Kippford
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Kippford
Je me rends compte que bien qu'ayant mentionné Kippford à plusieurs reprises dans mes posts, je n'ai jamais consacré de topic à ce village intiment lié l'histoire familiale des Murdoch. Je souhaite donc ici rassembler les infos que j'ai déjà pu poster ailleurs et en ajouter de nouvelles au fur et à mesure.
Si je reviens sur ce sujet, c'est parce que j'ai récemment accroché le poster ci-dessous dans mon bureau. Cela faisait trois ans qu'il patientait dans son cylindre de carton en attente d'un nouveau mur à habiller. J'ai beaucoup de plaisir à l'avoir devant les yeux quand je travaille, d'autant qu'il est très grand, et cela m'a donné envie de me replonger un peu dans cette histoire.
Il s'agit d'une reproduction d'une ancienne affiche publicitaire pour les chemins de fer, à une époque où les lieux emblématiques des comtés étaient présentés dans les gares. On confiait la réalisation de ces affiches à des illustrateurs ou à des peintres. L'auteur de celle-ci est Charles Oppenheimer (1875-1965), un natif du comté.
Bien que ce ne soit pas précisé sur l'affiche, c'est Kippford qui est ici représenté. Il faut dire que le village est assez emblématique de la "Solway Coast" et qu'il est devenu dans les années 1920/30 un lieu de vacances apprécié des familles et des amateurs de régates.
Kippford (à l'origine "The Scaur") est un petit village du Sud de l'Ecosse, situé sur les rives de l'estuaire Urr et appartenant à la paroisse de Colvend. La ville natale de William Murdoch, Dalbeattie, se trouve à 8 km plus au nord. Longtemps, Kippford demeure composé d'une vingtaine de cottages à toits de chaume. Il n'y a pas de magasins, pas de poste, pas d'école, ni église. Les habitants se font enterrer au cimetière de Colvend et les enfants vont en classe à trois kilomètres plus haut à Barnbarroch. L'unique route du village est chaque jour inondée par les marrées. Ce n'est que dans les années 1880, et à la seule initiative des habitants, qu'elle fut rehaussée et bordée d'un mur. Quant à l'eau courante, elle n'est installée qu'en 1937. Je crois que l’électricité vint plus tard encore. Dans un de ses articles, Samuel Murdoch Crosbie raconte que déjà au XIXe le village est décrit comme ayant "un siècle de retard".
L'économie du village semble avoir essentiellement tournée autour de l'exploitation du granite. Deux choix s'offraient alors aux hommes : travailler dans la carrière pour fendre la roche, ou bien s'engager dans l'équipage des bateaux transportant les blocs de granite jusqu'en Angleterre. Car Kippford occupe une place de choix sur la route des navires de commerce qui naviguent dans le Solway Firth entre Dalbeattie et Liverpool.
La pratique de la pêche n'a jamais été très importante, car la navigation dans l'estuaire Urr est rendue très délicate par de nombreux courants et bancs de sables immergés qui varient selon les marées et piègent les navires.
On trouvait des paysans sur les hauteurs du villages, exploitants de minuscules parcelles. Certains complétaient leurs revenus avec un petit métier artisanal comme la cordonnerie et vendaient leurs productions dans les villes voisines.
Alors que la carrière de granite commence à être supplantée par celle de Dalbeattie, plus grande, le début du XVIIIe siècle voit émerger une nouvelle activité qui va fournir des emplois à la moitié des ménages de Kippord. Il s'agit d'un chantier naval créé par deux frères de la famille Cumming. L'histoire raconte qu'ils se rendirent à pieds jusqu'à Whitehaven où ils passèrent deux ans à se former au métier, puis revinrent monter leur entreprise qui connu rapidement le succès. Devant le nombre important de commandes, le chantier naval est agrandit vers 1860 et se voit équiper d'un rail facilitant les réparations et les mises à l'eau. Le premier navire a sortir de ce chantier nouvelle génération fut le "Try Again". Il navigua sur les mers du globe de 1867 jusqu'en 1906, année où il coula avec tout son équipage dans le canal de Bistrol. Le père de William Murdoch effectua son apprentissage à bord de l'un des bateaux nés du chantier Cumming.
Chaque baptême de bateau était un événement et l'on sait par un témoignage écrit qu'à ces occasions l'école fermait ses portes pour qu'il soit permis aux enfants et professeurs d'assister au spectacle.
