Reconstruction du paquebot Britannic
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Reconstruction du paquebot Britannic
Je me posais une question par rapport aux reactions que pourraient avoir les personnes si un nouveau paquebot qui reprendrait les plans du Britannic, jumeaux du Titanic était reconstruit. Vu qu'il n'a jamais pu etre équipé et adapté pour une carière civile a cause de son naufrage le 21 novembre 1916, personne n'a jamais eu la possibilité de voir ce qu'aurait représenté le luxe et la sécurité sur ce paquebot. Alors pour ou contre un Britannic a quatre cheminées qui reprendrait le décor et la structure des plans initiaux néanmoins modifiés et qui respecteraient les normes de sécurité d'aujourd'hui.
Lily-
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Re: Reconstruction du paquebot Britannic
Comme toujours un problème se pose : il est impossible de construire une reproduction d'un navire de cette époque qui soit à la fois fidèle et rentable en tant que paquebot : les gens n'ont plus les mêmes attentes sur un navire, et le Britannic paraîtrait bien antique. Pour le moderniser, rien que du point de vue du confort, il faudrait revoir beaucoup de chose : tout le monde attend d'avoir la télé dans sa cabine etc. Peu préfèreraient l'authenticité. Et côté sécurité, entre l'usage du moins de bois possible et autres règles, le navire ressemblerait à rien de ce qu'il fut.
Le seul moyen de faire un navire fidèle et rentable serait d'en faire un musée flottant.
Le seul moyen de faire un navire fidèle et rentable serait d'en faire un musée flottant.
Re: Reconstruction du paquebot Britannic
Justement rien n'empècherait de modifier les installations en reprenant ce qui est encore réalisable (le grand escalier avec des materiaux autorisés aujourd'hui). Et puis contrairement au Titanic, il y aurait moins de polémique puisque il ne s'agirait pas de reproduire un paquebot qui ait déja éffectué une carière commerciale.Mais un paquebot qui n'a jamais reçu ses équipements et dont il est impossible de savoir ce qu'aurait modifié Thomas Andrews si il aurait survécu et gardé ses notes. Le Britannic serait la réalisation du mythe que constitue le destin présumé du 3ème paquebot de classe Olympic, s'il aurait effectué des traversées transatlantiques. L'idée serait de reprendre "l'ame" du luxe de la décoration que voulait Andrew pour le Britannic tout en l'adaptant a notre époque sans le Bling bling des paquebots d'aujourd'hui.
Lily-
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Re: Reconstruction du paquebot Britannic
C'est vraiment marrant que ce sujet revienne comme ça régulièrement. C'est un phénomène qui semble prendre de plus en plus d'importance, non seulement en ce qui concerne les paquebots mais aussi pour l'architecture et le patrimoine. C'est d'ailleurs le thème que j'avais choisi pour mon mémoire de fin d'études : "l'aberration de la reconstruction dans la politique du patrimoine". Bon ok, pas très sexy comme sujet à priori mais on touche quand même au coeur du problème !
Un journaliste avait écrit un très bon papier sur le sujet en parlant du "goût du faux". Comme exemple je m'appuyais essentiellement sur un groupe d'illuminés qui prétendent rebâtir le palais des Tuileries, détruit depuis 1871, mais j'évoquais aussi les différents cas de reconstructionnite autour du Titanic.
Je me permets de vous imposer quelques extraits choisis de ma prose, qui résumons bien je pense ma position sur ce sujet...
[...] Ce phénomène, que le journaliste Didier Rykner apparente radicalement à « un engouement étrange pour la faux », est illustré par la restitution de la grille royale du château de Versailles, détruite depuis plus de deux siècles, ou l’idée très sérieuse de peindre «à la manière de» la coupole du château de Vaux-le-Vicomte, que Le Brun n’avait pas eu le temps de réaliser. Sans aller, comme Rykner, jusqu’à prétendre que «refaire l’histoire parce qu’elle ne nous convient pas devient la mode», nous pouvons légitimement interroger les fondements et les motivations de ces projets, en particulier à une époque où l’Etat peine à entretenir le patrimoine dont il a déjà la charge…
Une telle démarche recouvre en réalité plusieurs enjeux, souvent imbriqués les uns aux autres : identitaires, esthétiques, architecturaux, patrimoniaux… mais aussi – et il ne faut pas les oublier, touristiques et économiques. En tout état de cause, la justification d’une reconstruction dépend de son contexte historique, culturel et politique, ce qui rend impossible l’établissement de généralités ou de préceptes universels.
