Milton Clyde Long
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Titanic :: Les Passagers :: 1ère classe
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Milton Clyde Long
Milton Clyde Long est né le 19 octobre 1882 à Springfield dans le Massachusetts, le seul fils du juge Charles L. et Hattie C. Long. Il voyageait seul en 1ère classe et occupait la cabine D-6.
La nuit du naufrage, il est resté avec Jack Thayer. Vers la fin, ils ont sauté du bastingage. Milton glissa le long du navire et se jeta dans l'eau. On ne le reverra plus.
Le corps de Milton a été retrouvé par le Mackay-Bennett et rapatrié à Springfield le 30 avril où il fut enterré.
J'ai toujours pensé qu'il avait le même âge que Thayer.
Il n'a pas eu de chance, il aurait attendu un peu plus longtemps, il n'aurait sans doute pas été aspiré.
_________________
"Que le plaisir qu'elle procure éteigne mon corps et le feu de mon âme à tout jamais"
Mon site sur Jack Phillips : http://jackphillips-titanic.e-monsite.com/
Re: Milton Clyde Long
C'est vraiment triste qu'il ait finit aspiré par le navire ...
Il est mort si jeune comme tant d'autres
Il est mort si jeune comme tant d'autres
Sir Cosmo-
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Localisation : Au pied du grand escalier ...
Re: Milton Clyde Long
Le Titanic aura entrainé dans son agonie de bien jeunes personnes qui avaient la vie devant elles...
Re: Milton Clyde Long
J'exhume les corps que l'on a trop longtemps oublié sur ce forum comme je l'ai fais pour Richard Norris (Dick) Williams.
Milton Clyde Long avait effectivement 29 ans lors de sa mort, et pourtant, on ne sait que très peu de choses sur sa vie.
Hier, j'ai été amené à m’intéresser à lui, et j'ai pu apporter quelques éclaircissement sur sa courte vie.
Milton Long a fréquenté les prestigieuses universités d'Harward puis de Columbia où il a étudié le droit. Une source indique qu'il a été diplômé de cette dernière université en 1905. Mais une autre indique qu'il n'a jamais validé son diplôme cette année-là. J'ai fouillé dans les longues archives de Columbia et, effectivement, pas de Milton Clyde Long parmi les promus de 1905. Ni nulle part, d'ailleurs.
Mais que faisait alors notre ami Milton dans la vie ?
Sa rubrique nécrologique le qualifiait de "Gentleman of leisure" (un Gentleman des plaisirs). Alors on dira simplement de Milton qu'il profitait oisivement des bienfaits que lui offrait la vie.
Ce qu'on ignore c'est que Mr Long a déjà réchappé à un naufrage dans son existence. Le 30 juin 1911 il effectuais un voyage entre Seattle et l'Alaska sur le vapeur "SS Spokane" lorsque celui-ci a heurté un rocher non répertorié sur les carte au niveau de Seymour Narrow. Le navire coula à demi, mais fut renfloué et poursuivit sa carrière.
Pour situer les lieux de l'accident, il se trouve coincé entre l'île de Vancouver et la Colombie Britannique (Canada). Bref, c'était un petit bras de mer faisant partie de l'océan Pacifique. Lieux du naufrage.
Une représentation du "SS Spokane".
Son naufrage.
Et si l'on veut en savoir plus sur le SS Spokane.
Donc, comme l'a dit Nadine plus haut, Milton Long partait faire un tour d'Europe en ce début d'année 1912, comme bon nombre de gens fortunés à cette époque. Avant de quitter la maison familiale, il offrit au dévoué chauffeur, Fred McDonald que son père employait, sa montre à gousset, gravée à ses initiales. Après le décès de Long, la montre resta dans la famille McDonald jusqu'à ce que le fils du chauffeur n'en fasse don au Titanic society's museum qui l'expose encore aujourd'hui.
Une fois la nouvelle du naufrage connu, le père de Milton à longtemps espéré que son fils ait pu survivre. Au journal le "Springfield Union" il disait : "I have almost given up hope of hearing that my son is among the rescued,” Charles Long told the Springfield Union on April 17, 1912. “I understand that the complete list of survivors is yet unknown and I have wired instructions to the White Star steamship company in New York to make every attempt to learn if my son is among them, Until we receive definite news from the Carpathia, we must hold out a little hope."
L'oncle de Milton alla même jusqu'à New-York afin de vérifier de ses propres yeux si son neveu n'était pas à bord du Carpathia. Puis, ne le voyant pas parmi les survivants, il rallia Boston, port dans lequel devait arriver le Californian. L'oncle de Milton fut, à nouveau, déçu. Ce n'est qu'une semaine plus tard que la famille put commencer son travail de deuil après que le corps de Milton fut retrouvé par le Mackay Bennett.
Il est enterré dans la tombe familiale des Long, et repose en compagnie de ses parents.
La plaque que l'ont voit sur la photo n'a été apposé sur la tombe de Long qu'en 1996 par la Titanical historical society. Avant cette date, il n'était pas fait mention de son décès dans le naufrage du Titanic.
C'est avec Milton Long que s'éteignit la dynastie de long, puisqu'il était fils unique.
J'ai été surpris que sur ce sujet on ne trouve pas la photographie de Milton Clyde Long. C'est fort dommage, car ce fut un très bel homme, que voici.
On ne sait rien de ce qu'il fit à bord durant les 5 jours de traversé, sauf sa dernière soirée passée en compagnie de Jack Thayer. Et sans doute serait-il tombé dans l'oubli s'il n'avait pas eu l'idée de prendre ce café avec le jeune Thayer. Ce dernier dit que son ami d'un soir était resté très calme lors du naufrage et que, durant leur discussion nocturne, Long lui parla d'un séjour qu'il passa au ski.
Source.
Milton Clyde Long avait effectivement 29 ans lors de sa mort, et pourtant, on ne sait que très peu de choses sur sa vie.
Hier, j'ai été amené à m’intéresser à lui, et j'ai pu apporter quelques éclaircissement sur sa courte vie.
Milton Long a fréquenté les prestigieuses universités d'Harward puis de Columbia où il a étudié le droit. Une source indique qu'il a été diplômé de cette dernière université en 1905. Mais une autre indique qu'il n'a jamais validé son diplôme cette année-là. J'ai fouillé dans les longues archives de Columbia et, effectivement, pas de Milton Clyde Long parmi les promus de 1905. Ni nulle part, d'ailleurs.
Mais que faisait alors notre ami Milton dans la vie ?
Sa rubrique nécrologique le qualifiait de "Gentleman of leisure" (un Gentleman des plaisirs). Alors on dira simplement de Milton qu'il profitait oisivement des bienfaits que lui offrait la vie.
