Les débuts de livres

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Message  Tiphaine Dim 23 Mar 2014 - 16:21

Voilà, en plus de la liste d'extraits de livres que j'ai commencé à me faire depuis quelques semaines, j'ai eu envie, hier au soir, de commencer une liste des débuts de livres. L'idée m'est venue au cours d'une réflexion sur la façon dont l'on débute un roman. Les premières lignes à écrire, les premiers mots que verra le lecteur (et même d'abord l'éditeur)... Pas simple. Ainsi, je trouve intéressant de regarder les différentes manières dont les auteurs ont choisi de commencer leurs livres.

Pour cette liste, contrairement à celle des extraits qui concerne tous types d'ouvrages, je vais privilégier les romans, autobiographies et biographies. En voici quelques-uns notés de livres que j'ai lu plus ou moins récemment. J'ai précisé la date de publication de l'ouvrage et celle de l'exemplaire que j'ai en ma possession et d'où est tiré l'extrait. 
Enfin, quand je dis "début de livre", j'entends par là que je ne prends en compte que le premier paragraphe. Et si celui-ci est trop long je limite à quelques lignes (ce que je n'ai pas eu besoin de faire pour ceux-ci).

Libre à vous d'en rajouter.  fkpo 


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I don't think my relatives ever knew how amazed I was when I obtained their consent to go to sea. I chuckled at my good luck, as they no doubt chuckled at their good riddance.
(Je ne pense pas que mes proches aient jamais su à quel point j'étais étonné quand j'ai obtenu leur consentement pour aller en mer. Je riais de ma bonne chance, tout comme ils ont sans nul doute ri de ce bon débarras.)
Titanic and Other Ships, Charles Lightoller
Publié en 1935, première édition.


Vais-je devenir le héros de ma propre biographie, ou bien ce rôle sera-t-il joué par quelque autre personne, c'est ce que le présent ouvrage devra démontrer. Pour commencer le récit de ma vie par le commencement de ma vie, je note que je suis né (à ce que l'on m'a dit, et je le crois) un vendredi à minuit. On remarqua que la pendule sonna et que je commençais à crier simultanément.
David Copperfield, Charles Dickens
Publié en 1849, édition de 1966 - Traduit de l'anglais


Il était impossible de faire une promenade ce jour-là. Nous avions bien erré dans le bosquet effeuillé pendant une heure, le matin ; mais depuis le dîner (Mrs Reed, lorsqu'il n'y avait pas d'invités, dînait tôt), le vent froid de l'hiver avait apporté des nuages si sombres et une pluie pénétrante que toute idée d'exercices en plein air était maintenant exclu.
Jane Eyre, Charlotte Brontë
Publié en 1847, édition de 1973 - Traduit de l'anglais


Nous habitions dans le bas de la rue de Siam, ainsi la nommait-on depuis près d'un siècle. Mon père Jean-Sébastien Morgat exerçait la profession de shipchandler et notre boutique ouvrait sa porte non loin des rives de la Penfeld encombrées de caisses de munitions, de tonneaux de poudre et de manœuvres fraîchement filées dans la corderie du bagne.
L'Ancre de Miséricorde, Pierre Mac Orlan
Publié en 1941, édition de 1960


En 1632, je naquis à York, d'une bonne famille, mais qui n'était point de ce pays. Mon père, originaire de Brême, établi premièrement à Hull, après avoir acquis l'aisance et s'être retiré du commerce, était venu résider à York où il s'était allié, par ma mère, à la famille Robinson, une des meilleures de la province. C'est à cette alliance que je devais mon double nom de Robinson-Kreutznaer ; mais, aujourd'hui, par une corruption de mots assez commune en Angleterre, on nous nomme, nous nous nommons et signons Crusoé. C'est ainsi que mes compagnons m'ont toujours appelé.
Robinson Crusoé, Daniel Defoe
Publié en 1719, édition de 1956 - Traduit de l'anglais


