Jack Thayer
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Anne-Aymone57
william
Historiapassionata
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Titanic :: Les Passagers :: 1ère classe
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Jack Thayer
Né le 24 décembre 1894, Jack avait 17 ans lorsqu' il embarqua avec ses parents en 1ère classe sur le Titanic dans une cabine de luxe voisine de celle de ses parents sur le pont C à babord.
Lorsque le bateau heurta l' iceberg, Jack était au lit. Il sorti de sa cabine et se dirigea vers le pont, son père le rejoigna. Quand ils comprirent que la situation était dramatique, toute la famille se rendit au salon du pont A. Jack retrouva son ami Milton Long. Plus tard, Jack fut séparer de ses parents qui furent emportés par la foule.
Long et Thayer se demandaient s' il fallait se jeter à l' eau et ensuite nager jusqu' à une embarcation mais ils se trouvaient à 20 m au dessus de l' eau. Ils préféraient attendre. A 2h15, ce fut le moment. Ce dont ils avaient peur, c' est d' être aspiré par le tourbillon et entraîné par le fond ou d' être blessé et de ne pas pouvoir nager. Ils attendirent jusqu' au dernier moment quand ils seraient à quelques mètres de l' eau. Long se laissa glisser le long d' un cordage puis ce fut le tour de Thayer. Il ne revit plus Long, il avait du être aspiré vers l' intérieur du navire. Ces quelques secondes de décalage firent toute la différence entre eux. Sous l' eau, Jack nageat s' éloignant le plus possible du navire. Il s' arrêta et regarda le Titanic couler.
La 2ème cheminée s' écrasa à quelques mètres de lui ce qui l' entraîna par le fond. Il réussit à remonter à la surface et découvrit le radeau B retourné et s' y hissa. Il s' accroupi et resta ainsi des heures.
Les croquis dessinés par un passager du Carpathia décrit par Jack Thayer. Il a bien vu le navire se briser en 2.
Des cris terribles se faisaient entendre qui durèrent 20 à 30 min. "Je me demanderai toujours comment un être humain put ne pas répondre à ses cris. On dit qu' ils auraient craint d être submergés par la multitude des gens qui se débattaient dans l' eau. Le plus déchirant dans toute cette tragédie, c' est peut-être celà : que des bateaux qui n' étaient qu' à demi remplis ne viennent pas secourir les malheureux qui avaient été précipités dans l' eau. Ils étaient là à 4 ou 500 m de nous, ils entendaient les cris et ne bougèrent pas. S' ils étaient venus, des centaines de gens auraient pu être sauvé."
Lorsque le Carpathia vint les récupérer, il aperçoit sa mère, elle crut que son mari s' y trouvait aussi et ce fut un terrible choc, il était mort dans le naufrage.
Jack fut diplômé de l' université de Pennsylvanie et travailla dans une banque. Il se maria à Lois Cassatt et ils auront 2 fils : Edward C. Thayer et John B. Thayer IV. En 1940, il écrit un petit récit sur ce qu' il a vécu à bord du Titanic.
La dépression dans laquelle il se trouvait par la mort d' un de ses enfants pendant la 2ème guerre mondiale amena Jack à se suicider en se tranchant la gorge avec une lame de rasoir le 18 septembre 1945 à l' âge de 50 ans. Il est enterré à Bryn Mawr en Pennsylvannie.
Photo de Michael A. Findlay
Dernière édition par le Dim 8 Avr 2007 - 10:26, édité 1 fois
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"Que le plaisir qu'elle procure éteigne mon corps et le feu de mon âme à tout jamais"
Mon site sur Jack Phillips : http://jackphillips-titanic.e-monsite.com/
Re: Jack Thayer
quel garçon courageux, si j'etais née avant 1912 je l'aurais epousé il etait un tres charmant garçon
Re: Jack Thayer
C'est incroyable comme beaucoup de rescapés ont eu un destin dramatique...
william-
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Re: Jack Thayer
Oui, c'est le cas de le dire. A mon avis, ce dramatique souvenir du Titanic la hanté et poursuivi les rescapés toute leur vie durant et ils devaient sans doute être des personnes très très fragiles psychologiquement.
Anne-Aymone57-
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Re: Jack Thayer
Surtout pour ceux qui ont du se battre pour survivre ( les survivants des radeaux A et B ) et qui étaient tout près du navire qui a coulé et des gens dans l' eau.
