Mélange des communications
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Mélange des communications
Un expert sur le sujet pourra peut-être m'éclairer sur le sujet car je n'ai jamais compris comment cela marchait : comment faisait on pour envoyer des messages à un point précis sans que ça se mélange dans tous les sens ?
Supposons qu'on ait trois navires (A, B et C) et une station terrestre D : A avertit B de glaces pendant que C parle avec D : tout ceci se passe au même moment. Pour tous les quatre, en supposant qu'ils soient tous à portée les uns les autres, les messages se mélangeront dans les récepteurs ? Rien qu'en supposant que A parle à B, qui lui même parlait à C en grande conversation avec D, ça fait déjà un sacré bazar, non ?
Alors un navire comme le Titanic qui avait une portée énorme devait capter tous les messages du coin : pareil, comment Phillips pouvait il en placer une ? Si je comprends bien, c'est comme si, chaque fois que j'allume mon téléphone, je recevais tous les coups de fil passés dans le quartier. Y'avait t'il un moyen de "sélectionner" les navires avec lesquels on voulait communiquer ?
Dans le cas contraire, je ne vois pas comment il pouvait être possible de recevoir un message.
Supposons qu'on ait trois navires (A, B et C) et une station terrestre D : A avertit B de glaces pendant que C parle avec D : tout ceci se passe au même moment. Pour tous les quatre, en supposant qu'ils soient tous à portée les uns les autres, les messages se mélangeront dans les récepteurs ? Rien qu'en supposant que A parle à B, qui lui même parlait à C en grande conversation avec D, ça fait déjà un sacré bazar, non ?
Alors un navire comme le Titanic qui avait une portée énorme devait capter tous les messages du coin : pareil, comment Phillips pouvait il en placer une ? Si je comprends bien, c'est comme si, chaque fois que j'allume mon téléphone, je recevais tous les coups de fil passés dans le quartier. Y'avait t'il un moyen de "sélectionner" les navires avec lesquels on voulait communiquer ?
Dans le cas contraire, je ne vois pas comment il pouvait être possible de recevoir un message.
Re: Mélange des communications
LittleTony87 a écrit:Un expert sur le sujet pourra peut-être m'éclairer sur le sujet car je n'ai jamais compris comment cela marchait : comment faisait on pour envoyer des messages à un point précis sans que ça se mélange dans tous les sens ?
Supposons qu'on ait trois navires (A, B et C) et une station terrestre D : A avertit B de glaces pendant que C parle avec D : tout ceci se passe au même moment. Pour tous les quatre, en supposant qu'ils soient tous à portée les uns les autres, les messages se mélangeront dans les récepteurs ? Rien qu'en supposant que A parle à B, qui lui même parlait à C en grande conversation avec D, ça fait déjà un sacré bazar, non ?
Alors un navire comme le Titanic qui avait une portée énorme devait capter tous les messages du coin : pareil, comment Phillips pouvait il en placer une ? Si je comprends bien, c'est comme si, chaque fois que j'allume mon téléphone, je recevais tous les coups de fil passés dans le quartier. Y'avait t'il un moyen de "sélectionner" les navires avec lesquels on voulait communiquer ?
Dans le cas contraire, je ne vois pas comment il pouvait être possible de recevoir un message.
C'est une très bonne colle que tu nous poses et je suis curieuse d'en savoir plus à ce sujet moi aussi!
Officier Lowe-
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Localisation : Canot n.14 : "Y'a t-il quelqu'un de vivant?"
Re: Mélange des communications
Chaque station (à terre ou embarquée) avait son propre indicatif. De plus, il y avait (déjà) plusieurs fréquences disponibles. Si l'une d'elles était trop encombrée, les deux opérateurs pouvaient convenir de se rappeler sur une autre fréquence et si un opportun venait s'immiscer dans la conversation, il suffisait de lui dire : .-.. .- / ..-. . .-. -- . / .--- . / ... ..- .. ... / .- ...- . -.-. / -.-. .- .--. . / .-. .- -.-. . (La ferme je suis avec Cape Race). Ça ne vous rappelle rien ?
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Mathusalem-
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Localisation : Sur la passerelle du Californian
Re: Mélange des communications
Eh ben ! C'est plutôt long à taper. Il aurait pu tout aussi bien ne pas prendre la peine de lui répondre et peut-être que Cyril Evans aurait alors pu insister.
Dommage que Sha're ne soit pas là en ce moment, je pense que le sujet lui plairais. Et elle doit également en connaitre un rayon.
Dommage que Sha're ne soit pas là en ce moment, je pense que le sujet lui plairais. Et elle doit également en connaitre un rayon.
Tiphaine-
Age : 35
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Inscrit le : 09/07/2010
Localisation : Vallée de la Creuse
Re: Mélange des communications
Donc comme je le pensais ça devait être un sacré bazar. :/ Si je comprends bien, pour parler, il fallait :
1. Trouver une fréquence ou soit le destinataire
2. Attendre que les autres navires utilisant la fréquence aient fini
3. Se presser de balancer les indicateurs
4. Entamer l'envoi en espérant ne pas être interrompu
Sans parler du temps etc. Le métier d'opérateur radio devait pas être facile. Pouvait on différencier les signaux de différents navires ? Quand deux messages se mêlaient ?