Ce qu'on ignore c'est que Mr Long a déjà réchappé à un naufrage dans son existence. Le 30 juin 1911 il effectuais un voyage entre Seattle et l'Alaska sur le vapeur "SS Spokane" lorsque celui-ci a heurté un rocher non répertorié sur les carte au niveau de Seymour Narrow. Le navire coula à demi, mais fut renfloué et poursuivit sa carrière.
Pour situer les lieux de l'accident, il se trouve coincé entre l'île de Vancouver et la Colombie Britannique (Canada). Bref, c'était un petit bras de mer faisant partie de l'océan Pacifique. Lieux du naufrage.
Une représentation du "SS Spokane".
Son naufrage.
Et si l'on veut en savoir plus sur le SS Spokane.
Donc, comme l'a dit Nadine plus haut, Milton Long partait faire un tour d'Europe en ce début d'année 1912, comme bon nombre de gens fortunés à cette époque. Avant de quitter la maison familiale, il offrit au dévoué chauffeur, Fred McDonald que son père employait, sa montre à gousset, gravée à ses initiales. Après le décès de Long, la montre resta dans la famille McDonald jusqu'à ce que le fils du chauffeur n'en fasse don au Titanic society's museum qui l'expose encore aujourd'hui.
Une fois la nouvelle du naufrage connu, le père de Milton à longtemps espéré que son fils ait pu survivre. Au journal le "Springfield Union" il disait : "I have almost given up hope of hearing that my son is among the rescued,” Charles Long told the Springfield Union on April 17, 1912. “I understand that the complete list of survivors is yet unknown and I have wired instructions to the White Star steamship company in New York to make every attempt to learn if my son is among them, Until we receive definite news from the Carpathia, we must hold out a little hope."
L'oncle de Milton alla même jusqu'à New-York afin de vérifier de ses propres yeux si son neveu n'était pas à bord du Carpathia. Puis, ne le voyant pas parmi les survivants, il rallia Boston, port dans lequel devait arriver le Californian. L'oncle de Milton fut, à nouveau, déçu. Ce n'est qu'une semaine plus tard que la famille put commencer son travail de deuil après que le corps de Milton fut retrouvé par le Mackay Bennett.
Il est enterré dans la tombe familiale des Long, et repose en compagnie de ses parents.
La plaque que l'ont voit sur la photo n'a été apposé sur la tombe de Long qu'en 1996 par la Titanical historical society. Avant cette date, il n'était pas fait mention de son décès dans le naufrage du Titanic.
C'est avec Milton Long que s'éteignit la dynastie de long, puisqu'il était fils unique.
J'ai été surpris que sur ce sujet on ne trouve pas la photographie de Milton Clyde Long. C'est fort dommage, car ce fut un très bel homme, que voici.
On ne sait rien de ce qu'il fit à bord durant les 5 jours de traversé, sauf sa dernière soirée passée en compagnie de Jack Thayer. Et sans doute serait-il tombé dans l'oubli s'il n'avait pas eu l'idée de prendre ce café avec le jeune Thayer. Ce dernier dit que son ami d'un soir était resté très calme lors du naufrage et que, durant leur discussion nocturne, Long lui parla d'un séjour qu'il passa au ski.
Source.
Invité- Invité
Re: Milton Clyde Long
Je ne m'étais jamais intéressé à Long hors de sa présence aux côtés de Thayer ce soir là, et effectivement, si son nom est encore connu, c'est parce qu'il a eu la "chance" de le rencontrer peu avant, chance due au fait que les parents Thayer dînaient ce soir là sans leur fils. Comme quoi, parfois l'anonymat tient à peu de choses...
Les informations sur son parcours sont intéressantes : à vrai dire, pour quelqu'un qui venait d'une famille assez fortunée, les études ne remplissaient qu'un rôle très secondaire, de toute façon. Merci pour toutes ces infos !
Les informations sur son parcours sont intéressantes : à vrai dire, pour quelqu'un qui venait d'une famille assez fortunée, les études ne remplissaient qu'un rôle très secondaire, de toute façon. Merci pour toutes ces infos !
Re: Milton Clyde Long
Il avait bien raison.Denis a écrit:
Mais que faisait alors notre ami Milton dans la vie ?
Sa rubrique nécrologique le qualifiait de "Gentleman of leisure" (un Gentleman des plaisirs). Alors on dira simplement de Milton qu'il profitait oisivement des bienfaits que lui offrait la vie.
Quel self control ! C'est vrai, grâce à Jack Thayer, Milton Long ne sera pas oublié. Merci Denis pour toutes ces informations à son sujet.Et sans doute serait-il tombé dans l'oubli s'il n'avait pas eu l'idée de prendre ce café avec le jeune Thayer. Ce dernier dit que son ami d'un soir était resté très calme lors du naufrage et que, durant leur discussion nocturne, Long lui parla d'un séjour qu'il passa au ski.
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Re: Milton Clyde Long
L'anecdote de la montre à gousset interpelle quelque peu. Pourquoi Milton Long a-t-il justement offert au chauffeur familial une objet aussi précieux qu'utile juste avant de partir pour son trip européen ?
Ca fait un peu penser à certaines personnes qui comptent se suicider et qui "mettent leurs affaires en ordre" en faisant des legs. Bon, on ne va pas non plus dire que Long a pressenti son destin, et a donc ainsi "léguer" sa montre à son chauffeur avant son décès. Ce serait trop surnaturel, et nous n'aimons pas du tout le surnaturel avec le Titanic.
Cette histoire de montre m'amène à parler d'une autre anecdote concernant Milton Long.
Quand son corps fut retrouvé, parmi ses nombreux effets personnels, on retrouva une montre bracelet en or (qu'il portait probablement à son poignet). C'est un accessoire assez incongru et encore sûrement peu usité dans la société aisé puisque, comme l'explique Gérard dans le sujet "objets du quotidien des passagers", "la montre bracelet a été inventée par Louis Cartier et Hans Wilsdorf en 1904, mais elle ne s'est vraiment généralisée qu'au cours de la Première Guerre mondiale".
Ca fait un peu penser à certaines personnes qui comptent se suicider et qui "mettent leurs affaires en ordre" en faisant des legs. Bon, on ne va pas non plus dire que Long a pressenti son destin, et a donc ainsi "léguer" sa montre à son chauffeur avant son décès. Ce serait trop surnaturel, et nous n'aimons pas du tout le surnaturel avec le Titanic.
Cette histoire de montre m'amène à parler d'une autre anecdote concernant Milton Long.
Quand son corps fut retrouvé, parmi ses nombreux effets personnels, on retrouva une montre bracelet en or (qu'il portait probablement à son poignet). C'est un accessoire assez incongru et encore sûrement peu usité dans la société aisé puisque, comme l'explique Gérard dans le sujet "objets du quotidien des passagers", "la montre bracelet a été inventée par Louis Cartier et Hans Wilsdorf en 1904, mais elle ne s'est vraiment généralisée qu'au cours de la Première Guerre mondiale".