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"Que le plaisir qu'elle procure éteigne mon corps et le feu de mon âme à tout jamais"
Mon site sur Jack Phillips : http://jackphillips-titanic.e-monsite.com/
Re: Jack Thayer
Eux savaient ce qu'était le réel malheur!
Anne-Aymone57-
Age : 39
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Localisation : Lorraine
Re: Jack Thayer
Quel destin tragique quand même... . Le naufrage du Titanic a dû être pour beaucoup dans cette dépression, d'après moi.
En tout cas, c'est vrai qu'il était très charmant.
En tout cas, c'est vrai qu'il était très charmant.
Mrs_Brown-
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Re: Jack Thayer
D'accord avec toi , ça a vraiment du être difficile pour lui , l'attente interminable dans le radeau , les cris des passagers , le choc quand sa mére a du s'appercevoir qu'il n'était pas avec son pére ... Ca a de quoi briser une vie et il n'est pas le sul survivant a s'être suicidé des annés aprés , ca a vraiment du être terrible pour lui ...
Sir Cosmo-
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Localisation : Au pied du grand escalier ...
Jack THAYER
John Borland Thayer, 49 ans, était second Vice-Président de la Compagnie des Chemins de Fer de Pennsylvanie. Avec sa famille, il revenait d'un voyage en Europe où il avait été l'hôte du Consul Général Américain à Berlin.
Il était accompagné de son épouse Marian, 39 ans, et de l'un de leurs 4 enfants, John "Jack" Borland Jr., âgé de 17 ans.
Tous trois avaient embarqué à Cherbourg, occupaient deux cabines de 1ère classe (C68 et C70) et avaient payé leurs billets 110 £ 17 s et 8 d.
Jack Thayer raconte l'histoire du naufrage ...
- Le choc et l'inquiétude
Mon père était couché, et ma mère et moi-même étions sur le point d'en faire autant. Il n'y eut pas de gros choc. J'étais debout à ce moment là et je ne crois pas que c'était suffisant pour faire tomber quelqu'un. J'enfilai un pardessus et montai précipitamment sur le pont A du côté bâbord. Je n'y vis rien. Je partis vers la poupe pour voir s'il y avait des traces de glace. La seule glace que je vis se trouvait sur le pont. Je ne pouvais pas voir très loin devant car je venais juste de sortir d'une pièce très éclairée.
Je redescendis à notre cabine et mon père et ma mère m'accompagnèrent sur le pont A, du côté tribord. Nous n'y vîmes rien. Mon père crut voir flotter de petits morceaux de glace, mais moi je n'en voyais pas. Il n'y avait pas de gros iceberg. Nous allâmes à bâbord et le bateau prit alors une légère gîte sur bâbord. Nous restâmes là à regarder pendant environ 5 minutes. La gîte sembla s'accentuer très lentement.
Nous redescendîmes alors à nos chambres sur le pont C, nous habillâmes rapidement en enfilant tous nos vêtements. Nous mîmes tous nos gilets de sauvetage et, par-dessus, nos manteaux. Puis nous montâmes précipitamment sur le pont et circulâmes, cherchant différents endroits jusqu'à ce que l'on ordonnât aux femmes de se rassembler à bâbord.
- Séparé de mes parents
Mon père et moi dîmes au revoir à ma mère en haut des escaliers sur le pont A. Avec sa domestique, elle sortit directement sur le pont A à bâbord et nous allâmes à tribord. A ce moment, nous n'avions pas idée que le navire pourrait sombrer et nous circulâmes sur le pont A puis descendîmes sur le pont B. Nous rencontrâmes le 1er Steward du grand salon qui nous informa que ma mère n'avait pas encore pris de canot et nous conduisit jusqu'à elle.
Mon père et ma mère marchaient devant et je les suivais. Ils descendirent sur le pont B et je me retrouvai face à un attroupement qui m'empêcha de les rejoindre. Je les perdis de vue. Dès que je pus traverser la foule, j'essayai de les trouver sur le pont B, mais sans succès. C'est la dernière fois que je vis mon père. C'était environ une demi heure avant le naufrage. J'allai alors à tribord, pensant que mon père et ma mère avaient pris place dans un canot. Pendant tout ce temps, j'étais avec un ami nommé Milton C. Long, de New York, que je venais de rencontrer ce soir.
