Parlons et présentons donc l'un des rares hommes de deuxième classe à avoir survécu au naufrage et surtout le seul passager japonais du Titanic : Masabumi Hosono ( 細野 正文 ).
Il nait au village Hokura dans la préfecture de Niigita le 15 octobre 1870. En 1896, il ressort diplômé de l’Ecole Commerciale de Tokyo (ancien nom de l’Université Hitotsubashi) et se fait engager dans la société par actions Mitsubishi. En 1897, il quitte la compagnie pour devenir fonctionnaire à la gare de Shiodome. Il gravit progressivement les échelons, jusqu’à devenir directeur des chemins de fer (1908) et un fonctionnaire du Ministère des transports japonais (1910). En parallèle, il apprend le russe à la Tokyo School of Foreign Languages (actuelle Université de Tokyo des études étrangères) en 1906. Ses connaissances linguistiques l’amènent donc en 1910, alors qu’il a une quarantaine d’années, à partir en Russie pour étudier les systèmes ferroviaires et voir comment l’adapter au Japon. Passé deux ans d’observation minutieuse vient le temps de rentrer chez soi. Il fait un détour par Londres avant de se rendre à Southampton où il embarque à bord du Titanic. Seul passager japonais, il voyage en deuxième classe.
La nuit du 14 au 15 avril 1912, Hosono est réveillé par un steward. Il se rue hors de sa cabine pour espérer atteindre les canots. Seulement, on l’empêche de monter sur le pont où se déroule les opérations d’évacuation. Le motif du refus vient du fait que les membres d’équipage pensent qu’il est un immigré de troisième classe. L’erreur est humaine et le contexte historique joue aussi. Il parvient finalement, dans la cohue générale, par atteindre le pont où les fusées de détresse sont lancées :
L’expérience de Hosono nous est parvenue par une lettre qu’il a rédigé à sa femme à bord du Carpathia. La lettre avait été commencé en anglais à bord du Titanic avant le naufrage. Il la continua ensuite en japonais, une fois sauvé, pour raconter le compte rendu de ses expériences. Ce serait le seul document de ce type rédigé sur le papier à lettres du Titanic. Il est possible d’en trouver des morceaux sur Encyclopedia Titanica.
Désormais sur le pont des embarcations, Hosono ne peut cependant monter à bord d’un canot car il se trouve à bâbord, là où Murdoch refuse aux hommes l’accès aux embarcations. Quatre canots sont mis à flot sous ses yeux. Hosono se prépare donc, fatalement, à sa mort comme il l’explique à son épouse dans sa lettre :
C’est alors qu’un officier chargé de la mise à l’eau du canot n°10 (ou canot n°13 le doute est permis) crie à la foule qu’il y a de la place pour encore deux personnes. Un homme monte aussitôt à bord. Témoin de cette scène, Hosono hésite puis décide de monter, poussé par le désespoir et la crainte de ne plus revoir sa femme bien-aimée et ses enfants chéris comme il l’expliquera dans sa lettre :
À 61 mètres du paquebot en train de couler, il aurait entendu quatre explosions distinctes lorsque le Titanic s’est séparé. Il rapporte en ces mots les cris et l’agonie des victimes restées dans l’eau après le naufrage :
Une fois à bord du Carpathia, il dort dans le fumoir avant de l’éviter suite aux plaisanteries de marins à son égard. Il les repousse avec une « ténacité de bouledogue », pour reprendre ses mots, jusqu’à gagner de leur part un semblant de respect. En dehors de cet événement, Hosono passe relativement inaperçu. Arrivé à New York, il se fait aider par des amis du groupe Mitsui pour retourner chez lui. Son escale à San Francisco attire des journalistes locaux intéressés par son récit et qui le surnomment « The lucky japanese boy ». De retour au pays, il est interviewé par quelques journaux et magazines. Le quotidien Yomiuri Shimbun publie même une photographie de lui et de sa famille.
Hélas, bien vite la publication du témoignage de Archibald Gracie écorne l’image de Masabumi Hosono. L’homme se voit accusé d’être un passager clandestin. Le marin Edward Buley rapporte même devant l’enquête dirigée par le Sénat américain que Hosono fait partie des hommes qui se seraient déguisés en femme pour tromper les officiers. Cette dernière accusation n’a pas été rapporté au Japon.