Invité- Invité
Re: Milton Clyde Long
Il est possible que le chauffeur ait eu la montre par d'autres moyens, en la récupérant dans les affaires de Long après sa mort, par exemple, et qu'il ait parlé de cadeau à postériori pour justifier le fait qu'il la possédait. Il est aussi tout simplement possible que Long la lui ait donnée parce qu'il n'en avait plus besoin, vu qu'il en avait une nouvelle... Les hypothèses sont nombreuses, et je suppose que la seule version dont on dispose est celle du chauffeur ?
Re: Milton Clyde Long
LittleTony87 a écrit: et je suppose que la seule version dont on dispose est celle du chauffeur ?
Exact. C'est une histoire qui coure dans la famille McDonald.
LittleTony87 a écrit: Il est aussi tout simplement possible que Long la lui ait donnée parce qu'il n'en avait plus besoin, vu qu'il en avait une nouvelle...
C'est l'hypothèse qui semble la plus prolausible. Milton Long s'étant mis à la "nouvelle mode" des montre bracelets, il n'avait plus vraiment l'utilité et la contrainte qui va avec (à savoir porter d'un gilet) qu’engageait une montre à gousset.
Invité- Invité
Re: Milton Clyde Long
Merci pour ces informations et précisions
Il fait parti de ces passagers ayant déjà vécu un naufrage avant celui du Titanic, même si bien évidemment il s'était bien mieux passé.
C'est une bonne chose que cette plaque ait été ajoutée sur la tombe
En fait, il y avait plusieurs images dans le premier message de Nadine qui sont toujours là mais elle ne sont pas disponibles. Je ne sais plus personnellement s'il s'agissait exactement de celle-ci par contre.
Joris
Il fait parti de ces passagers ayant déjà vécu un naufrage avant celui du Titanic, même si bien évidemment il s'était bien mieux passé.
C'est une bonne chose que cette plaque ait été ajoutée sur la tombe
Denis a écrit:J'ai été surpris que sur ce sujet on ne trouve pas la photographie de Milton Clyde Long. C'est fort dommage, car ce fut un très bel homme, que voici.
En fait, il y avait plusieurs images dans le premier message de Nadine qui sont toujours là mais elle ne sont pas disponibles. Je ne sais plus personnellement s'il s'agissait exactement de celle-ci par contre.
Joris
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Le Titanic coulait il y a cent douze ans le 15 avril 1912. Une catastrophe maritime que rien
ne laissait prévoir et qui coûta la vie à plus de 1500 personnes.
Une pensée pour toutes les victimes de cet événement tragique qui a eu lieu il y a un siècle
et n'oublions jamais...
Joris-
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Re: Milton Clyde Long
Merci Denis pour toutes ces jolies et intéressantes informations. Ainsi donc, Long avait survécu à un naufrage.
Pour le cas de la montre, j'espère que le chauffeur l'a bien reçue en cadeau et pas qu'il l'a récupérée dans les affaires du défunt : cela ferait tâche et ternirait la "magie" de l'anecdote... Toutefois, puisque Long était riche, on peut effectivement penser que cette montre n'était qu'une babiole et qu'il a donc voulu faire plaisir au domestique : les maîtres avaient d'ailleurs l'habitude de donner à leurs domestiques leurs vieux meubles ou le linge de maison un peu us(ag)é, mais je pense que cette montre est un peu plus précieuse que tout ça...
Pour le cas de la montre, j'espère que le chauffeur l'a bien reçue en cadeau et pas qu'il l'a récupérée dans les affaires du défunt : cela ferait tâche et ternirait la "magie" de l'anecdote... Toutefois, puisque Long était riche, on peut effectivement penser que cette montre n'était qu'une babiole et qu'il a donc voulu faire plaisir au domestique : les maîtres avaient d'ailleurs l'habitude de donner à leurs domestiques leurs vieux meubles ou le linge de maison un peu us(ag)é, mais je pense que cette montre est un peu plus précieuse que tout ça...
Canard-jaune-
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Re: Milton Clyde Long
Quelle tristesse qu'il soit mort si jeune, c'est une bonne chose malgré tout, que sa famille ait pu récupérer son corps pour faire le deuil plus facilement même si j'ai le souvenir que sa mort à été dure à surmonter pour ses parents. De plus il était leur fils unique si je ne me trompe pas.
Re: Milton Clyde Long
Fils unique, 30 ans en octobre 1912, pas marié, pas de descendance.
Avec son décès, puis celui de son père, il est probable que la lignée des Long de Springfield se soit éteinte.
A moins qu'il n'ait eu des oncles, ce que j'ignore.
Il y avait effectivement au moins un oncle : celui qui est allé aux nouvelles à New-York, puis à Boston. Mais à savoir si c'était un oncle paternel ou materne.... mystère.
Avec son décès, puis celui de son père, il est probable que la lignée des Long de Springfield se soit éteinte.
A moins qu'il n'ait eu des oncles, ce que j'ignore.
Il y avait effectivement au moins un oncle : celui qui est allé aux nouvelles à New-York, puis à Boston. Mais à savoir si c'était un oncle paternel ou materne.... mystère.
Invité- Invité
Re: Milton Clyde Long
Après le naufrage, Jack Thayer a entretenu une correspondance avec les parents de Milton Long. Ils ne le connaissaient pas, et inversement non plus.
Je pense que c’est par l’entremise de l’oncle de Milton, qu’ils ont connu Jack Thayer. Je pense qu’il a dû aborder les passagers descendant du Carpathia avec une photographie de son neveu ou une description, et que Jack lui aura parlé de ses derniers instants passé avec lui. Ce qui ne l’a pas empêché de rallier Boston, au cas où Milton long ait été à bord du Californian. Il a dû s’en suivre un échange d’adresse entre Jack Thayer et le Long.
Cette lettre est datée du 23 avril 1912, à été écrite dans la résidence des Thayer, à Haverford. Elle est lisible dans le livre de Michael Davie : Titanic : the death and live of a legend. Elle est une réponse à un courrier émanant des parents de Milton Long, dont j’espère un jour retrouver la trace. Davie la tient du fils de Jack Thayer dont il lui a fait lire la copie.
« My dear Sir :
I received your letter this morning. Mother and I were very touched by it. Words cannot express how much we sympathize with you and Mrs Long.
The newspaper clipping is accurate as far as it goes, but it does not give any of the details relating to my short friendship with your son. These I will try to tell you now, giving our own words as I can recall them.