Il mesurait six pieds, moins un ou deux pouces, peut-être ; solidement bâti, il s'avançait droit sur vous, les épaules légèrement voûtées et la tête en avant, avec un regard fixe venu d'en dessous, comme un taureau qui va charger. Sa voix était profonde et forte, et son attitude trahissait une sorte de hauteur morose, qui n'avait pourtant rien d’agressif. On aurait dit une réserve qu'il s'imposait à lui-même autant qu'il l'imposait aux autres. D'une impeccable netteté, et toujours vêtu, des souliers au chapeau, de blanc immaculé, il était très populaire dans les divers ports d'Orient où il exerçait son métier de commis maritime chez les fournisseurs de navires.
Lord Jim, Joseph Conrad
Publié en 1900, édition de 1996 - Traduit de l'anglais


C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier, et, si peu que l'on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu'il arrive dans une nouvelle résidence, cette idée est si bien fixée dans l'esprit de ses voisins qu'ils le considèrent sur-le-champ comme la propriété légitime de l'une ou l'autre de leurs filles.
Orgueil et Préjugés, Jane Austen
Publié en 1813, édition de 2012 - Traduit de l'anglais


I was born on St. Thomas's day on the year 1856. I can recall being at my mother's breast, for I was four years old before I was weaned. I am 'the scrapings of the pot', the last of the litter. That's why I was left o long at the breats. I was a spoilt child, too.
(Je suis né le jour de la Saint Thomas en 1856. Je me souviens avoir été au sein de ma mère, car je ne fus pas sevré avant mes quatre ans. Je suis "la raclure du pot", le dernier de la litière. C'est pourquoi je suis resté si longtemps allaité. J'étais aussi un enfant gâté.)
The Islandman, Tomas O Criomhthain
Publié en 1929, édition de 2000


I always wanted to be a sailor – perhaps if I had known what being a sailor really means I should not have been so anxious to go to sea. It is not all fun and frolic, as some people seem to think ; it is hard work and hard study if you want to get on, and a lot of peril thrown in.
(J'ai toujours voulu être un marin - peut-être que si j'avais su ce que signifie réellement être marin, je n'aurais pas été si pressé d'aller en mer. Ce n'est pas qu'amusement et batifolage, comme certains semblent le penser; c'est un dur travail et de dures études si vous voulez réussir, et par-dessus tout beaucoup de périls.)
The Castaways of Disapointment Island, H. Escott-Inma (d'après le témoignage de Charles Eyre)
Publié en 1911, première édition.
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Message  Manny Dim 23 Mar 2014 - 20:27

Ah ! Excellent sujet Tiphaine, j'ai toujours trouvé l'incipit de roman très intéressant. Le récit commence souvent par l'évocation du cadre spatio-temporel, de la description du personnage... histoire d'entrer de suite dans le récit. J'en avais d'ailleurs noté quelques-uns, en voici deux:



"J'avais trente-sept ans, et je me trouvais à bord d'un Boeing 747. L'énorme appareil descendait à travers de gros nuages chargés de pluie, et s'apprêtait à atterrir à l'aéroport de Hambourg. La pluie froide de novembre obscurcissait la terre, et tout, absolument tout, du personnel technique revêtu de cirés aux drapeaux qui flottaient mollement sur le bâtiment de l'aéroport, en passant par les panneaux publicitaires pour BMW, baignait dans la mélancolie caractéristique des peintures flamandes. Une fois encore, j'étais de retour en Allemagne."
La ballade de l'impossible, Haruki Murakami


"La sombre forêt de résineux se resserrait de chaque côté du fleuve gelé. Les arbres, qu'une récente bourrasque avait dépouillés de leur blanche couverture de givre, semblaient se pencher les uns vers les autres, ténébreux et inquiétants dans le jour blafard. C'était le règne du silence et de la solitude, un monde figé, si froid et si désolé qu'il se situait au-delà même de toute tristesse. En fait, on y percevait plutôt comme l'ébauche d'un Sphinx, un rire sinistre et angoissant participant de l'inéluctable. C'était l'impérieuse et indicible sagesse de l'éternité qui manifestait sa dérision à l'égard de la vie et de ses vaines entreprises. C'était l'immensité sauvage et glacée du Grand Nord."
Croc-Blanc, Jack London
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Message  Tiphaine Dim 20 Avr 2014 - 23:32

J'adore tes exemples d'incipit, Manon ! Croc-Blanc me rappelle pleins de souvenirs, même si je ne connais que le film... C'est aussi pour ça que j'ai eu plaisir à lire cet extrait. En voici de livres que je viens de commencer. Et oui, je suis toujours avec Conrad ces temps-ci. Je crois que cet auteur me plait définitivement bien ! sourire 