La Charte de Venise adopte elle-même une position équivoque : «Tout travail de reconstruction devra être exclu à priori ; seule l’anastylose peut-être envisagée, c’est-à-dire la reconstruction des parties existantes mais démembrées.» Derrière une apparence intransigeante, un tel principe ouvre en fait la voie à tout type d’intervention, dans la mesure où un bâtiment s’inscrit la plupart du temps dans un ensemble plus large. Le cas des Tuileries en est une bonne illustration : rien ne nous empêche de considérer le palais comme une entité indissociable du Louvre, et donc d’exposer sa reconstruction comme une nécessité afin de redonner sa cohérence à l’ensemble.
Pourtant, il semble que la motivation d’un tel projet soit d’abord de l’ordre de la « nostalgie historique », et qu’il s’agisse plus de revenir à un état jugé idéal en niant la destruction même de l’édifice. Mais cela est-il vraiment envisageable ? La décision d’abattre les ruines des Tuileries en 1882 n’était peut-être pas la plus sensée, mais pouvons-nous tirer un trait sur les 150 ans pendant lesquels le monument a disparu en s’appuyant sur ce seul argument ? Sans oublier qu’il ne reste à présent plus la moindre trace du bâtiment d’origine, et que plus personne n’en possède de mémoire visuelle.
[...] Justement, nous touchons là à une problématique fondamentale, qui est peut-être l’essence de notre propos : le patrimoine est-il reconstructible ? Par définition, la fonction d’un monument est de «transmettre à la postérité le souvenir d’une personne ou d’un évènement. Sa reconstruction serait paradoxale car s’il a été détruit, il a échoué à transmettre la postérité. » Le patrimoine, lien entre les générations, est avant tout un héritage. Sa perte est irrémédiable, et il est difficile d’imaginer que nous puissions «re-fabriquer» un patrimoine que nos ancêtres ne sont pas parvenus à nous transmettre.
[...] Le problème que nous évoquons ici est en fait celui de l’authenticité du patrimoine reconstruit. Le débat est relativement ancien, et cette idée a été remarquablement défendue par Cesare Brandi : «L’adage nostalgique : “tel qu’il était, là où il était” est la négations du principe même de restauration ; […] il suppose que le temps est réversible et l’œuvre d’art reproductible à volonté.» De ce point de vue, il est encore préférable d’envisager l’insertion d’une architecture nouvelle en harmonie avec son environnement historique, plutôt que de recourir à une «falsification» historique.
Enfin, en admettant qu’un édifice reconstitué à partir de témoignages et de documents épars mis bout à bout puisse être strictement identique à son modèle, il lui manquera toujours la marque de l’histoire. Alexandre Gady, maître de conférence à la Sorbonne et spécialiste de l’architecture du XVIIe siècle, s’est exprimé dans ce sens en 2006 : «On aime aussi le patrimoine parce qu’il a une odeur, parce que les parquets craquent. […] J’ai vingt ans de métier derrière moi et je ne me suis fait attraper peut-être qu’une ou deux fois. Quant à dire que le grand public n’y voit que du feu, c’est du mépris. […] Une reconstruction à l’identique, de toute façon, ça n’existe pas. On fait du faux. C’est un choix et il faut l’assumer.»
Un journaliste avait écrit un très bon papier sur le sujet en parlant du "goût du faux". Comme exemple je m'appuyais essentiellement sur un groupe d'illuminés qui prétendent rebâtir le palais des Tuileries, détruit depuis 1871, mais j'évoquais aussi les différents cas de reconstructionnite autour du Titanic.
Je me permets de vous imposer quelques extraits choisis de ma prose, qui résumons bien je pense ma position sur ce sujet...
[...] Ce phénomène, que le journaliste Didier Rykner apparente radicalement à « un engouement étrange pour la faux », est illustré par la restitution de la grille royale du château de Versailles, détruite depuis plus de deux siècles, ou l’idée très sérieuse de peindre «à la manière de» la coupole du château de Vaux-le-Vicomte, que Le Brun n’avait pas eu le temps de réaliser. Sans aller, comme Rykner, jusqu’à prétendre que «refaire l’histoire parce qu’elle ne nous convient pas devient la mode», nous pouvons légitimement interroger les fondements et les motivations de ces projets, en particulier à une époque où l’Etat peine à entretenir le patrimoine dont il a déjà la charge…
Une telle démarche recouvre en réalité plusieurs enjeux, souvent imbriqués les uns aux autres : identitaires, esthétiques, architecturaux, patrimoniaux… mais aussi – et il ne faut pas les oublier, touristiques et économiques. En tout état de cause, la justification d’une reconstruction dépend de son contexte historique, culturel et politique, ce qui rend impossible l’établissement de généralités ou de préceptes universels.