A tribord, les canots partaient rapidement. Quelques uns étaient déjà hors de vue. Nous pensions pouvoir prendre place dans l'un d'eux, le dernier à partir à l'avant du côté tribord, mais il semblait y avoir une telle foule que je pensais qu'il était imprudent de tenter d'y monter. Lui et moi étions près des bossoirs de l'un des canots qui était parti. Je ne remarquais personne de connaissance excepté Mr. Linley que je venais aussi juste de rencontrer ce soir. Je le perdis de vue en quelques minutes. Long et moi étions près du bastingage un peu à l'arrière de la passerelle de commandement.
- Persuadé que le navire flotterait
La gîte à bâbord n'avait cessé d'augmenter. A ce moment, des gens commençaient à sauter de la proue. Je pensais à en faire autant, mais j'eus peur d'être assommé en heurtant l'eau. Trois fois je me décidai à sauter, à me laisser glisser sur les cordes du bossoir et à essayer d'aller vers les canots déjà éloignés du navire, mais à chacune, Long me retint et me dit d'atteindre un moment. Il s'assit alors et je restai debout à attendre ce qui allait se passer. Même alors, nous pensions qu'il était possible de rester à flot.
J'aperçus une corde entre les bossoirs ainsi qu'une étoile et je remarquai que celle-ci s'abaissait progressivement. A cet instant, il se redressa en se maintenant en équilibre et commença à s'enfoncer assez vite avec un angle d'environ 30 degrés. Comme il commençait à sombrer, nous quittâmes les bossoirs et retournâmes près du bastingage à égale distance de la 2ème cheminée.
Long et moi-même nous dîmes au revoir et sautâmes sur le bastingage. Il passa les jambes de l'autre côté, attendit une minute et me demanda si je venais. Je lui répondis que j'arrivais dans un instant. Il ne sauta pas vraiment mais glissa le long du navire. Je ne le revis jamais.
Environ cinq secondes après lui, je sautai à mon tour, les pieds les premiers. J'étais à bonne distance du navire; je tombai et alors que je remontais, une force me repoussa à l'écart du bateau.
Le navire paraissait entouré d'une lueur éblouissante et se détachait dans la nuit comme s'il était en flammes. L'eau léchait le pied de la 1ère cheminée. A bord, une foule de gens se ruait vers l'arrière, toujours vers l'arrière, pour rejoindre la poupe qui émergeait. Le vacarme et les hurlements continuèrent, ponctués par les détonations et les craquements sourds des chaudières et des machines s'arrachant de leurs berceaux et se détachant de leurs socles.
- Un terrible spectacle
Soudain, toute la superstructure du bateau parut se briser en deux, assez nettement sur l'avant, une partie se couchant et l'autre se dressant vers le ciel. La 2ème cheminée, assez large pour que 2 automobiles puissent passer de front, s'arracha de sa base en lançant une gerbe d'étincelles. Je crus qu'elle allait m'écraser et, de fait, elle me manqua de 8 à 10 mètres. La succion qu'elle provoqua m'entraîna vers le fond et je dus me débattre en nageant, complètement épuisé.
A ce moment, je fus aspiré vers le bas et, comme je remontais, je fus encore poussé et entortillé par une grosse vague s'élevant au milieu d'une grande quantité de petits débris. En retirant la main de ma tête, elle toucha le pare-battage de liège d'un radeau de sauvetage retourné ( radeau B ). Je levai les yeux et vis dessus quelques hommes et je leur demandai de me tendre la main. L'un d'eux, qui était chauffeur, m'aida à monter. En peu de temps, le fond fut recouvert d'environ 30 ou 35 hommes. Lorsque j'y montai, je faisais face au navire.
Les ponts du bateau étaient légèrement orientés vers nous. On pouvait voir le fourmillement des quelque 1500 personnes encore à bord, se cramponnant les unes aux autres, en troupes, en meutes, comme des essaims d'abeilles, tombant en masses, par deux ou séparément, d'une hauteur de 75 mètres, pendant que la partie la plus importante du navire se dressait dans le ciel jusqu'à atteindre un angle de 65 ou 70 degrés. Là, le navire sembla marquer une pause, comme s'il était suspendu, pendant ce qui nous parut durer plusieurs minutes. Progressivement il se tourna en s'éloignant de nous, comme pour dissimuler à notre vue ce terrible spectacle.
Je regardai vers le haut. Nous étions juste en dessous des 3 énormes hélices. Pendant un instant, je crus qu'elles allaient nous écraser. Puis, avec le bruit terrifiant de l'implosion de ses tous derniers ballasts, il glissa doucement dans la mer.