I was sitting in the room outside the main dining saloon, waiting fort he music to begin. I had dined alone and was sitting alone, my father and mother having been invited out to dine in the restaurant. There was a box of matches on the small table at which I was sitting. Your son was sitting in front and to one side of us, with is back toward me. He took out a cigarette and, having no matches, came up to my table and asked me if he might take a match. I said “yes”. In a few minutes he came back for another one. I told him he might take them back to his table if he wanted, as I didn’t smoke. He looked lonely, sitting all alone, and I was lonely, so I pulled my chair up to his table and asked if I might join him. He smiled and said “Yes certainly”. I started the conversation by telling him that I had just been in Switzerland, Holland, Germany, Austria and England. He said he had just been in St. Moritz, and he told me all about the winter sport. He said that he had been skiing mostly, and that he did not go on the “Cresta” because he was your only son and you did not want him to run into any danger for noting. He said that he expected to go back to England in a few months, to spend the summer and go to several house parties. We talked about cricket and baseball. He told me of his trip around the world and of getting shipwrecked near Alaska. He said he only got his feet wet, as he jumped from the boat to the shore. I asked him if he ever collected stamps, with his wonderful advantages for it while travelling. He said he did, but had lost interest in it. I told him it was my hobby. We talked about stamps for a while. Then we talked over different things we had seen, and he connected with some dates. I expressed some surprise, thinking he was about twenty-one, or twenty-two. He laughed and asked me to guess his age. So as not to be too far out either way I guessed twenty-six. Then he told me he was thirty, but had been masquerading in Switzerland as twenty-two. We kept on talking about different things, which I do not remember. We talked for about two hours and a half together. Then I saw my mother and father come downstairs, so I said goodnight to your son. He asked me to come and sit with him or walk with him on deck the next morning. He then went to walk on deck before going to bed. I went to bed with mother and father.
The Titanic stuck the ice at fourteen minutes to twelve. There was only a slight shock and bumping-the all was still. It was about five minutes after twelve when I again saw your son. Father and mother and I were just going up the stairs, having dressed completely and tied on life preservers under our overcoats, when we met your son on A deck. He had on an overcoat over his dress suit, and a life preserver on under his overcoat. I think he had just been sitting in the smoking room or had come in from is walk on the deck. He came up and said “Do you mind if I stick with you”? I replied “No; come ahead, keep with us”. We all went up and walked around the boat deck for a while. Father and I said goodbye to mother at the top of the stairs on the boat deck, when they called all the women to the port side. Then your son and myself and father walked around different boats, only to be directed to others. We then went to the port side. We met Dodd, the dining saloon steward. He took us to mother, as she had not yet gotten into a boat. We stayed with her for a few minutes when Mr Wild [sic], the Chief Officer, told us to go down onto A deck and get into a boat that they were lading from there. Father and mother went ahead-your son and I followed. A crowd pushed ahead of us and we could not find my mother or father when we were able to pass on, so thinking they had managed to get off in a boat we went to the starboard side of the boat deck. There was an awful crowd around the last boat on the forward part of the starboard side, pushing and showing wildly. We thought it best not to try to get in it, as we thought it would never reach the water right side up, but it did. We went and stood by the davits of a boat which had left. There was such a big list to port that it seemed as if she would turn over on her side as she sank. In such a case we would not have had the slightest chance, so I told him I was going to jump out and slide down the davit ropes into the water ant try to swim to the boats in the distance. I started to do this three times, and each time he caught hold of me and asked me to wait awhile. In a few minutes she straightened up on an even keel. We hurried back and stood by the rail about even with the second funnel. She started to shoot down fast at an angle about thirty degrees. We shook hands, said goodbye and wished each other luck. We did not give each other any messages for home, because neither of us thought we would ever get back. Then we jumped upon the rail. Your son put his leg over the rail, while I straddled it. Hanging over the side, holding onto the rail with his hand, he looked up at me and said, “You’re coming boy, aren’t you”? I replied, “Go ahead, I’ll be with you in a minute”. He let go and slid down the side and I never saw him again. Almost immediately after he jumped I jumped. All this last part took a very short time, and when we jumped we were about ten yards above the water.
Your son was perfectly calm all the time and kept his nerve, even to the very end. I wish I had more to tell you, but I hope this will be some comfort to you.
I am sending you my picture, thinking you might like to see who was with him at the end. I would treasure it very much if you could spare me one of is.
Mother and I hope that if you and Mrs Long feel able to you will come and see us, and let us do what we can for you.
With our heartfelt sympathy, believe me.
Sincerely yours, John B. Thayer, Jr. »
Et pour nos membres qui ont un peu plus de mal avec l’anglais.
« Bien cher Mr :
J’ai reçu votre lettre ce matin. Ma mère et moi-même en fûmes très touchés. Les mots ne peuvent exprimer la compassion que nous éprouvons pour vous et Mme Long.
Ce qui est mentionné dans la presse est exact (Jack Thayer avait donné une interview à un journal à sa descente du Carpathia), mais l’article ne donne pas les détails relatifs à la brève amitié que j’ai entretenue avec votre fils. C’est pour cela que je vais essayer de vous retranscrire les mots que nous avons échangés, aussi fidèlement que je puisse me les rappeler.