Cependant, la construction navale décline rapidement au lendemain de la Première guerre mondiale avec l'essor de la vapeur. Le chantier survit quelques années en effectuant de simples réparations, puis met la clé sous la porte dans les années 1920 tandis que se développe une nouvelle activité qui reste aujourd'hui la principale source de revenu du village : le tourisme.
De par son emplacement exceptionnel et la douceur du climat (grâce au Gulf Stream), le village est fréquenté dès le début des années 1900 par des touristes en quête de pittoresque. De nombreux cottages ont encore des toits de chaume, et comme on l'a vu plus haut, le confort est rudimentaire. Des régates sont organisées pendant les beaux jours d'été, attirant un public d'amateurs de plus en plus nombreux. Elles cessent avec la Première Guerre mondiale, puis reprennent officiellement en 1928. À cette époque la réputation touristique de Kippford a prit une nouvelle ampleur. On y vient pour pêcher, naviguer, faire du golf, et en prenant un petit sentier on arrive bien vite sur la plage de Rockcliffe idéale pour se baigner. De nombreuses cartes postales sont éditées, des guides de voyage publiés. Kippford s'affiche jusque dans les gares de tout le pays au côté d'autres destinations prisées.
Malgré la forte fréquentation touristique, Kippford a peu changé. Cela s'explique par sa situation au raz de l'eau sur une rive peu étendue qui limite les possibilités d'aménagement. Les constructions modernes se trouvent essentiellement sur les hauteurs du village, épargnant ainsi la partie ancienne qui n'a pas eu à subir de grandes modifications.
Héritage du tourisme de la Belle époque, deux hôtels se tiennent face à l'estuaire et la grande majorité des anciens cottages sont encore aujourd'hui des locations de vacances. Les régates se poursuivent toujours et les anciens locaux du chantier naval abritent désormais un club de voiles. Il n'y a toujours pas d'école, ni église. On compte un seul magasin qui vends des souvenirs, des scones et des glaces. Quant au bureau de poste, qui avait ouvert dans les années 1910 par une cousine de William Murdoch, il a définitivement fermé en 2002. Un recensement de la population effectué la même année comptait 140 personnes.
Pour le moment, je m'en tiendrais là en ce qui concerne l'histoire de Kippford. Voici à présent ma collection de cartes postales. Certains en reconnaîtront quelques-unes déjà postées à droite à gauche, dont sur mon blog qui n'existe plus. C'est donc l'occasion de toutes les mettre au même endroit. J'en ai 17, bientôt 18, alors je ne les posterais pas toutes en même temps.
Carte postale écrite par une famille habituée des vacances à Kippford, mais pas de date. Editée par J. Scott, poste de Rockcliffe (village voisin).
J'avais utilisé cette carte pour entourer quelque-unes des maisons liées à la famille Murdoch.
Le "shipyard" est le chantier naval des Cumming, et le "slipway", c'est le rail installé dans les années 1860.
Carte postale écrite et envoyée à New York. Date à moitié effacée, possiblement 1930. Editée par J. Cumming, cousin de Murdoch tenant la poste de Kippford.
Les landes et prairies que l'on voit sur les hauteurs du village sont aujourd'hui en grande partie recouvertes d'arbres.
Carte postale non écrite et non datée. Editée par J. Cumming, le même que cité ci-dessus.
Si je reviens sur ce sujet, c'est parce que j'ai récemment accroché le poster ci-dessous dans mon bureau. Cela faisait trois ans qu'il patientait dans son cylindre de carton en attente d'un nouveau mur à habiller. J'ai beaucoup de plaisir à l'avoir devant les yeux quand je travaille, d'autant qu'il est très grand, et cela m'a donné envie de me replonger un peu dans cette histoire.
Il s'agit d'une reproduction d'une ancienne affiche publicitaire pour les chemins de fer, à une époque où les lieux emblématiques des comtés étaient présentés dans les gares. On confiait la réalisation de ces affiches à des illustrateurs ou à des peintres. L'auteur de celle-ci est Charles Oppenheimer (1875-1965), un natif du comté.
Bien que ce ne soit pas précisé sur l'affiche, c'est Kippford qui est ici représenté. Il faut dire que le village est assez emblématique de la "Solway Coast" et qu'il est devenu dans les années 1920/30 un lieu de vacances apprécié des familles et des amateurs de régates.