Lorsque la poupe sombra, nous fûmes aspirés vers elle, et comme nous n'avions qu'une rame, nous ne pouvions que nous rapprocher. Il ne semblait pas y avoir beaucoup d'aspiration et la plupart d'entre nous décida de rester sur le fond de notre radeau.
Nous étions alors juste au milieu de vraiment gros débris, aves des gens qui nageaient partout autour de nous. La mer était très calme et nous maintînmes le radeau en équilibre assez stable, mais à tout moment une vague pouvait le balayer.
- Une prière sur le radeau de sauvetage
L'opérateur radio était tout près de moi, se tenant à moi et agenouillé dans l'eau. Nous chantâmes tous un cantique et dîmes une prière, puis attendîmes l'arrivée de l'aube. A chaque fois que nous voyions les autres canots au loin, nous hurlions "Ohé du canot !". Mais ils ne pouvaient pas distinguer nos cris parmi les autres et donc nous abandonnâmes tous, pensant que cela était inutile. Il faisait très froid et aucun de nous n'était capable de bouger pour se tenir chaud, l'eau nous balayant presque tout le temps.
Vers l'aube, le vent se leva, rendant l'eau rugueuse et rendant difficile le maintien du radeau en équilibre. Le radio raviva grandement nos espoirs en nous disant que le Carpathia serait là dans environ 3 heures. Vers 3 heures 30 ou 4 heures, quelques hommes, à la poupe de notre radeau, aperçurent les lanternes de son mât. Je ne les voyais pas car j'étais assis avec un homme agenouillé sur ma jambe. Il finit par se lever et j'en fis autant. Nous avions à bord le 2ème Officier Mr. Lightoller. Nous avions un sifflet d'officier et sifflions pour que les canots au loin viennent nous sauver.
Il fallut environ 1 heure et demie pour que les canots arrivent. 2 canots s'approchèrent ( N°4 et N°12 ). Le premier ( N°4 ) prit la moitié d'entre nous et le second le reste, dont moi-même. Nous eûmes beaucoup de difficultés à équilibrer le radeau car les hommes s'appuyaient trop loin, mais nous fûmes tous pris à bord d'un canot déjà rempli ( N°12 ) et, environ une demie ou trois quarts d'heure plus tard, nous fûmes récupérés par le Carpathia.
- Rescapé à bord du Carpathia
J'avais remarqué, témoigne le 2ème Officier Lightoller, que "J. B. Thayer se trouvait sur notre radeau retourné", et il crut que c'était le père. Il réalisa plus tard que c'était moi, car il apprit mon nom seulement au cours d'une conversation ultérieure sur le Carpathia et il ne savait pas que j'étais "le fils".
Lorsque le radeau B fut rejoint par les canots N°4 et N°12, Jack Thayer était si distrait en montant dans le canot N°12 qu'il ne remarqua pas sa mère dans le N°4 et elle était si engourdie par le froid qu'elle ne le vit pas.
A bord du Carpathia, un aimable passager donna à Jack un pyjama et sa couchette. Jack s'y traîna en se disant que le brandy qu'il avait bu avant de sauter du navire était la première dose d'alcool qu'il prenait, et il s'endormit.
Sur le Carpathia, il décrivit le naufrage au passager Lewis Palmer Skidmore qui fit une série de dessins à partir de ses souvenirs.
Il y retrouva sa mère qui lui demanda "Où est papa ?". Jack répondit "Je ne sais pas, mère."
Le corps de John B. Thayer père, s'il fut retrouvé, ne fut jamais identifié.
- Après le naufrage
Après leur arrivée à New York, Jack et sa mère rejoignirent leur train privé puis leur domicile de Haverford, en Pennsylvanie.
Jack Thayer fut diplômé de l'Université de Pennsylvanie et entra dans la banque. Il revint plus tard à l'Université en tant que Vice-Président Financier et Trésorier. Il épousa Lois Cassatt et eurent deux fils, Edward et John.
En 1940, Jack publia une brochure racontant ses aventures sur le Titanic, peut-être, pour exorciser les souvenirs qui le hantaient toujours.
Sa mère, Marian Thayer, ne se remaria pas et mourut en 1944.
Pendant la 2ème guerre mondiale, les deux fils de Jack joignirent l'armée.
C'est probablement un accès de dépression qui l'affecta après la mort de son fils Edward, en service actif dans le Pacifique ( il était copilote d'un bombardier ), et qui le conduisit directement à la mort, de sa propre main, en 1945 (il se suicida dans sa voiture en se tranchant la gorge à l'aide d'une lame de rasoir).