Le témoignage de Archibald Gracie est largement suffisant pour discréditer aux yeux de la presse Hosono. Rapidement, l’ensemble de la presse japonaise calomnie et blâme Hosono pour avoir survécu et terni l’esprit de sacrifice du samouraï. On ose même dire qu’il aurait mieux valu qu’il meurt dans l’océan au lieu de déshonorer le pays de la sorte. Autre temps autres mœurs. Le lynchage ne s’arrête pas là. Masabumi Hosono se voit licencié de son poste au ministère et les manuels scolaires viennent en l’utiliser comme exemple à ne pas reproduire. Un professeur en éthique va même jusqu’à dénoncer son comportement comme amoral.
Concernant le discrédit jusque dans les manuels scolaires il convient toutefois de nuancer cette source, puisqu’un chercheur, Andô Kenji, fit une recherche en 2007 et ne trouva aucune trace de ce genre de manuel. De plus, Hosono parvint à retrouver son emploi au motif qu’il était un employé compétent. Néanmoins, il est frappé d’ostracisme et de mura hachibu par la communauté japonaise. Il s’éteint à 69 ans le 14 mars 1939, dans la honte et le déshonneur, à la veille de l’entrée en guerre du Japon dans la Seconde Guerre Mondiale.
L’opprobre jetée sur le nom de Hosono poursuivit jusqu’en 1997 l’ensemble de sa famille. Pour dire, le naufrage d’un paquebot japonais en 1954 amena à traîner de nouveau dans la boue la mémoire de Masabumi Hosono. Alors que Hosono n’a jamais reparlé de ce drame, les membres de la famille cherchèrent à laver la mémoire de leur parent en publiant plusieurs fois l’émouvante lettre rédigée à son épouse. Celle-ci fut republiée une dernière fois par son petit-fils, Haruomi Hosono, musicien et membre du Yellow Magic Orchestra, peu après la sortie du film de James Cameron en 1997. La fameux film aura eu le mérite de réviser le jugement du public japonais sur la mémoire de Masabumi Hosono.
Un aperçu de la fameuse lettre de Masabumi Hosono écrite sur un des papiers à lettre du Titanic :
Et la photographie de Hosono et sa famille, certainement diffusée dans le Yomiuri Shimbun :
Sources :
- Masabumi Hosono, Wikipédia, fr.
- Masabumi Hosono, Wikipédia, eng.
- Masabumi Hosono, Wikipédia, jp.
- « A bord du Titanic, quand le destin joue des tours à ce pauvre Masabumi Hosono », Djinzzz, #ETC, 2014.
- « The "shame" of Masabumi Hosono, the only Japanese passenger to survive the sinking of the RMS Titanic, Stefan Andrews, The Vintage News, 13 Sept 2017.
- Masabumi Hosono, Encyclopedia Titanica (2019)
Parlons et présentons donc l'un des rares hommes de deuxième classe à avoir survécu au naufrage et surtout le seul passager japonais du Titanic : Masabumi Hosono ( 細野 正文 ).
Il nait au village Hokura dans la préfecture de Niigita le 15 octobre 1870. En 1896, il ressort diplômé de l’Ecole Commerciale de Tokyo (ancien nom de l’Université Hitotsubashi) et se fait engager dans la société par actions Mitsubishi. En 1897, il quitte la compagnie pour devenir fonctionnaire à la gare de Shiodome. Il gravit progressivement les échelons, jusqu’à devenir directeur des chemins de fer (1908) et un fonctionnaire du Ministère des transports japonais (1910). En parallèle, il apprend le russe à la Tokyo School of Foreign Languages (actuelle Université de Tokyo des études étrangères) en 1906. Ses connaissances linguistiques l’amènent donc en 1910, alors qu’il a une quarantaine d’années, à partir en Russie pour étudier les systèmes ferroviaires et voir comment l’adapter au Japon. Passé deux ans d’observation minutieuse vient le temps de rentrer chez soi. Il fait un détour par Londres avant de se rendre à Southampton où il embarque à bord du Titanic. Seul passager japonais, il voyage en deuxième classe.