1. Trouver une fréquence ou soit le destinataire
2. Attendre que les autres navires utilisant la fréquence aient fini
3. Se presser de balancer les indicateurs
4. Entamer l'envoi en espérant ne pas être interrompu
Sans parler du temps etc. Le métier d'opérateur radio devait pas être facile. Pouvait on différencier les signaux de différents navires ? Quand deux messages se mêlaient ?
Re: Mélange des communications
Concernant la surcharge de travail et les abréviations, voici quelques informations rédigées avec Nadine pour un article paru dans Latitude 41
"Croulant le plus souvent sous un torrent de messages à transmettre et à réceptionner, les communications de Bride se limitaient essentiellement à des abréviations. Ainsi, pour demander à un autre navire « quel est le nom de votre station ? », le code qu’il devait transmettre était « QRA ». Son destinataire s’identifiait en lui révélant l’indicatif de son navire. En l’occurrence, celui du Titanic était MGY . Ainsi, Bride se présentait aux autres opérateurs en envoyant « QRA MGY ». Aussi, certains messages facilement identifiables étaient régulièrement reçus et transmis par les opérateurs de tous les navires. A titre d’exemples, il était habituel d’entamer une conversation par « GM OM », signifiant « good morning, old man » (bonjour, mon vieux) et de la conclure par un « TU OM GN », abréviations de « Thank you, old man, good night ». Enfin, un opérateur répondait « QRT » à un importun qui le dérangeait dans son travail, ce qui signifie « keep quiet, I’m busy » (boucle la, je suis occupé)."
"[...] il apparaît évident que les opérateurs radio étaient à cette époque sujets à une pression constante. Surchargés de travail, mal payés, ils étaient chargés de satisfaire pleinement les passagers de 1ère classe envoyant des messages privés. Une erreur ou une désobligeance eut été rapidement signalée par un passager à l’état-major du paquebot.
Ainsi, selon Geoffrey Marcus, « le luxe primait sur la sécurité » (Geoffrey Marcus, ‘Disaster at Sea’, Sunday Telegraph, 8 avril 1962).
"Croulant le plus souvent sous un torrent de messages à transmettre et à réceptionner, les communications de Bride se limitaient essentiellement à des abréviations. Ainsi, pour demander à un autre navire « quel est le nom de votre station ? », le code qu’il devait transmettre était « QRA ». Son destinataire s’identifiait en lui révélant l’indicatif de son navire. En l’occurrence, celui du Titanic était MGY . Ainsi, Bride se présentait aux autres opérateurs en envoyant « QRA MGY ». Aussi, certains messages facilement identifiables étaient régulièrement reçus et transmis par les opérateurs de tous les navires. A titre d’exemples, il était habituel d’entamer une conversation par « GM OM », signifiant « good morning, old man » (bonjour, mon vieux) et de la conclure par un « TU OM GN », abréviations de « Thank you, old man, good night ». Enfin, un opérateur répondait « QRT » à un importun qui le dérangeait dans son travail, ce qui signifie « keep quiet, I’m busy » (boucle la, je suis occupé)."
"[...] il apparaît évident que les opérateurs radio étaient à cette époque sujets à une pression constante. Surchargés de travail, mal payés, ils étaient chargés de satisfaire pleinement les passagers de 1ère classe envoyant des messages privés. Une erreur ou une désobligeance eut été rapidement signalée par un passager à l’état-major du paquebot.
Ainsi, selon Geoffrey Marcus, « le luxe primait sur la sécurité » (Geoffrey Marcus, ‘Disaster at Sea’, Sunday Telegraph, 8 avril 1962).
Re: Mélange des communications
Il est certain que le métier d'opérateur radio n'était pas facile. Mais il y avait aussi le côté découverte : c'étaient un peu les geeks de l'époque avec leurs petits codes, leurs astuces. Daniel Allen Butler raconte dans son livre que les opérateurs avaient le droit de se lancer dans des conversations amicales une fois leur travail fini, il y avait ce côté radio-amateur.
Il n'en reste pas moins que la radio servait avant tout aux passagers et qu'on n'avait pas l'air d'avoir saisi le côté utile à la navigation, ou du moins pas autant. Le Titanic a montré que cette dimension existait.
Il n'en reste pas moins que la radio servait avant tout aux passagers et qu'on n'avait pas l'air d'avoir saisi le côté utile à la navigation, ou du moins pas autant. Le Titanic a montré que cette dimension existait.
Re: Mélange des communications
LittleTony87 a écrit:Mais il y avait aussi le côté découverte : c'étaient un peu les geeks de l'époque avec leurs petits codes, leurs astuces.
C'est exactement ce à quoi j'étais entrain de penser !
En tout cas merci pour les informations Franck, c'est très intéressant.