Jack Thayer avait 50 ans.
SOURCE
Il était accompagné de son épouse Marian, 39 ans, et de l'un de leurs 4 enfants, John "Jack" Borland Jr., âgé de 17 ans.
Tous trois avaient embarqué à Cherbourg, occupaient deux cabines de 1ère classe (C68 et C70) et avaient payé leurs billets 110 £ 17 s et 8 d.
Jack Thayer raconte l'histoire du naufrage ...
- Le choc et l'inquiétude
Mon père était couché, et ma mère et moi-même étions sur le point d'en faire autant. Il n'y eut pas de gros choc. J'étais debout à ce moment là et je ne crois pas que c'était suffisant pour faire tomber quelqu'un. J'enfilai un pardessus et montai précipitamment sur le pont A du côté bâbord. Je n'y vis rien. Je partis vers la poupe pour voir s'il y avait des traces de glace. La seule glace que je vis se trouvait sur le pont. Je ne pouvais pas voir très loin devant car je venais juste de sortir d'une pièce très éclairée.
Je redescendis à notre cabine et mon père et ma mère m'accompagnèrent sur le pont A, du côté tribord. Nous n'y vîmes rien. Mon père crut voir flotter de petits morceaux de glace, mais moi je n'en voyais pas. Il n'y avait pas de gros iceberg. Nous allâmes à bâbord et le bateau prit alors une légère gîte sur bâbord. Nous restâmes là à regarder pendant environ 5 minutes. La gîte sembla s'accentuer très lentement.
Nous redescendîmes alors à nos chambres sur le pont C, nous habillâmes rapidement en enfilant tous nos vêtements. Nous mîmes tous nos gilets de sauvetage et, par-dessus, nos manteaux. Puis nous montâmes précipitamment sur le pont et circulâmes, cherchant différents endroits jusqu'à ce que l'on ordonnât aux femmes de se rassembler à bâbord.
- Séparé de mes parents
Mon père et moi dîmes au revoir à ma mère en haut des escaliers sur le pont A. Avec sa domestique, elle sortit directement sur le pont A à bâbord et nous allâmes à tribord. A ce moment, nous n'avions pas idée que le navire pourrait sombrer et nous circulâmes sur le pont A puis descendîmes sur le pont B. Nous rencontrâmes le 1er Steward du grand salon qui nous informa que ma mère n'avait pas encore pris de canot et nous conduisit jusqu'à elle.
Mon père et ma mère marchaient devant et je les suivais. Ils descendirent sur le pont B et je me retrouvai face à un attroupement qui m'empêcha de les rejoindre. Je les perdis de vue. Dès que je pus traverser la foule, j'essayai de les trouver sur le pont B, mais sans succès. C'est la dernière fois que je vis mon père. C'était environ une demi heure avant le naufrage. J'allai alors à tribord, pensant que mon père et ma mère avaient pris place dans un canot. Pendant tout ce temps, j'étais avec un ami nommé Milton C. Long, de New York, que je venais de rencontrer ce soir.
A tribord, les canots partaient rapidement. Quelques uns étaient déjà hors de vue. Nous pensions pouvoir prendre place dans l'un d'eux, le dernier à partir à l'avant du côté tribord, mais il semblait y avoir une telle foule que je pensais qu'il était imprudent de tenter d'y monter. Lui et moi étions près des bossoirs de l'un des canots qui était parti. Je ne remarquais personne de connaissance excepté Mr. Linley que je venais aussi juste de rencontrer ce soir. Je le perdis de vue en quelques minutes. Long et moi étions près du bastingage un peu à l'arrière de la passerelle de commandement.
- Persuadé que le navire flotterait
La gîte à bâbord n'avait cessé d'augmenter. A ce moment, des gens commençaient à sauter de la proue. Je pensais à en faire autant, mais j'eus peur d'être assommé en heurtant l'eau. Trois fois je me décidai à sauter, à me laisser glisser sur les cordes du bossoir et à essayer d'aller vers les canots déjà éloignés du navire, mais à chacune, Long me retint et me dit d'atteindre un moment. Il s'assit alors et je restai debout à attendre ce qui allait se passer. Même alors, nous pensions qu'il était possible de rester à flot.