La nuit du 14 au 15 avril 1912, Hosono est réveillé par un steward. Il se rue hors de sa cabine pour espérer atteindre les canots. Seulement, on l’empêche de monter sur le pont où se déroule les opérations d’évacuation. Le motif du refus vient du fait que les membres d’équipage pensent qu’il est un immigré de troisième classe. L’erreur est humaine et le contexte historique joue aussi. Il parvient finalement, dans la cohue générale, par atteindre le pont où les fusées de détresse sont lancées :
"All the while flares signalling emergency were being shot into the air ceaselessly, and hideous blue flashes and noises were simply terrifying. Somehow I could in no way dispel the feeling of utter dread and desolation."
L’expérience de Hosono nous est parvenue par une lettre qu’il a rédigé à sa femme à bord du Carpathia. La lettre avait été commencé en anglais à bord du Titanic avant le naufrage. Il la continua ensuite en japonais, une fois sauvé, pour raconter le compte rendu de ses expériences. Ce serait le seul document de ce type rédigé sur le papier à lettres du Titanic. Il est possible d’en trouver des morceaux sur Encyclopedia Titanica.
Désormais sur le pont des embarcations, Hosono ne peut cependant monter à bord d’un canot car il se trouve à bâbord, là où Murdoch refuse aux hommes l’accès aux embarcations. Quatre canots sont mis à flot sous ses yeux. Hosono se prépare donc, fatalement, à sa mort comme il l’explique à son épouse dans sa lettre :
"I tried to prepare myself for the last moment with no agitation, making up my mind not to leave anything disgraceful as a Japanese subject. But still I found myself looking for and waiting for any possible chance for survival."
C’est alors qu’un officier chargé de la mise à l’eau du canot n°10 (ou canot n°13 le doute est permis) crie à la foule qu’il y a de la place pour encore deux personnes. Un homme monte aussitôt à bord. Témoin de cette scène, Hosono hésite puis décide de monter, poussé par le désespoir et la crainte de ne plus revoir sa femme bien-aimée et ses enfants chéris comme il l’expliquera dans sa lettre :
"Fortunately the men in charge were taken up with something else and did not pay much attention. Besides, it was dark, and so they would not have seen who was a man and who a woman."
À 61 mètres du paquebot en train de couler, il aurait entendu quatre explosions distinctes lorsque le Titanic s’est séparé. Il rapporte en ces mots les cris et l’agonie des victimes restées dans l’eau après le naufrage :
"After the ship sank there came back again frightful shrills and cries of those drowning in the water. Our lifeboat too was filled with sobbing, weeping children and women worried about the safety of their husbands and fathers. And I, too, was as much depressed and miserable as they were, not knowing what would become of myself in the long run."
Une fois à bord du Carpathia, il dort dans le fumoir avant de l’éviter suite aux plaisanteries de marins à son égard. Il les repousse avec une « ténacité de bouledogue », pour reprendre ses mots, jusqu’à gagner de leur part un semblant de respect. En dehors de cet événement, Hosono passe relativement inaperçu. Arrivé à New York, il se fait aider par des amis du groupe Mitsui pour retourner chez lui. Son escale à San Francisco attire des journalistes locaux intéressés par son récit et qui le surnomment « The lucky japanese boy ». De retour au pays, il est interviewé par quelques journaux et magazines. Le quotidien Yomiuri Shimbun publie même une photographie de lui et de sa famille.
Hélas, bien vite la publication du témoignage de Archibald Gracie écorne l’image de Masabumi Hosono. L’homme se voit accusé d’être un passager clandestin. Le marin Edward Buley rapporte même devant l’enquête dirigée par le Sénat américain que Hosono fait partie des hommes qui se seraient déguisés en femme pour tromper les officiers. Cette dernière accusation n’a pas été rapporté au Japon.
Le témoignage de Archibald Gracie est largement suffisant pour discréditer aux yeux de la presse Hosono. Rapidement, l’ensemble de la presse japonaise calomnie et blâme Hosono pour avoir survécu et terni l’esprit de sacrifice du samouraï. On ose même dire qu’il aurait mieux valu qu’il meurt dans l’océan au lieu de déshonorer le pays de la sorte. Autre temps autres mœurs. Le lynchage ne s’arrête pas là. Masabumi Hosono se voit licencié de son poste au ministère et les manuels scolaires viennent en l’utiliser comme exemple à ne pas reproduire. Un professeur en éthique va même jusqu’à dénoncer son comportement comme amoral.