Kippford (à l'origine "The Scaur") est un petit village du Sud de l'Ecosse, situé sur les rives de l'estuaire Urr et appartenant à la paroisse de Colvend. La ville natale de William Murdoch, Dalbeattie, se trouve à 8 km plus au nord. Longtemps, Kippford demeure composé d'une vingtaine de cottages à toits de chaume. Il n'y a pas de magasins, pas de poste, pas d'école, ni église. Les habitants se font enterrer au cimetière de Colvend et les enfants vont en classe à trois kilomètres plus haut à Barnbarroch. L'unique route du village est chaque jour inondée par les marrées. Ce n'est que dans les années 1880, et à la seule initiative des habitants, qu'elle fut rehaussée et bordée d'un mur. Quant à l'eau courante, elle n'est installée qu'en 1937. Je crois que l’électricité vint plus tard encore. Dans un de ses articles, Samuel Murdoch Crosbie raconte que déjà au XIXe le village est décrit comme ayant "un siècle de retard".
L'économie du village semble avoir essentiellement tournée autour de l'exploitation du granite. Deux choix s'offraient alors aux hommes : travailler dans la carrière pour fendre la roche, ou bien s'engager dans l'équipage des bateaux transportant les blocs de granite jusqu'en Angleterre. Car Kippford occupe une place de choix sur la route des navires de commerce qui naviguent dans le Solway Firth entre Dalbeattie et Liverpool.
La pratique de la pêche n'a jamais été très importante, car la navigation dans l'estuaire Urr est rendue très délicate par de nombreux courants et bancs de sables immergés qui varient selon les marées et piègent les navires.
On trouvait des paysans sur les hauteurs du villages, exploitants de minuscules parcelles. Certains complétaient leurs revenus avec un petit métier artisanal comme la cordonnerie et vendaient leurs productions dans les villes voisines.
Alors que la carrière de granite commence à être supplantée par celle de Dalbeattie, plus grande, le début du XVIIIe siècle voit émerger une nouvelle activité qui va fournir des emplois à la moitié des ménages de Kippord. Il s'agit d'un chantier naval créé par deux frères de la famille Cumming. L'histoire raconte qu'ils se rendirent à pieds jusqu'à Whitehaven où ils passèrent deux ans à se former au métier, puis revinrent monter leur entreprise qui connu rapidement le succès. Devant le nombre important de commandes, le chantier naval est agrandit vers 1860 et se voit équiper d'un rail facilitant les réparations et les mises à l'eau. Le premier navire a sortir de ce chantier nouvelle génération fut le "Try Again". Il navigua sur les mers du globe de 1867 jusqu'en 1906, année où il coula avec tout son équipage dans le canal de Bistrol. Le père de William Murdoch effectua son apprentissage à bord de l'un des bateaux nés du chantier Cumming.
Chaque baptême de bateau était un événement et l'on sait par un témoignage écrit qu'à ces occasions l'école fermait ses portes pour qu'il soit permis aux enfants et professeurs d'assister au spectacle.
Cependant, la construction navale décline rapidement au lendemain de la Première guerre mondiale avec l'essor de la vapeur. Le chantier survit quelques années en effectuant de simples réparations, puis met la clé sous la porte dans les années 1920 tandis que se développe une nouvelle activité qui reste aujourd'hui la principale source de revenu du village : le tourisme.
De par son emplacement exceptionnel et la douceur du climat (grâce au Gulf Stream), le village est fréquenté dès le début des années 1900 par des touristes en quête de pittoresque. De nombreux cottages ont encore des toits de chaume, et comme on l'a vu plus haut, le confort est rudimentaire. Des régates sont organisées pendant les beaux jours d'été, attirant un public d'amateurs de plus en plus nombreux. Elles cessent avec la Première Guerre mondiale, puis reprennent officiellement en 1928. À cette époque la réputation touristique de Kippford a prit une nouvelle ampleur. On y vient pour pêcher, naviguer, faire du golf, et en prenant un petit sentier on arrive bien vite sur la plage de Rockcliffe idéale pour se baigner. De nombreuses cartes postales sont éditées, des guides de voyage publiés. Kippford s'affiche jusque dans les gares de tout le pays au côté d'autres destinations prisées.
Malgré la forte fréquentation touristique, Kippford a peu changé. Cela s'explique par sa situation au raz de l'eau sur une rive peu étendue qui limite les possibilités d'aménagement. Les constructions modernes se trouvent essentiellement sur les hauteurs du village, épargnant ainsi la partie ancienne qui n'a pas eu à subir de grandes modifications.