J'aperçus une corde entre les bossoirs ainsi qu'une étoile et je remarquai que celle-ci s'abaissait progressivement. A cet instant, il se redressa en se maintenant en équilibre et commença à s'enfoncer assez vite avec un angle d'environ 30 degrés. Comme il commençait à sombrer, nous quittâmes les bossoirs et retournâmes près du bastingage à égale distance de la 2ème cheminée.
Long et moi-même nous dîmes au revoir et sautâmes sur le bastingage. Il passa les jambes de l'autre côté, attendit une minute et me demanda si je venais. Je lui répondis que j'arrivais dans un instant. Il ne sauta pas vraiment mais glissa le long du navire. Je ne le revis jamais.
Environ cinq secondes après lui, je sautai à mon tour, les pieds les premiers. J'étais à bonne distance du navire; je tombai et alors que je remontais, une force me repoussa à l'écart du bateau.
Le navire paraissait entouré d'une lueur éblouissante et se détachait dans la nuit comme s'il était en flammes. L'eau léchait le pied de la 1ère cheminée. A bord, une foule de gens se ruait vers l'arrière, toujours vers l'arrière, pour rejoindre la poupe qui émergeait. Le vacarme et les hurlements continuèrent, ponctués par les détonations et les craquements sourds des chaudières et des machines s'arrachant de leurs berceaux et se détachant de leurs socles.
- Un terrible spectacle
Soudain, toute la superstructure du bateau parut se briser en deux, assez nettement sur l'avant, une partie se couchant et l'autre se dressant vers le ciel. La 2ème cheminée, assez large pour que 2 automobiles puissent passer de front, s'arracha de sa base en lançant une gerbe d'étincelles. Je crus qu'elle allait m'écraser et, de fait, elle me manqua de 8 à 10 mètres. La succion qu'elle provoqua m'entraîna vers le fond et je dus me débattre en nageant, complètement épuisé.
A ce moment, je fus aspiré vers le bas et, comme je remontais, je fus encore poussé et entortillé par une grosse vague s'élevant au milieu d'une grande quantité de petits débris. En retirant la main de ma tête, elle toucha le pare-battage de liège d'un radeau de sauvetage retourné ( radeau B ). Je levai les yeux et vis dessus quelques hommes et je leur demandai de me tendre la main. L'un d'eux, qui était chauffeur, m'aida à monter. En peu de temps, le fond fut recouvert d'environ 30 ou 35 hommes. Lorsque j'y montai, je faisais face au navire.
Les ponts du bateau étaient légèrement orientés vers nous. On pouvait voir le fourmillement des quelque 1500 personnes encore à bord, se cramponnant les unes aux autres, en troupes, en meutes, comme des essaims d'abeilles, tombant en masses, par deux ou séparément, d'une hauteur de 75 mètres, pendant que la partie la plus importante du navire se dressait dans le ciel jusqu'à atteindre un angle de 65 ou 70 degrés. Là, le navire sembla marquer une pause, comme s'il était suspendu, pendant ce qui nous parut durer plusieurs minutes. Progressivement il se tourna en s'éloignant de nous, comme pour dissimuler à notre vue ce terrible spectacle.
Je regardai vers le haut. Nous étions juste en dessous des 3 énormes hélices. Pendant un instant, je crus qu'elles allaient nous écraser. Puis, avec le bruit terrifiant de l'implosion de ses tous derniers ballasts, il glissa doucement dans la mer.
Lorsque la poupe sombra, nous fûmes aspirés vers elle, et comme nous n'avions qu'une rame, nous ne pouvions que nous rapprocher. Il ne semblait pas y avoir beaucoup d'aspiration et la plupart d'entre nous décida de rester sur le fond de notre radeau.
Nous étions alors juste au milieu de vraiment gros débris, aves des gens qui nageaient partout autour de nous. La mer était très calme et nous maintînmes le radeau en équilibre assez stable, mais à tout moment une vague pouvait le balayer.
- Une prière sur le radeau de sauvetage
L'opérateur radio était tout près de moi, se tenant à moi et agenouillé dans l'eau. Nous chantâmes tous un cantique et dîmes une prière, puis attendîmes l'arrivée de l'aube. A chaque fois que nous voyions les autres canots au loin, nous hurlions "Ohé du canot !". Mais ils ne pouvaient pas distinguer nos cris parmi les autres et donc nous abandonnâmes tous, pensant que cela était inutile. Il faisait très froid et aucun de nous n'était capable de bouger pour se tenir chaud, l'eau nous balayant presque tout le temps.