Concernant le discrédit jusque dans les manuels scolaires il convient toutefois de nuancer cette source, puisqu’un chercheur, Andô Kenji, fit une recherche en 2007 et ne trouva aucune trace de ce genre de manuel. De plus, Hosono parvint à retrouver son emploi au motif qu’il était un employé compétent. Néanmoins, il est frappé d’ostracisme et de mura hachibu par la communauté japonaise. Il s’éteint à 69 ans le 14 mars 1939, dans la honte et le déshonneur, à la veille de l’entrée en guerre du Japon dans la Seconde Guerre Mondiale.
L’opprobre jetée sur le nom de Hosono poursuivit jusqu’en 1997 l’ensemble de sa famille. Pour dire, le naufrage d’un paquebot japonais en 1954 amena à traîner de nouveau dans la boue la mémoire de Masabumi Hosono. Alors que Hosono n’a jamais reparlé de ce drame, les membres de la famille cherchèrent à laver la mémoire de leur parent en publiant plusieurs fois l’émouvante lettre rédigée à son épouse. Celle-ci fut republiée une dernière fois par son petit-fils, Haruomi Hosono, musicien et membre du Yellow Magic Orchestra, peu après la sortie du film de James Cameron en 1997. La fameux film aura eu le mérite de réviser le jugement du public japonais sur la mémoire de Masabumi Hosono.
Un aperçu de la fameuse lettre de Masabumi Hosono écrite sur un des papiers à lettre du Titanic :
Et la photographie de Hosono et sa famille, certainement diffusée dans le Yomiuri Shimbun :
Sources :
- Masabumi Hosono, Wikipédia, fr.
- Masabumi Hosono, Wikipédia, eng.
- Masabumi Hosono, Wikipédia, jp.
- « A bord du Titanic, quand le destin joue des tours à ce pauvre Masabumi Hosono », Djinzzz, #ETC, 2014.
- « The "shame" of Masabumi Hosono, the only Japanese passenger to survive the sinking of the RMS Titanic, Stefan Andrews, The Vintage News, 13 Sept 2017.
- Masabumi Hosono, Encyclopedia Titanica (2019)
Dernière édition par Tinuviel le Sam 21 Sep 2019 - 9:56, édité 3 fois
Tinuviel-
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Re: Masabumi Hosono
Tinu je suis très contente que tu as écrit ton premier sujet sur le forum.Je voudrais dire que les japonais sont très durs à les hommes qui ne sont pas courageux.Je me souviens que j'avais un camarade qui est japonais et quand il pleurait son père a crié sur lui et il l'a dit que les japonais sont fiers et il ne faut pas de pleurer.
Fini-
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Re: Masabumi Hosono
Merci beaucoup Fini :)
Je ne suis en effet pas surprise par l'expérience que tu racontes. C'est dur et triste de réagir ainsi avec une personne qui ne fait qu'exprimer ses émotions mais l'esprit japonais semble être bien influencé par le passif samouraï imprégné dans leur culture. Il convient aussi de rappeler que en 1912, le militarisme japonais était déjà bien présent mais commençait à évoluer vers celui exacerbé de la période de la deuxième Guerre Mondiale (il y a un film, Eien no Zero, où on peut voir des officiers militaires littéralement hurler et frapper les soldats japonais qui désobéissent aux ordres, ne se comportent pas avec honneur ou ont peur). J'avais aussi vu le phénomène de société où les hommes qui ne sont pas courageux ou n'ont pas d'expériences/pratiques sexuelles sont nommés "herbivores". Bien sûr ça n'a rien à voir avec la société japonaise de 1912 mais on constate que l'image de soi dans la société nippone est toujours très présente même encore aujourd'hui. Ce qu'a vécu Hosono ou ton ami fait malheureusement parti d'un tout sociologique.
Je viens de trouver d'ailleurs une vidéo sur Hosono qui ajoute quelques détails sur les diffamations qu'on aurait portées sur sa conduite pendant le naufrage :
https://youtu.be/V_7_hLqI_Rk
Je ne suis en effet pas surprise par l'expérience que tu racontes. C'est dur et triste de réagir ainsi avec une personne qui ne fait qu'exprimer ses émotions mais l'esprit japonais semble être bien influencé par le passif samouraï imprégné dans leur culture. Il convient aussi de rappeler que en 1912, le militarisme japonais était déjà bien présent mais commençait à évoluer vers celui exacerbé de la période de la deuxième Guerre Mondiale (il y a un film, Eien no Zero, où on peut voir des officiers militaires littéralement hurler et frapper les soldats japonais qui désobéissent aux ordres, ne se comportent pas avec honneur ou ont peur). J'avais aussi vu le phénomène de société où les hommes qui ne sont pas courageux ou n'ont pas d'expériences/pratiques sexuelles sont nommés "herbivores". Bien sûr ça n'a rien à voir avec la société japonaise de 1912 mais on constate que l'image de soi dans la société nippone est toujours très présente même encore aujourd'hui. Ce qu'a vécu Hosono ou ton ami fait malheureusement parti d'un tout sociologique.