J’étais assis dans la salle adjacente à la Salle à manger, attendant que débute le concert donné par l’orchestre. Mon père et ma mère ayant pris leur repas au Restaurant (à la Carte), j’avais dîné seul, et je venais de m’asseoir seul (sous entendu, dans la Salle de réception du pont D). Sur la table où j’avais pris place, il se trouvait une boite d’allumettes. Votre fils était assis face à moi, un peu sur le côté, et me tournant le dos. Il sortit une cigarette, et s’apercevant qu’il n’avait pas d’allumettes, il m’aborda pour me demander s’il pouvait en prendre une. Je répondis « oui ». Quelques minutes plus tard, il revint, et en sollicita une autre. Étant non-fumeur, je lui dis qu’il pouvait les prendre avec lui. Il avait l’air très solitaire, assis tout seul, et étant dans ce même cas, je tirai ma chaise jusqu’à sa table, et lui demandai si je pouvais me joindre à lui. Il sourit, et me dit « oui, bien sûr ». J’entamai la conversation en indiquant que je revenais juste de voyage en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche et en Angleterre. Lui me dit qu’il revenait de St Moritz, et m’a énormément parlé des sports d’hiver. Il me raconta qu’il avait essentiellement fait du ski, et m’assura qu’il n’avait pas été sur les crêtes, car il était votre unique fils, et qu’il ne voulait pas que vous vous fassiez inutilement des soucis pour lui. Il me dit qu’il projetait de repartir en voyage dans les prochains mois, pour passer l’été en Angleterre, où il comptait bien se rendre à quelques fêtes privées. (Voilà donc le Gentleman des plaisirs, titre qu’il ne semble pas avoir usurpé). Nous avons parlé de cricket et de baseball. (Sports pratiqués par le père de Jack, et apparemment par Milton aussi). Il me raconta son voyage autour du monde, ainsi que le naufrage dont il réchappa en Alaska. Il m’indiqua que lors de cette expérience, il n’eut que les pieds mouillés, puisqu’il sauta du bateau jusque sur la rive. Je lui demandai si avec les nombreux avantages que procuraient ses voyages, il n’avait jamais collecté des timbres poste. Il me dit qu’il fut un temps où c’était le cas, mais qu’il en avait perdu l’intérêt. Je lui indiquai que la philatélie était ma passion. Nous avons parlé de timbres un certain temps, puis des différentes choses que nous avions vues, et cela lui rappela certains souvenirs. Je lui exprimai ma surprise, en supposant qu’il devait avoir 21 ou 22 ans. Il ria, et me demanda de deviner son âge. Ne devant pas être très éloigné de la vérité, j’envisageai qu’il puisse avoir 26 ans. Puis il m’avoua qu’il en avait 30, mais qu’en Suisse, il n’était fait passer pour un jeune homme en ayant 22. Nous avons ensuite continué de discuter de choses et d’autres, dont je ne me souviens plus, et ce, durant bien 2 h 30. Puis je vis mon père et ma mère descendre l’escalier, et j’ai donc souhaité une bonne nuit à votre fils. Il me proposa de nous revoir le lendemain matin pour nous asseoir (sous entendu dans un salon), ou aller nous promener sur le pont tous les deux. Puis il alla marcher sur le pont, avant d’aller se coucher. Moi, je suis allé me coucher en compagnie de mes parents.
Le Titanic heurta la glace 14 minutes avant minuit. Il y eut simplement un choc et un tremblement, tout le reste était calme. Il était environ minuit passé de 5 minutes lorsque je revis votre fils. Mes parents et moi-même étions juste entrain de monter l’escalier, nos gilets de sauvetage attachés sous nos manteaux, lorsque nous l’avons rencontré au pont A. Sur son costume, il avait passé un gilet de sauvetage, ainsi qu’un manteau. Je supposai qu’il devait avoir passé un moment au fumoir, ou qu’il était revenu de sa promenade sur le pont. (Milton Long aurait-il éventuellement assisté à la collision ? Possible si son but après avoir quitté Jack Thayer était d’aller se promener dehors). Il s’est approché, et nous a demandé : « cela vous dérange-t-il si je me joints à vous » ? Je lui répondis, « non, venez, restez avec nous ». Nous sommes tous montés, et nous avons fait le tour du pont des embarcations durant un long moment. Mon père et moi avons dit au revoir à ma mère au somment de l’escalier lorsque l’on appela les femmes à se rassembler du côté bâbord. Ensuite, votre fils, mon père et moi-même sommes allés de canots en canots, pour être à chaque fois renvoyés en direction d’un autre. Nous nous sommes alors rendus du côté bâbord ; où nous y avons croisé Dodd, le steward en second de la salle à manger. Il nous conduisit jusqu’à ma mère, qui n’avait pas encore embarqué dans un canot. Nous sommes restés avec elle quelques minutes, jusqu’à ce que Mr Wilde [sic], l’officier en chef, nous dise de descendre au pont A, où un canot allait y être chargé. Mon père et ma mère partirent les premiers, votre fils et moi-même sur leurs traces. Un mouvement de foule les sépara de nous, et lorsque le passage fut à nouveau libre, nous ne retrouvions plus du tout mon père et ma mère. Nous avons donc pensé qu’ils avaient pu prendre place à bord d’un canot, et nous sommes remontés sur le pont des embarcations tribord. De ce côté-ci, il y avait une foule très dense, qui poussait de manière sauvage, à proximité du dernier canot. Nous avons jugé préférable de ne pas tenter d’y monter, tant nous étions certains que jamais il n’atteindrait l’eau de ce côté-là. Et pourtant, il y parvint. Nous nous sommes éloignés, et sommes restés près des bossoirs vides d’un canot qui avait déjà quitté le bord. Il y avait une telle gîte du côté bâbord qu’il semblait que le navire allait se coucher de ce côté en coulant. Dans un tel cas, nous n’aurions pas eu la moindre chance de survie. C’est pour cela que je lui (à Milton Long) ai dit que je comptais sauter du paquebot, pour m’accrocher et descende le long d’une des cordes des bossoirs avant de nager en direction des canots que l’on voyait au loin. Je fis trois tentatives, et à chaque fois il me rattrapa, me demandant d’attendre un peu. En quelques minutes, le navire se rétablit sur sa quille. (C’est donc cela le soubresaut mentionné par Jack Thayer et Richard Norris Williams ? ). Nous reculâmes vivement, nous tenant au bastingage à la hauteur de la seconde cheminée. Il (le paquebot) commença à plonger plus rapidement, formant un angle d’environ 30 degrés. Nous nous sommes serrés la main, dit au revoir, et souhaités mutuellement bonne chance. Nous ne nous sommes donné aucuns messages destinés à nos proches, car nous étions persuadés que nous ne nous en tirerions pas. Puis nous avons grimpé sur le bastingage. Alors que je l’enfourchais, votre fils y a posé sa jambe. Suspendu au-dessus du vide, s’accrochant au bastingage avec la main, il me regarda et me dit « Tu me rejoindras, pas vrai, mon gars ? ». Je lui ai répondu : « vas-y, je serais à tes côtés dans une minute ». Il lâcha sa main, glissa sur le côté, et je ne le revis plus jamais. Je sautai presqu’immédiatement après lui. Toute cette dernière partie s’est déroulée de façon très rapide, et je devais être à environ 10 yards (9 mètres) au-dessus de l’eau.
Tout le temps, votre fils conserva son calme, et il fit preuve de sang froid, même à la fin. J’aurais souhaité avoir plus à vous dire, mais j’espère que cela vous apportera un peu de réconfort. Je vous envoie une photographie de moi, afin que vous puissiez mettre un visage sur celui qui se trouvait avec lui à la fin. Je prendrai grand soin de sa photographie si vous m’en offriez une.
Ma mère et moi-même espérons qu’il sera possible que vous veniez nous avoir avec Mme Long, et que nous puissions vous apporter du réconfort.
Croyez en nos plus sincères condoléances.
Sincèrement, John B. Thayer, Jr.
"
Sans tomber dans l’analyse de texte, je pense que la brièveté des phrases de la lettre de Jack Thayer exprime assez bien l’émotion qu’il a eue en l’écrivant, de même que son style que je qualifierait de brut, et qu’il a dû écrire en un seul jet.