Vers l'aube, le vent se leva, rendant l'eau rugueuse et rendant difficile le maintien du radeau en équilibre. Le radio raviva grandement nos espoirs en nous disant que le Carpathia serait là dans environ 3 heures. Vers 3 heures 30 ou 4 heures, quelques hommes, à la poupe de notre radeau, aperçurent les lanternes de son mât. Je ne les voyais pas car j'étais assis avec un homme agenouillé sur ma jambe. Il finit par se lever et j'en fis autant. Nous avions à bord le 2ème Officier Mr. Lightoller. Nous avions un sifflet d'officier et sifflions pour que les canots au loin viennent nous sauver.
Il fallut environ 1 heure et demie pour que les canots arrivent. 2 canots s'approchèrent ( N°4 et N°12 ). Le premier ( N°4 ) prit la moitié d'entre nous et le second le reste, dont moi-même. Nous eûmes beaucoup de difficultés à équilibrer le radeau car les hommes s'appuyaient trop loin, mais nous fûmes tous pris à bord d'un canot déjà rempli ( N°12 ) et, environ une demie ou trois quarts d'heure plus tard, nous fûmes récupérés par le Carpathia.
- Rescapé à bord du Carpathia
J'avais remarqué, témoigne le 2ème Officier Lightoller, que "J. B. Thayer se trouvait sur notre radeau retourné", et il crut que c'était le père. Il réalisa plus tard que c'était moi, car il apprit mon nom seulement au cours d'une conversation ultérieure sur le Carpathia et il ne savait pas que j'étais "le fils".
Lorsque le radeau B fut rejoint par les canots N°4 et N°12, Jack Thayer était si distrait en montant dans le canot N°12 qu'il ne remarqua pas sa mère dans le N°4 et elle était si engourdie par le froid qu'elle ne le vit pas.
A bord du Carpathia, un aimable passager donna à Jack un pyjama et sa couchette. Jack s'y traîna en se disant que le brandy qu'il avait bu avant de sauter du navire était la première dose d'alcool qu'il prenait, et il s'endormit.
Sur le Carpathia, il décrivit le naufrage au passager Lewis Palmer Skidmore qui fit une série de dessins à partir de ses souvenirs.
Il y retrouva sa mère qui lui demanda "Où est papa ?". Jack répondit "Je ne sais pas, mère."
Le corps de John B. Thayer père, s'il fut retrouvé, ne fut jamais identifié.
- Après le naufrage
Après leur arrivée à New York, Jack et sa mère rejoignirent leur train privé puis leur domicile de Haverford, en Pennsylvanie.
Jack Thayer fut diplômé de l'Université de Pennsylvanie et entra dans la banque. Il revint plus tard à l'Université en tant que Vice-Président Financier et Trésorier. Il épousa Lois Cassatt et eurent deux fils, Edward et John.
En 1940, Jack publia une brochure racontant ses aventures sur le Titanic, peut-être, pour exorciser les souvenirs qui le hantaient toujours.
Sa mère, Marian Thayer, ne se remaria pas et mourut en 1944.
Pendant la 2ème guerre mondiale, les deux fils de Jack joignirent l'armée.
C'est probablement un accès de dépression qui l'affecta après la mort de son fils Edward, en service actif dans le Pacifique ( il était copilote d'un bombardier ), et qui le conduisit directement à la mort, de sa propre main, en 1945 (il se suicida dans sa voiture en se tranchant la gorge à l'aide d'une lame de rasoir).
Jack Thayer avait 50 ans.
SOURCE
Mystere-
Messages : 136
Inscrit le : 22/11/2011
Re: Jack Thayer
Les photos postées par Nadine et concernant Jack Thayer jr ont hélas disparues comme cela arrive parfois sur les forums. Néanmoins, je pense qu’il s’agissait de celles relatives à ses jeunes années, et qu’on a gardées en tête.
A ce sujet, il est une remarque à se faire. Je suis certain que chacun de nous garde en mémoire les portraits de passagers dans des clichés pris avant avril 1912, et oublient que les survivants ont eu une vie après le drame, et de surcroit ont… vieillis. Hé oui.
Et je suis le premier à avoir se réflexe d’étonnement lorsque je vois des photographies prises 10, 20 ou 30 années après 1912. Cela m’est arrivé en voyant une photo de Richard Norris Williams à la veille de sa cinquantaine, alors que dans ma tête, il est toujours le jeune étudiant de 21 ans tapant dans la balle jaune.