Je viens de trouver d'ailleurs une vidéo sur Hosono qui ajoute quelques détails sur les diffamations qu'on aurait portées sur sa conduite pendant le naufrage :
https://youtu.be/V_7_hLqI_Rk
Tinuviel-
Age : 30
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Localisation : En exploration
Re: Masabumi Hosono
Merci pour ton premier sujet, j'espère que plein d'autres suivront ! Je ne connaissais que les grandes lignes de cette histoire mais, au-delà des motifs culturels propres au Japon, je ne suis pas tant étonné que ça de ce lynchage. Ismay en a subi un pas mal aussi, qui dure encore parfois, idem pour Cosmo Duff Gordon qui y a laissé des plumes et de façon générale, on sent dans le témoignage de pas mal d'hommes le besoin de justifier leur survie pour éviter les ennuis. Ce n'est jamais très visible, mais ils n'hésitent pas à montrer qu'on leur a dit de monter, qui, ce qu'ils ont fait pour aider, et ainsi de suite.
Son récit de son embarquement dans un canot correspondrait bien au canot 13 : Beesley, qui y a embarqué, a vécu la même expérience de l'appel au dernier moment pour combler les effectifs. Le canot 10 était à bâbord et, à part lui, aucun homme n'y est signalé hors équipage (et peut-être un passager de troisième) ; du coup, s'il a vraiment été autorisé à monter, ce serait plutôt dans le 13. Ceci étant, on sait aujourd'hui que le 10 a, exceptionnellement, été rempli par Murdoch à bâbord, donc la possibilité n'est pas totalement à exclure.
Son récit de son embarquement dans un canot correspondrait bien au canot 13 : Beesley, qui y a embarqué, a vécu la même expérience de l'appel au dernier moment pour combler les effectifs. Le canot 10 était à bâbord et, à part lui, aucun homme n'y est signalé hors équipage (et peut-être un passager de troisième) ; du coup, s'il a vraiment été autorisé à monter, ce serait plutôt dans le 13. Ceci étant, on sait aujourd'hui que le 10 a, exceptionnellement, été rempli par Murdoch à bâbord, donc la possibilité n'est pas totalement à exclure.
Re: Masabumi Hosono
Merci pour cette biographie très intéressante !
Il a eu de la chance de monter dans un canot mais ce qu'il va vécu ensuite, dans son propre pays, est terrible et ça a été loin. Son honneur n'a été rétabli qu'il y a une vingtaine d'années, bien après sa mort.
Joris
Il a eu de la chance de monter dans un canot mais ce qu'il va vécu ensuite, dans son propre pays, est terrible et ça a été loin. Son honneur n'a été rétabli qu'il y a une vingtaine d'années, bien après sa mort.
Joris
_________________
Le Titanic coulait il y a cent douze ans le 15 avril 1912. Une catastrophe maritime que rien
ne laissait prévoir et qui coûta la vie à plus de 1500 personnes.
Une pensée pour toutes les victimes de cet événement tragique qui a eu lieu il y a un siècle
et n'oublions jamais...
Joris-
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Re: Masabumi Hosono
Quel long voyage pour rentrer chez lui ! Le pauvre il a été bien calomnié, en plus d'être le seul japonais il a dû se sentir très isolé. Et toute sa famille a été embarqué dans cette honte pendant si longtemps. Il aura fallu le film de Cameron pour qu'on lui "pardonne" le fait d'avoir survécu. Il n'a donc pas eu de petite plaque ou d'hommage depuis ?