Même si leur relation fut très brève à bord, on peut se laisser à imaginer qu’elle aurait perduré dans le temps. Il devait avoir un réel attachement au point de demander aux parents de l’Américain s’ils pouvaient avoir l’amabilité de lui envoyer une photo de leur fils. Tous les deux semblaient avoir énormément de points en communs, et c’est étrange de se dire que c’est une simple allumette qui les aura fait se connaître. Si Milton Long en avait eu dans sa poche, il n’aurait pas abordé Jack Thayer.
Mais le pire dans cet histoire, et ce qui m’a ému le plus, reste quand même que si j’ai bien compris, Milton Long a passé cette traversée totalement seul. Alors, certes, il a probablement engagé des discussions au fumoir, dans la Salle de Réception du pont D ; mais le fait qu’il ait demandé aux Thayer s’il pouvait rester avec eux lors de l’évacuation semble montrer qu’il n’avait pas la moindre connaissance, même lointaine à bord.
Et finalement, je pense que Mr et Mrs Long ont pu éprouver un peu de soulagement de savoir leur fils n’a pas passé ses dernières heures tout seul, et surtout qu’ils savent la manière dont il est mort. Cela n’a pas dû effacer leur chagrin, évidemment, mais au moins de savoir qu’il était accompagné dans la mort, est une forme de « réconfort ».
On peut à présent supputer sur la manière dont Milton Long est décédé.
Il a sauté d’une hauteur de 10 mètres, avec un gilet de sauvetage (à moins qu’il ne l’ait ôté en chemin), et dans ce cas, il a probablement subit le coup du lapin, et est mort sur le coup. Jack Thayer a eu plus de chance sur ce coup-là. Ça ne tient donc pas au fait qu’ils aient sauté à quelques secondes d’intervalle.
Une question se pose aussi. Pourquoi n’ont-ils finalement pas choisi le plan de Jack Thayer, à savoir, se laisser glisser jusqu’à l’eau, en empruntant l’une des cordes des bossoirs ? Cela aurait peut-être pu garantir la survie de Milton Long.
Nous n’allons pas refaire l’histoire, mais parfois la survie d’une personne tient à peu de choses.
En tout cas, cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti autant d’émotions avec une lettre relative au Titanic. En la lisant, j’avais vraiment l’impression d’avoir passé la nuit du 14 au 15 avril 1912 avec Jack Thayer et Milton Long. Et n’oublions pas que Jack Thayer a aussi puisé énormément de force en lui pour entretenir cette correspondance. N’oublions pas qu’il venait à peine d’être orphelin de père, et que beaucoup se seraient plus préoccupé d’eux plutôt que de relater les dernières heures d’un homme rencontré au hasard d’une soirée aux parent dudit jeune homme.
Désolé pour le pavé.
Je pense que c’est par l’entremise de l’oncle de Milton, qu’ils ont connu Jack Thayer. Je pense qu’il a dû aborder les passagers descendant du Carpathia avec une photographie de son neveu ou une description, et que Jack lui aura parlé de ses derniers instants passé avec lui. Ce qui ne l’a pas empêché de rallier Boston, au cas où Milton long ait été à bord du Californian. Il a dû s’en suivre un échange d’adresse entre Jack Thayer et le Long.
Cette lettre est datée du 23 avril 1912, à été écrite dans la résidence des Thayer, à Haverford. Elle est lisible dans le livre de Michael Davie : Titanic : the death and live of a legend. Elle est une réponse à un courrier émanant des parents de Milton Long, dont j’espère un jour retrouver la trace. Davie la tient du fils de Jack Thayer dont il lui a fait lire la copie.
« My dear Sir :
I received your letter this morning. Mother and I were very touched by it. Words cannot express how much we sympathize with you and Mrs Long.
The newspaper clipping is accurate as far as it goes, but it does not give any of the details relating to my short friendship with your son. These I will try to tell you now, giving our own words as I can recall them.
I was sitting in the room outside the main dining saloon, waiting fort he music to begin. I had dined alone and was sitting alone, my father and mother having been invited out to dine in the restaurant. There was a box of matches on the small table at which I was sitting. Your son was sitting in front and to one side of us, with is back toward me. He took out a cigarette and, having no matches, came up to my table and asked me if he might take a match. I said “yes”. In a few minutes he came back for another one. I told him he might take them back to his table if he wanted, as I didn’t smoke. He looked lonely, sitting all alone, and I was lonely, so I pulled my chair up to his table and asked if I might join him. He smiled and said “Yes certainly”. I started the conversation by telling him that I had just been in Switzerland, Holland, Germany, Austria and England. He said he had just been in St. Moritz, and he told me all about the winter sport. He said that he had been skiing mostly, and that he did not go on the “Cresta” because he was your only son and you did not want him to run into any danger for noting. He said that he expected to go back to England in a few months, to spend the summer and go to several house parties. We talked about cricket and baseball. He told me of his trip around the world and of getting shipwrecked near Alaska. He said he only got his feet wet, as he jumped from the boat to the shore. I asked him if he ever collected stamps, with his wonderful advantages for it while travelling. He said he did, but had lost interest in it. I told him it was my hobby. We talked about stamps for a while. Then we talked over different things we had seen, and he connected with some dates. I expressed some surprise, thinking he was about twenty-one, or twenty-two. He laughed and asked me to guess his age. So as not to be too far out either way I guessed twenty-six. Then he told me he was thirty, but had been masquerading in Switzerland as twenty-two. We kept on talking about different things, which I do not remember. We talked for about two hours and a half together. Then I saw my mother and father come downstairs, so I said goodnight to your son. He asked me to come and sit with him or walk with him on deck the next morning. He then went to walk on deck before going to bed. I went to bed with mother and father.