Tiphaine-
Age : 35
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Localisation : Vallée de la Creuse
Re: Mélange des communications
Les choses sont heureusement beaucoup plus simples qu'il n'y paraît.
D'abord, il faut savoir qu'il est rigoureusement impossible à deux opérateurs de communiquer en même temps. S'ils essayaient de le faire, leurs messages seraient complètement brouillés. Donc, il faut attendre que celui qui émet ait fini car il est impossible de lui couper la parole. Quand j'étais contrôleur aérien, je me suis plusieurs fois retrouvé dans ce cas de figure avec un pilote qui "racontait sa vie" et je rageais d'être obligé d'attendre. J'ajoute qu'il s'agissait toujours d'un pilote privé, les professionnels (civils et militaires) étant beaucoup plus concis à la radio.
En 1912, les opérateurs devaient écouter la fréquence de détresse sur la longueur d'ondes des 600 m (500 kHz). Les appels concernant la navigation étaient reçus sur cette fréquence et une fois la communication établie, les deux opérateurs libéraient la fréquence en passant sur une autre. Bien entendu, s'il s'agissait d'un appel de détresse, tout le monde restait sur 600 m.
Pour les messages commerciaux, les opérateurs commençaient par écouter les quelques fréquences disponibles, puis ils appelaient leur correspondant. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les ondes étaient beaucoup moins encombrées qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Le code Q auquel Franck fait allusion est toujours employé aujourd'hui. Il est très réglementé :
http://www.electronique-radioamateur.fr/radio/morse-q/code-q.php
Les abréviations sont en revanche assez libres, un peu comme l'est le langage sms. Par exemple, après avoir reçu le message du Mesaba, Jack Pillips qui était débordé, s'est contenté de répondre "RD TKS" (Receiveed Thank's - Bien reçu merci).
D'abord, il faut savoir qu'il est rigoureusement impossible à deux opérateurs de communiquer en même temps. S'ils essayaient de le faire, leurs messages seraient complètement brouillés. Donc, il faut attendre que celui qui émet ait fini car il est impossible de lui couper la parole. Quand j'étais contrôleur aérien, je me suis plusieurs fois retrouvé dans ce cas de figure avec un pilote qui "racontait sa vie" et je rageais d'être obligé d'attendre. J'ajoute qu'il s'agissait toujours d'un pilote privé, les professionnels (civils et militaires) étant beaucoup plus concis à la radio.
En 1912, les opérateurs devaient écouter la fréquence de détresse sur la longueur d'ondes des 600 m (500 kHz). Les appels concernant la navigation étaient reçus sur cette fréquence et une fois la communication établie, les deux opérateurs libéraient la fréquence en passant sur une autre. Bien entendu, s'il s'agissait d'un appel de détresse, tout le monde restait sur 600 m.
Pour les messages commerciaux, les opérateurs commençaient par écouter les quelques fréquences disponibles, puis ils appelaient leur correspondant. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les ondes étaient beaucoup moins encombrées qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Le code Q auquel Franck fait allusion est toujours employé aujourd'hui. Il est très réglementé :
http://www.electronique-radioamateur.fr/radio/morse-q/code-q.php
Les abréviations sont en revanche assez libres, un peu comme l'est le langage sms. Par exemple, après avoir reçu le message du Mesaba, Jack Pillips qui était débordé, s'est contenté de répondre "RD TKS" (Receiveed Thank's - Bien reçu merci).
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Mathusalem-
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Localisation : Sur la passerelle du Californian
Re: Mélange des communications
J'imagine la scène.Papy 75 a écrit:Quand j'étais contrôleur aérien, je me suis plusieurs fois retrouvé dans ce cas de figure avec un pilote qui "racontait sa vie" et je rageais d'être obligé d'attendre.
Papy 75 a écrit:Les abréviations sont en revanche assez libres, un peu comme l'est le langage sms. Par exemple, après avoir reçu le message du Mesaba, Jack Pillips qui était débordé, s'est contenté de répondre "RD TKS" (Receiveed Thank's - Bien reçu merci).
C'est sûr que les abréviations devaient faciliter le travail des opérateurs et leur permettre d'être plus rapide.
Dites moi si je me trompe, mais dans la bio de Phillips, lu dans un Lattitude 41, il me semble que Nadine indique qu'il était lui-même si rapide qu'on l'avait surnommé "étincelle", où je ne sais quoi dans ce genre là...
Tiphaine-
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Localisation : Vallée de la Creuse
Re: Mélange des communications
Merci Gérard pour ce complément d'infos fort instructif !
Pas uniquement Bride, mais tous les opérateurs en général, étaient surnommés "spark", ce qui signifie étincelle en anglais
Tiphaine a écrit: il me semble que Nadine indique qu'il était lui-même si rapide qu'on l'avait surnommé "étincelle", où je ne sais quoi dans ce genre là...
Pas uniquement Bride, mais tous les opérateurs en général, étaient surnommés "spark", ce qui signifie étincelle en anglais
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