_________________
"Que le plaisir qu'elle procure éteigne mon corps et le feu de mon âme à tout jamais"
Mon site sur Jack Phillips : http://jackphillips-titanic.e-monsite.com/
Re: Masabumi Hosono
Merci pour vos retours :)
En effet Joris, son honneur a vraiment été rétabli sur le tard et les articles publiés à son sujet ne l'ont été fait qu'en 1997 bien que assez succincts. Mais visiblement on s'intéresse à lui dans son pays comme en témoigne la recherche de Abe en 2007 même si ça reste peu. Pour te répondre Sha're avec quelques recherches (et mes trop peu de connaissances en kanjis) il n'a visiblement pas eu d'hommage ou de petite plaque mais on peut trouver une photographie de sa tombe sur internet :
D'ailleurs l'une des tentatives pour laver son honneur en publiant la lettre a été faite dans les années 1980 quand on se mettait à rechercher l'épave ou qu'on l'avait trouvée. Sur ce point, je suis pas capable de trouver la date précise pour le moment.
LittleTony >> En effet Hosono n'est pas le seul à s'être fait lyncher et Ismay a subi tout aussi pire que lui. Tout comme d'autres hommes présents lors de cette catastrophe (le major Peuchen ou William Carter). Qu'ils aient laissé la vie ou non. Même le capitaine Smith est sujet encore à critique sauf que lui n'a pas survécu et à couler avec son navire, là où Ismay évidemment se traîne encore après sa mort et dans les mémoires une image plus que négative. Sur ce point c'est clairement culturel et l'esprit de la société de ces années-là qu'elle soit occidentale ou autre. Aussi que j'y vois surtout la problématique du survivant et le syndrome qui va avec.
Dans les sources anglaises le canot 10 est celui qui revient. Le canot n°13 n'apparait que dans Encyclopedia Titanica et une source française.D'après Beesley, il aurait pu monter dans le canot n°13 parce que la foule se serait déplacée sur bâbord suite à une rumeur comme quoi on faisait monter les hommes dans les canots. Cela ne semble pas coller en détail avec le témoignage de Hosono pour qu'il ait pris le canot n°13 mais je n'ai pas lu l’entièreté de sa lettre aussi.
En effet Joris, son honneur a vraiment été rétabli sur le tard et les articles publiés à son sujet ne l'ont été fait qu'en 1997 bien que assez succincts. Mais visiblement on s'intéresse à lui dans son pays comme en témoigne la recherche de Abe en 2007 même si ça reste peu. Pour te répondre Sha're avec quelques recherches (et mes trop peu de connaissances en kanjis) il n'a visiblement pas eu d'hommage ou de petite plaque mais on peut trouver une photographie de sa tombe sur internet :
D'ailleurs l'une des tentatives pour laver son honneur en publiant la lettre a été faite dans les années 1980 quand on se mettait à rechercher l'épave ou qu'on l'avait trouvée. Sur ce point, je suis pas capable de trouver la date précise pour le moment.
LittleTony >> En effet Hosono n'est pas le seul à s'être fait lyncher et Ismay a subi tout aussi pire que lui. Tout comme d'autres hommes présents lors de cette catastrophe (le major Peuchen ou William Carter). Qu'ils aient laissé la vie ou non. Même le capitaine Smith est sujet encore à critique sauf que lui n'a pas survécu et à couler avec son navire, là où Ismay évidemment se traîne encore après sa mort et dans les mémoires une image plus que négative. Sur ce point c'est clairement culturel et l'esprit de la société de ces années-là qu'elle soit occidentale ou autre. Aussi que j'y vois surtout la problématique du survivant et le syndrome qui va avec.
Dans les sources anglaises le canot 10 est celui qui revient. Le canot n°13 n'apparait que dans Encyclopedia Titanica et une source française.D'après Beesley, il aurait pu monter dans le canot n°13 parce que la foule se serait déplacée sur bâbord suite à une rumeur comme quoi on faisait monter les hommes dans les canots. Cela ne semble pas coller en détail avec le témoignage de Hosono pour qu'il ait pris le canot n°13 mais je n'ai pas lu l’entièreté de sa lettre aussi.
Tinuviel-
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Re: Masabumi Hosono
D'après les témoignages des survivants de troisième classe, il semblerait qu'il y ait une confusion (légitime) entre Hosono et l'un des six chinois rescapés (ce qui ne facilite pas l'identification des canots !). Pour rappel, ces derniers ont pris place dans le C (4), le 13 ou 15 (1) et un dernier repêché par Lowe (qui a fait preuve d'une grande sympathie à son égard, évidemment).