The Titanic stuck the ice at fourteen minutes to twelve. There was only a slight shock and bumping-the all was still. It was about five minutes after twelve when I again saw your son. Father and mother and I were just going up the stairs, having dressed completely and tied on life preservers under our overcoats, when we met your son on A deck. He had on an overcoat over his dress suit, and a life preserver on under his overcoat. I think he had just been sitting in the smoking room or had come in from is walk on the deck. He came up and said “Do you mind if I stick with you”? I replied “No; come ahead, keep with us”. We all went up and walked around the boat deck for a while. Father and I said goodbye to mother at the top of the stairs on the boat deck, when they called all the women to the port side. Then your son and myself and father walked around different boats, only to be directed to others. We then went to the port side. We met Dodd, the dining saloon steward. He took us to mother, as she had not yet gotten into a boat. We stayed with her for a few minutes when Mr Wild [sic], the Chief Officer, told us to go down onto A deck and get into a boat that they were lading from there. Father and mother went ahead-your son and I followed. A crowd pushed ahead of us and we could not find my mother or father when we were able to pass on, so thinking they had managed to get off in a boat we went to the starboard side of the boat deck. There was an awful crowd around the last boat on the forward part of the starboard side, pushing and showing wildly. We thought it best not to try to get in it, as we thought it would never reach the water right side up, but it did. We went and stood by the davits of a boat which had left. There was such a big list to port that it seemed as if she would turn over on her side as she sank. In such a case we would not have had the slightest chance, so I told him I was going to jump out and slide down the davit ropes into the water ant try to swim to the boats in the distance. I started to do this three times, and each time he caught hold of me and asked me to wait awhile. In a few minutes she straightened up on an even keel. We hurried back and stood by the rail about even with the second funnel. She started to shoot down fast at an angle about thirty degrees. We shook hands, said goodbye and wished each other luck. We did not give each other any messages for home, because neither of us thought we would ever get back. Then we jumped upon the rail. Your son put his leg over the rail, while I straddled it. Hanging over the side, holding onto the rail with his hand, he looked up at me and said, “You’re coming boy, aren’t you”? I replied, “Go ahead, I’ll be with you in a minute”. He let go and slid down the side and I never saw him again. Almost immediately after he jumped I jumped. All this last part took a very short time, and when we jumped we were about ten yards above the water.
Your son was perfectly calm all the time and kept his nerve, even to the very end. I wish I had more to tell you, but I hope this will be some comfort to you.
I am sending you my picture, thinking you might like to see who was with him at the end. I would treasure it very much if you could spare me one of is.
Mother and I hope that if you and Mrs Long feel able to you will come and see us, and let us do what we can for you.
With our heartfelt sympathy, believe me.
Sincerely yours, John B. Thayer, Jr. »
Et pour nos membres qui ont un peu plus de mal avec l’anglais.
« Bien cher Mr :
J’ai reçu votre lettre ce matin. Ma mère et moi-même en fûmes très touchés. Les mots ne peuvent exprimer la compassion que nous éprouvons pour vous et Mme Long.
Ce qui est mentionné dans la presse est exact (Jack Thayer avait donné une interview à un journal à sa descente du Carpathia), mais l’article ne donne pas les détails relatifs à la brève amitié que j’ai entretenue avec votre fils. C’est pour cela que je vais essayer de vous retranscrire les mots que nous avons échangés, aussi fidèlement que je puisse me les rappeler.
J’étais assis dans la salle adjacente à la Salle à manger, attendant que débute le concert donné par l’orchestre. Mon père et ma mère ayant pris leur repas au Restaurant (à la Carte), j’avais dîné seul, et je venais de m’asseoir seul (sous entendu, dans la Salle de réception du pont D). Sur la table où j’avais pris place, il se trouvait une boite d’allumettes. Votre fils était assis face à moi, un peu sur le côté, et me tournant le dos. Il sortit une cigarette, et s’apercevant qu’il n’avait pas d’allumettes, il m’aborda pour me demander s’il pouvait en prendre une. Je répondis « oui ». Quelques minutes plus tard, il revint, et en sollicita une autre. Étant non-fumeur, je lui dis qu’il pouvait les prendre avec lui. Il avait l’air très solitaire, assis tout seul, et étant dans ce même cas, je tirai ma chaise jusqu’à sa table, et lui demandai si je pouvais me joindre à lui. Il sourit, et me dit « oui, bien sûr ». J’entamai la conversation en indiquant que je revenais juste de voyage en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche et en Angleterre. Lui me dit qu’il revenait de St Moritz, et m’a énormément parlé des sports d’hiver. Il me raconta qu’il avait essentiellement fait du ski, et m’assura qu’il n’avait pas été sur les crêtes, car il était votre unique fils, et qu’il ne voulait pas que vous vous fassiez inutilement des soucis pour lui. Il me dit qu’il projetait de repartir en voyage dans les prochains mois, pour passer l’été en Angleterre, où il comptait bien se rendre à quelques fêtes privées. (Voilà donc le Gentleman des plaisirs, titre qu’il ne semble pas avoir usurpé). Nous avons parlé de cricket et de baseball. (Sports pratiqués par le père de Jack, et apparemment par Milton aussi). Il me raconta son voyage autour du monde, ainsi que le naufrage dont il réchappa en Alaska. Il m’indiqua que lors de cette expérience, il n’eut que les pieds mouillés, puisqu’il sauta du bateau jusque sur la rive. Je lui demandai si avec les nombreux avantages que procuraient ses voyages, il n’avait jamais collecté des timbres poste. Il me dit qu’il fut un temps où c’était le cas, mais qu’il en avait perdu l’intérêt. Je lui indiquai que la philatélie était ma passion. Nous avons parlé de timbres un certain temps, puis des différentes choses que nous avions vues, et cela lui rappela certains souvenirs. Je lui exprimai ma surprise, en supposant qu’il devait avoir 21 ou 22 ans. Il ria, et me demanda de deviner son âge. Ne devant pas être très éloigné de la vérité, j’envisageai qu’il puisse avoir 26 ans. Puis il m’avoua qu’il en avait 30, mais qu’en Suisse, il n’était fait passer pour un jeune homme en ayant 22. Nous avons ensuite continué de discuter de choses et d’autres, dont je ne me souviens plus, et ce, durant bien 2 h 30. Puis je vis mon père et ma mère descendre l’escalier, et j’ai donc souhaité une bonne nuit à votre fils. Il me proposa de nous revoir le lendemain matin pour nous asseoir (sous entendu dans un salon), ou aller nous promener sur le pont tous les deux. Puis il alla marcher sur le pont, avant d’aller se coucher. Moi, je suis allé me coucher en compagnie de mes parents.