Héritage du tourisme de la Belle époque, deux hôtels se tiennent face à l'estuaire et la grande majorité des anciens cottages sont encore aujourd'hui des locations de vacances. Les régates se poursuivent toujours et les anciens locaux du chantier naval abritent désormais un club de voiles. Il n'y a toujours pas d'école, ni église. On compte un seul magasin qui vends des souvenirs, des scones et des glaces. Quant au bureau de poste, qui avait ouvert dans les années 1910 par une cousine de William Murdoch, il a définitivement fermé en 2002. Un recensement de la population effectué la même année comptait 140 personnes.
Pour le moment, je m'en tiendrais là en ce qui concerne l'histoire de Kippford. Voici à présent ma collection de cartes postales. Certains en reconnaîtront quelques-unes déjà postées à droite à gauche, dont sur mon blog qui n'existe plus. C'est donc l'occasion de toutes les mettre au même endroit. J'en ai 17, bientôt 18, alors je ne les posterais pas toutes en même temps.
Carte postale écrite par une famille habituée des vacances à Kippford, mais pas de date. Editée par J. Scott, poste de Rockcliffe (village voisin).
J'avais utilisé cette carte pour entourer quelque-unes des maisons liées à la famille Murdoch.
Le "shipyard" est le chantier naval des Cumming, et le "slipway", c'est le rail installé dans les années 1860.
Carte postale écrite et envoyée à New York. Date à moitié effacée, possiblement 1930. Editée par J. Cumming, cousin de Murdoch tenant la poste de Kippford.
Les landes et prairies que l'on voit sur les hauteurs du village sont aujourd'hui en grande partie recouvertes d'arbres.
Carte postale non écrite et non datée. Editée par J. Cumming, le même que cité ci-dessus.
Tiphaine-
Age : 35
Messages : 4914
Inscrit le : 09/07/2010
Localisation : Vallée de la Creuse
Re: Kippford
Honnêtement, moi aussi je pensais qu’il y avait déjà un sujet dédiée à Kippford, tellement j’ai lu souvent ce nom qui revenait dans les posts. Mais aussi parce que ton poster, Tiphaine, me faisait penser à une autre photo que tu as postée plus bas (la dernière carte postale, en fait). De mémoire, c’est un (ou deux ?) membre(s) de la famille Murdoch dans le canot ?
Ou alors, je dis n’importe quoi. Ca aussi, c’est possible.
N’empêche que ça amène une question : l’affiche d’Oppenheimer ressemble quand même beaucoup à la carte postale. Il s’en est inspiré pour son affiche ?
Pas vraiment de bons choix de vie pour les Kippfordiens (ça se dit ?). Soit c’est la mine de cailloux, soit c’est loin de chez toi, à bord d’un navire, avec l’incertitude de rentrer auprès des tiens, jusqu’à ce que ça s’améliore un peu.
Est-ce que Kippford et Dalbeattie sont vraiment isolés ? J’entends par là, à combien de km se trouve la gare la plus proche ? Comme tu parles de l’essor du tourisme, j’aurais tendance à dire : pas loin.
Quand à Charles Oppenheimer, il a lien de parenté avec le Oppenheimer de la première bombe atomique ?
NB : jolie collection de cartes postales, et j’ai hâte de voir les suivantes.
Ou alors, je dis n’importe quoi. Ca aussi, c’est possible.
N’empêche que ça amène une question : l’affiche d’Oppenheimer ressemble quand même beaucoup à la carte postale. Il s’en est inspiré pour son affiche ?
Pas vraiment de bons choix de vie pour les Kippfordiens (ça se dit ?). Soit c’est la mine de cailloux, soit c’est loin de chez toi, à bord d’un navire, avec l’incertitude de rentrer auprès des tiens, jusqu’à ce que ça s’améliore un peu.
Est-ce que Kippford et Dalbeattie sont vraiment isolés ? J’entends par là, à combien de km se trouve la gare la plus proche ? Comme tu parles de l’essor du tourisme, j’aurais tendance à dire : pas loin.
Quand à Charles Oppenheimer, il a lien de parenté avec le Oppenheimer de la première bombe atomique ?
NB : jolie collection de cartes postales, et j’ai hâte de voir les suivantes.
Dernière édition par Denis le Mar 1 Nov 2016 - 21:38, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Kippford
Merci pour le sujet Tiphaine c'est très intéressant. On pourrait presque fermer les yeux et s'imaginer à Kippford. Je me demandais si les frères Cumming avaient eux aussi un lien de parenté avec Murdoch, il me semble d'après mes lointains souvenirs que le nom de famille de la grand-mère de William était Cumming aussi à moins que ce soit Cummings? C'est toute une histoire de généalogie ces petits villages!
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