La Charte de Venise adopte elle-même une position équivoque : «Tout travail de reconstruction devra être exclu à priori ; seule l’anastylose peut-être envisagée, c’est-à-dire la reconstruction des parties existantes mais démembrées.» Derrière une apparence intransigeante, un tel principe ouvre en fait la voie à tout type d’intervention, dans la mesure où un bâtiment s’inscrit la plupart du temps dans un ensemble plus large. Le cas des Tuileries en est une bonne illustration : rien ne nous empêche de considérer le palais comme une entité indissociable du Louvre, et donc d’exposer sa reconstruction comme une nécessité afin de redonner sa cohérence à l’ensemble.
Pourtant, il semble que la motivation d’un tel projet soit d’abord de l’ordre de la « nostalgie historique », et qu’il s’agisse plus de revenir à un état jugé idéal en niant la destruction même de l’édifice. Mais cela est-il vraiment envisageable ? La décision d’abattre les ruines des Tuileries en 1882 n’était peut-être pas la plus sensée, mais pouvons-nous tirer un trait sur les 150 ans pendant lesquels le monument a disparu en s’appuyant sur ce seul argument ? Sans oublier qu’il ne reste à présent plus la moindre trace du bâtiment d’origine, et que plus personne n’en possède de mémoire visuelle.
[...] Justement, nous touchons là à une problématique fondamentale, qui est peut-être l’essence de notre propos : le patrimoine est-il reconstructible ? Par définition, la fonction d’un monument est de «transmettre à la postérité le souvenir d’une personne ou d’un évènement. Sa reconstruction serait paradoxale car s’il a été détruit, il a échoué à transmettre la postérité. » Le patrimoine, lien entre les générations, est avant tout un héritage. Sa perte est irrémédiable, et il est difficile d’imaginer que nous puissions «re-fabriquer» un patrimoine que nos ancêtres ne sont pas parvenus à nous transmettre.
[...] Le problème que nous évoquons ici est en fait celui de l’authenticité du patrimoine reconstruit. Le débat est relativement ancien, et cette idée a été remarquablement défendue par Cesare Brandi : «L’adage nostalgique : “tel qu’il était, là où il était” est la négations du principe même de restauration ; […] il suppose que le temps est réversible et l’œuvre d’art reproductible à volonté.» De ce point de vue, il est encore préférable d’envisager l’insertion d’une architecture nouvelle en harmonie avec son environnement historique, plutôt que de recourir à une «falsification» historique.
Enfin, en admettant qu’un édifice reconstitué à partir de témoignages et de documents épars mis bout à bout puisse être strictement identique à son modèle, il lui manquera toujours la marque de l’histoire. Alexandre Gady, maître de conférence à la Sorbonne et spécialiste de l’architecture du XVIIe siècle, s’est exprimé dans ce sens en 2006 : «On aime aussi le patrimoine parce qu’il a une odeur, parce que les parquets craquent. […] J’ai vingt ans de métier derrière moi et je ne me suis fait attraper peut-être qu’une ou deux fois. Quant à dire que le grand public n’y voit que du feu, c’est du mépris. […] Une reconstruction à l’identique, de toute façon, ça n’existe pas. On fait du faux. C’est un choix et il faut l’assumer.»
Re: Reconstruction du paquebot Britannic
Bonne analyse et je suis tout a fait d'accord avec toi sur le fait qu'il soit impossible de reconstruire un paquebot vieux de 100 ans qui a coulé ou meme qui a été détruit pour le cas de l'Olympic. Et je suis contre toute reconstruction a l'identique mais plutot a une construction de paquebots qui auraient des caractéristiques hérités de l'age d'or des paquebots comme les four funnels (avec quatre cheminées) ou meme de reprendre la forme des coques qui était plus harmonieuse que celle des paquebots de maintenant. Loin de l'idée de nier que reconstruire un nouveau Briatnnic ne serait pas de la nostalgie, ça serait néanmoins rendre hommage a une génération de paquebot en alliant le passé et le présent pour montrer a quel point le passé est toujours présent et est un héritage de notre présent et futur. Et dans une autre ordre d'idée, rendre un hommage a l'architecte Thomas Andrews qui fut le premier architecte a dessiner les plans du Britannic qui ont été repris par la suite par son successeur.
Lily-
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