L'aspect du capitaine Mac Whirr, pour autant qu'on pouvait en juger, faisait pendant exact à son esprit et n'offrait caractéristique bien marquée de bêtise, non plus que de fermeté ; il n'offrait caractéristique aucune. Mac Whirr paraissait quelconque, apathique et indifférent.
Typhon, Joseph Conrad
Publié en 1903, édition de 1923


On peut écrire des livres en toutes sortes de lieux. Des mots inspirés peuvent pénétrer dans la cabine d'un marin à bord d'un navire immobilisé par les glaces d'un fleuve au milieu d'une ville ; et puisque le saints sont censés considérer avec bienveillance les humbles croyants, je me plais à imaginer que le fantôme du vieux Flaubert – qui croyait, entre autres choses, descendre des Vikings – aurait pu s'attarder avec un intérêt souriant sur les ponts d'un vapeur jaugeant deux mille tonneaux nommé l'Adowa, à bord duquel, bloqué le long d'un quai de Rouen par l'hiver inclément, fut commencé le dixième chapitre de La Folie Almayer.
Souvenirs Personnels, Joseph Conrad
Publié en 1912, édition de 2012
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Message  Tiphaine Sam 3 Mai 2014 - 13:04

Un incipit que j'attendais avec impatience. Il m'a été envoyé par mon frère qui a le livre sous la main, à savoir Timbré (titre original : Going Postal) de Terry Pratchett. Je l'avais acheté après avoir vu l'adaptation ciné, et dès lors je suis devenue fan de cet auteur. L'incipit est très court, mais particulièrement réussi parce qu'il nous met tout de suite dans l'ambiance satirique et le ton décalé des œuvres de Pratchett.


On dit que l'idée d'être pendu au petit matin aide considérablement l'esprit du condamné à se concentrer; malheureusement il se concentre sur le fait qu'il habite un corps qu'on va pendre au petit matin.
Timbré, Terry Pratchett
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Message  Tiphaine Ven 20 Juin 2014 - 15:04

Quelques années plus tard, sur un remorqueur dans le golfe du Mexique, Joe Coughlin verrait ses pieds disparaître dans un bac de ciment frais. Pendant que les douze gangsters embarqués avec lui attendraient d'être assez loin en mer pour le jeter par-dessus bord, il laisserait son regard se perdre dans les flots écumeux à la poupe tout en écoutant le moteur ahaner. Il lui viendrait alors à l'esprit que presque tout ce qui s'était produit de notable dans sa vie - en bien comme en mal - avait été mis en branle ce matin-là, lorsqu'il avait croisé pour la première fois la route d'Emma Gould.
Ils vivent la nuit, Dennis Lehane
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Message  Tiphaine Sam 28 Juin 2014 - 11:19

J'ai emprunté à la bibliothèque ce matin un livre que j'avais acheté et lu il y a trois ou quatre ans, puis prêté à ma tante... Vous savez ce que c'est
quand on prête ses livres.  sourire  Comme je l'avais beaucoup aimé, j'ai envie de m'y replonger. Reste que c'est un livre difficile. J'en ferais peut-être un post quand je l'aurais de nouveau terminé. En attendant, voici le début :

Mon père et ma mère auraient dû rester à New York où ils se sont rencontrés, mariés, et où je suis né. Au lieu de ça, ils sont retournés en Irlande lorsque j'avais quatre ans, mon frère, Malachy, trois, les jumeaux, Oliver et Eugene, à peine un, et que ma sœur, Margaret, était morte et enterrée. Quand je revois mon enfance, le seul fait d'avoir survécu m'étonne. Ce fut, bien sûr, une enfance misérable : l'enfance heureuse vaut rarement qu'on s'y arrête. Pire que l'enfance misérable ordinaire est l'enfance misérable en Irlande. Et pire encore est l'enfance misérable en Irlande catholique.
Les Cendres d'Angela, Franck McCourt
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Message  Manny Ven 15 Aoû 2014 - 15:41

Un incipit qui donne un avant goût de ce qui nous attend au fil des pages, diablement efficace.

"Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables. C'est son histoire qu'il s'agit de raconter ici. Il s'appelait Jean-Baptiste Grenouille et si son nom, à la différence de ceux d'autres scélérats de génie comme par exemple Sade, Saint-Just, Fouché, Bonaparte, etc., est aujourd'hui tombé dans l'oubli, ce n'est assurément pas que Grenouille fût moins bouffi d'orgueil, moins ennemi de l'humanité, moins immoral, en un mot moins impie de ces malfaisants plus illustres, mais c'est que son génie et son unique ambition se bornèrent à un domaine qui ne laisse point de traces dans l'histoire : au royaume évanescent des odeurs."

Le Parfum, Patrick Süskind

Inutile de préciser que je conseille absolument ce livre, si vous le l'avez pas déjà lu.  sourire 
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Message  Tiphaine Jeu 29 Jan 2015 - 16:18

Il y a très longtemps, quand tous les grands-pères et toutes les grands-mères n'étaient que des petits garçons ou des petits filles, ou même de très petits bébés, s'ils étaient déjà nés, Papa, Maman, Marie, Laura et bébé Carrie quittèrent la petite maison où ils vivaient, dans les grands bois du Wisconsin. Ils montèrent dans un chariot bâché et l'abandonnèrent, solitaire et vide, au cœur de sa clairière cernée par les grands arbres. Ils ne devaient plus jamais revoir cette petite maison. Ils s'en allaient vivre au loin, en pays indien.

La petite maison dans la prairie, tome 1, Laura Ingalls Wilder
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Message  Tiphaine Jeu 9 Juil 2015 - 11:41

Les expériences que je relate dans ce volume me sont arrivées personnellement durant l'été 1902. Je suis descendu dans les bas-fonds londoniens avec le même état d'esprit que l'explorateur, bien décidé à ne croire que ce que je verrais par moi-même, plutôt que de m'en remettre aux récits de ceux qui n'avaient pas été témoins des faits qu'ils rapportaient et de ceux qui m'avaient précédé dans mes recherches. J'étais parti avec quelques idées très simples qui m'ont permis de me faire une opinion : tout ce qui améliore la vie, en renforçant sa santé morale et physique, est bon pour l'individu ; tout ce qui, au contraire, tend à la détruire est mauvais. Le lecteur s'apercevra bien vite que c'est cette dernière catégorie qui prédomine dans mon ouvrage. L'Angleterre était pourtant, au moment où j'écris ces lignes, dans une période qu'il est convenu d'appeler le "bon vieux temps".
Le peuple de l'abîme, Jack London
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Message  PhilC Jeu 20 Aoû 2015 - 1:24

Mes mains tremblent.
Ce n’est pas la peur, celle-ci m’a quitté depuis longtemps. Elle a déserté ce corps sans épaisseur, sans emprise possible. Trop de vie a déjà glissé dessus jusqu’en lisser les aspérités aux creux desquelles se cache habituellement la peur.
C’est le temps.
Qui n’a besoin d’aucun repli, d’aucune faille pour saisir et corrompre l’âme et la chair.
Ce précieux temps qui a emporté avec lui tant d’existences.
Les gens contemplent rarement le temps. Ils n’en ont qu’une vision très approximative, relative et subjective à la fois.
Le temps est pourtant réel, n’en déplaise aux scientifiques de l’atome et de l’espace que j’ai vus fleurir aux cours de ce vingtième siècle finissant. Il est pourtant palpable, plus qu’une entité, je l’ai vu revêtir des habits et endosser un visage.
Je l’ai vu tuer.
Cela doit être dit.


Léviatemps, Maxine Chattam
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Message  Tiphaine Mer 30 Déc 2015 - 14:44

L'incipit d'une de mes lectures du moment :


Lorsque Matthew Peoples remarque quelque chose, le soir approche déjà. Sa silhouette massive campée au milieu du champ, un simple tricot de corps gris sale, une torsion du bras pour se gratter le creux de l'épaule. Sans rien dire, il s'interroge sur ce qu'il vient de voir. On croirait la queue incurvée d'un chat, mince et grise, comme un peu de fumée que l'on confondrait facilement avec l'étain des nuages. La nuit descend tout doucement et, dans la lumière qui vient avec le déclin du jour, ce frémissement jaune qui enrobe d'une lueur blonde la campagne de Carnavarn, il aurait très bien pu ne pas s'en rendre compte.

La neige noire, Paul Lynch
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