Selma Asplund a déclaré dans une interview qu'un "chinois" avait sauté dans le canot qu'elle occupait avec deux de ses enfants (le 10 semble retenu), et qu'il y avait beaucoup d'agitation sur le pont (où étaient encore son mari et ses trois autres enfants).
Bertha Mulvihill parle également d'un "chinois" caché dans son canot. E-T évoque le n°10 pour elle, mais ça ne correspond absolument pas au témoignage d'Eugène Daly, qui l'a escorté. Lui a clairement indiqué qu'il l'avait emmené à tribord et surtout, qu'elle avait embarqué à partir du pont A. Il me semble que ce sont les 13 et 15 qui a en été rempli à cet endroit (?).
Honoso a aussi indiqué, et de manière assez catégorique, avoir embarqué du pont des embarcations (ses propos ont été recueillis en mai 1912, les événements devaient être encore bien frais). Si comme tu le dis Antoine, Murdoch a supervisé à un moment le remplissage du 10, ce n'est pas impossible que ce soit ce canot. En plus, ça rejoindrait les propos de Selma Asplund.
Par contre, il y a quelques zones qui laissent quand même planer un petit doute :
Dans son témoignage, Bertha Mulvihill ne parle pas de l'accident évité de peu entre les canots 13 et 15. Vu la gravité de l'événement, c'est quand même curieux. Sauf si elle était dans le 15 (et ça concorderait toujours avec le témoignage de Daly). Comme les deux canots ont été remplis en même temps, les survivants ont pu aisément intervertir les deux (vu le contexte, ils avaient autre chose à faire que de retenir un numéro).
Lillian Asplund a dit avoir embarqué dans un canot à travers une fenêtre, ce qui correspondrait à la promenade de première classe (donc le 13/15). Sauf qu'elle avait 5 ans au moment du naufrage, et qu'E-T n'indique pas à quel moment elle a déclaré cette information ("some time ago" étant bien trop vague). On peut donc prendre ce souvenir avec de grosses pincettes.
Selma Asplund a déclaré dans une interview qu'un "chinois" avait sauté dans le canot qu'elle occupait avec deux de ses enfants (le 10 semble retenu), et qu'il y avait beaucoup d'agitation sur le pont (où étaient encore son mari et ses trois autres enfants).
Bertha Mulvihill parle également d'un "chinois" caché dans son canot. E-T évoque le n°10 pour elle, mais ça ne correspond absolument pas au témoignage d'Eugène Daly, qui l'a escorté. Lui a clairement indiqué qu'il l'avait emmené à tribord et surtout, qu'elle avait embarqué à partir du pont A. Il me semble que ce sont les 13 et 15 qui a en été rempli à cet endroit (?).
Honoso a aussi indiqué, et de manière assez catégorique, avoir embarqué du pont des embarcations (ses propos ont été recueillis en mai 1912, les événements devaient être encore bien frais). Si comme tu le dis Antoine, Murdoch a supervisé à un moment le remplissage du 10, ce n'est pas impossible que ce soit ce canot. En plus, ça rejoindrait les propos de Selma Asplund.
Par contre, il y a quelques zones qui laissent quand même planer un petit doute :
Dans son témoignage, Bertha Mulvihill ne parle pas de l'accident évité de peu entre les canots 13 et 15. Vu la gravité de l'événement, c'est quand même curieux. Sauf si elle était dans le 15 (et ça concorderait toujours avec le témoignage de Daly). Comme les deux canots ont été remplis en même temps, les survivants ont pu aisément intervertir les deux (vu le contexte, ils avaient autre chose à faire que de retenir un numéro).
Lillian Asplund a dit avoir embarqué dans un canot à travers une fenêtre, ce qui correspondrait à la promenade de première classe (donc le 13/15). Sauf qu'elle avait 5 ans au moment du naufrage, et qu'E-T n'indique pas à quel moment elle a déclaré cette information ("some time ago" étant bien trop vague). On peut donc prendre ce souvenir avec de grosses pincettes.
Manny-
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Inscrit le : 27/07/2013
Re: Masabumi Hosono
Je le cite dans une vidéo, je prépare un sujet sur lui, j'ai hâte de croiser mes infos avec les tiennes.
Merci pour le sujet en tout cas ! Pleins d'infos super intéressantes ?
Merci pour le sujet en tout cas ! Pleins d'infos super intéressantes ?
Lastknight-
Age : 33
Messages : 47
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