Je n’avais jamais vu de photographie de Jack Thayer adulte. En voici donc une. On le reconnaît aisément tant il a gardé de nombreux traits qu’il possédait à ses 17 ans.
Elle provient d’un album pinterest, dont je mets le lien ici..
Il comporte un vingtaine de photographies légendées John (Jack) Borland Thayer III.
Néanmoins, il semble que celle qui les a postées se soit (très) légèrement trompée concernant deux d’entre elles, datées de 1879 et 1880, puisqu’à ces dates, Jack Thayer n’était pas encore né. En fait, il s’agit de son père, John Borland Thayer II.
Comme quoi hériter du prénom de son père et de son arrière-grand-père cela cause quelques quiproquos des décennies plus tard.
A ce sujet, il est une remarque à se faire. Je suis certain que chacun de nous garde en mémoire les portraits de passagers dans des clichés pris avant avril 1912, et oublient que les survivants ont eu une vie après le drame, et de surcroit ont… vieillis. Hé oui.
Et je suis le premier à avoir se réflexe d’étonnement lorsque je vois des photographies prises 10, 20 ou 30 années après 1912. Cela m’est arrivé en voyant une photo de Richard Norris Williams à la veille de sa cinquantaine, alors que dans ma tête, il est toujours le jeune étudiant de 21 ans tapant dans la balle jaune.
Je n’avais jamais vu de photographie de Jack Thayer adulte. En voici donc une. On le reconnaît aisément tant il a gardé de nombreux traits qu’il possédait à ses 17 ans.
Elle provient d’un album pinterest, dont je mets le lien ici..
Il comporte un vingtaine de photographies légendées John (Jack) Borland Thayer III.
Néanmoins, il semble que celle qui les a postées se soit (très) légèrement trompée concernant deux d’entre elles, datées de 1879 et 1880, puisqu’à ces dates, Jack Thayer n’était pas encore né. En fait, il s’agit de son père, John Borland Thayer II.
Comme quoi hériter du prénom de son père et de son arrière-grand-père cela cause quelques quiproquos des décennies plus tard.
Invité- Invité
Re: Jack Thayer
Je ne connaissais pas cette photo. Je me pose cette question pour les victimes jeunes en particulier, si elles avaient survécu.
_________________
"Que le plaisir qu'elle procure éteigne mon corps et le feu de mon âme à tout jamais"
Mon site sur Jack Phillips : http://jackphillips-titanic.e-monsite.com/
Re: Jack Thayer
Pour celles et ceux qui voudraient la voir, voici "Redwood" la modeste demeure des Thayer à Haverford:
https://www.pinterest.com/pin/350084571006660640/
Et voici le premier et second étage :
https://www.pinterest.com/pin/350084571006660649/
https://www.pinterest.com/pin/502503270904738662/
https://www.pinterest.com/pin/350084571006660640/
Et voici le premier et second étage :
https://www.pinterest.com/pin/350084571006660649/
https://www.pinterest.com/pin/502503270904738662/
Dernière édition par Historiapassionata le Jeu 29 Sep 2016 - 22:02, édité 1 fois
Re: Jack Thayer
Une demeure bien belle, un peu similaire à celle des Ryerson, et à une échelle bien plus humaine que le Lynnewood Hall des Widener.
Par contre, Elodie, tu as mis deux fois le même lien pour les niveaux de la maison.
Et si je me base sur les nombreux escaliers extérieurs qui desservent le manoir, ce qui est présenté comme étant le "premier étage" est plutôt le rez-de-chaussé.
Il est aussi à noter l'ingénieux agencement de ce rez-de-chaussé, avec cette enfilade de cuisines et d'offices qui desservent la salle à manger des propriétaires. On est bien loin du petit office décrit dans la série "Downton Abbey", située au sous-sol du château. Les Crawley devaient souvent manger froid avec une telle configuration.
Par contre, Elodie, tu as mis deux fois le même lien pour les niveaux de la maison.
Et si je me base sur les nombreux escaliers extérieurs qui desservent le manoir, ce qui est présenté comme étant le "premier étage" est plutôt le rez-de-chaussé.
Il est aussi à noter l'ingénieux agencement de ce rez-de-chaussé, avec cette enfilade de cuisines et d'offices qui desservent la salle à manger des propriétaires. On est bien loin du petit office décrit dans la série "Downton Abbey", située au sous-sol du château. Les Crawley devaient souvent manger froid avec une telle configuration.
Invité- Invité
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