Le Titanic heurta la glace 14 minutes avant minuit. Il y eut simplement un choc et un tremblement, tout le reste était calme. Il était environ minuit passé de 5 minutes lorsque je revis votre fils. Mes parents et moi-même étions juste entrain de monter l’escalier, nos gilets de sauvetage attachés sous nos manteaux, lorsque nous l’avons rencontré au pont A. Sur son costume, il avait passé un gilet de sauvetage, ainsi qu’un manteau. Je supposai qu’il devait avoir passé un moment au fumoir, ou qu’il était revenu de sa promenade sur le pont. (Milton Long aurait-il éventuellement assisté à la collision ? Possible si son but après avoir quitté Jack Thayer était d’aller se promener dehors). Il s’est approché, et nous a demandé : « cela vous dérange-t-il si je me joints à vous » ? Je lui répondis, « non, venez, restez avec nous ». Nous sommes tous montés, et nous avons fait le tour du pont des embarcations durant un long moment. Mon père et moi avons dit au revoir à ma mère au somment de l’escalier lorsque l’on appela les femmes à se rassembler du côté bâbord. Ensuite, votre fils, mon père et moi-même sommes allés de canots en canots, pour être à chaque fois renvoyés en direction d’un autre. Nous nous sommes alors rendus du côté bâbord ; où nous y avons croisé Dodd, le steward en second de la salle à manger. Il nous conduisit jusqu’à ma mère, qui n’avait pas encore embarqué dans un canot. Nous sommes restés avec elle quelques minutes, jusqu’à ce que Mr Wilde [sic], l’officier en chef, nous dise de descendre au pont A, où un canot allait y être chargé. Mon père et ma mère partirent les premiers, votre fils et moi-même sur leurs traces. Un mouvement de foule les sépara de nous, et lorsque le passage fut à nouveau libre, nous ne retrouvions plus du tout mon père et ma mère. Nous avons donc pensé qu’ils avaient pu prendre place à bord d’un canot, et nous sommes remontés sur le pont des embarcations tribord. De ce côté-ci, il y avait une foule très dense, qui poussait de manière sauvage, à proximité du dernier canot. Nous avons jugé préférable de ne pas tenter d’y monter, tant nous étions certains que jamais il n’atteindrait l’eau de ce côté-là. Et pourtant, il y parvint. Nous nous sommes éloignés, et sommes restés près des bossoirs vides d’un canot qui avait déjà quitté le bord. Il y avait une telle gîte du côté bâbord qu’il semblait que le navire allait se coucher de ce côté en coulant. Dans un tel cas, nous n’aurions pas eu la moindre chance de survie. C’est pour cela que je lui (à Milton Long) ai dit que je comptais sauter du paquebot, pour m’accrocher et descende le long d’une des cordes des bossoirs avant de nager en direction des canots que l’on voyait au loin. Je fis trois tentatives, et à chaque fois il me rattrapa, me demandant d’attendre un peu. En quelques minutes, le navire se rétablit sur sa quille. (C’est donc cela le soubresaut mentionné par Jack Thayer et Richard Norris Williams ? ). Nous reculâmes vivement, nous tenant au bastingage à la hauteur de la seconde cheminée. Il (le paquebot) commença à plonger plus rapidement, formant un angle d’environ 30 degrés. Nous nous sommes serrés la main, dit au revoir, et souhaités mutuellement bonne chance. Nous ne nous sommes donné aucuns messages destinés à nos proches, car nous étions persuadés que nous ne nous en tirerions pas. Puis nous avons grimpé sur le bastingage. Alors que je l’enfourchais, votre fils y a posé sa jambe. Suspendu au-dessus du vide, s’accrochant au bastingage avec la main, il me regarda et me dit « Tu me rejoindras, pas vrai, mon gars ? ». Je lui ai répondu : « vas-y, je serais à tes côtés dans une minute ». Il lâcha sa main, glissa sur le côté, et je ne le revis plus jamais. Je sautai presqu’immédiatement après lui. Toute cette dernière partie s’est déroulée de façon très rapide, et je devais être à environ 10 yards (9 mètres) au-dessus de l’eau.
Tout le temps, votre fils conserva son calme, et il fit preuve de sang froid, même à la fin. J’aurais souhaité avoir plus à vous dire, mais j’espère que cela vous apportera un peu de réconfort. Je vous envoie une photographie de moi, afin que vous puissiez mettre un visage sur celui qui se trouvait avec lui à la fin. Je prendrai grand soin de sa photographie si vous m’en offriez une.
Ma mère et moi-même espérons qu’il sera possible que vous veniez nous avoir avec Mme Long, et que nous puissions vous apporter du réconfort.
Croyez en nos plus sincères condoléances.
Sincèrement, John B. Thayer, Jr.
"
Sans tomber dans l’analyse de texte, je pense que la brièveté des phrases de la lettre de Jack Thayer exprime assez bien l’émotion qu’il a eue en l’écrivant, de même que son style que je qualifierait de brut, et qu’il a dû écrire en un seul jet.
Même si leur relation fut très brève à bord, on peut se laisser à imaginer qu’elle aurait perduré dans le temps. Il devait avoir un réel attachement au point de demander aux parents de l’Américain s’ils pouvaient avoir l’amabilité de lui envoyer une photo de leur fils. Tous les deux semblaient avoir énormément de points en communs, et c’est étrange de se dire que c’est une simple allumette qui les aura fait se connaître. Si Milton Long en avait eu dans sa poche, il n’aurait pas abordé Jack Thayer.
Mais le pire dans cet histoire, et ce qui m’a ému le plus, reste quand même que si j’ai bien compris, Milton Long a passé cette traversée totalement seul. Alors, certes, il a probablement engagé des discussions au fumoir, dans la Salle de Réception du pont D ; mais le fait qu’il ait demandé aux Thayer s’il pouvait rester avec eux lors de l’évacuation semble montrer qu’il n’avait pas la moindre connaissance, même lointaine à bord.
Et finalement, je pense que Mr et Mrs Long ont pu éprouver un peu de soulagement de savoir leur fils n’a pas passé ses dernières heures tout seul, et surtout qu’ils savent la manière dont il est mort. Cela n’a pas dû effacer leur chagrin, évidemment, mais au moins de savoir qu’il était accompagné dans la mort, est une forme de « réconfort ».
On peut à présent supputer sur la manière dont Milton Long est décédé.
Il a sauté d’une hauteur de 10 mètres, avec un gilet de sauvetage (à moins qu’il ne l’ait ôté en chemin), et dans ce cas, il a probablement subit le coup du lapin, et est mort sur le coup. Jack Thayer a eu plus de chance sur ce coup-là. Ça ne tient donc pas au fait qu’ils aient sauté à quelques secondes d’intervalle.
Une question se pose aussi. Pourquoi n’ont-ils finalement pas choisi le plan de Jack Thayer, à savoir, se laisser glisser jusqu’à l’eau, en empruntant l’une des cordes des bossoirs ? Cela aurait peut-être pu garantir la survie de Milton Long.
Nous n’allons pas refaire l’histoire, mais parfois la survie d’une personne tient à peu de choses.
En tout cas, cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti autant d’émotions avec une lettre relative au Titanic. En la lisant, j’avais vraiment l’impression d’avoir passé la nuit du 14 au 15 avril 1912 avec Jack Thayer et Milton Long. Et n’oublions pas que Jack Thayer a aussi puisé énormément de force en lui pour entretenir cette correspondance. N’oublions pas qu’il venait à peine d’être orphelin de père, et que beaucoup se seraient plus préoccupé d’eux plutôt que de relater les dernières heures d’un homme rencontré au hasard d’une soirée aux parent dudit jeune homme.
Désolé pour le pavé.
Invité- Invité
Re: Milton Clyde Long
Merci pour cette découverte et la retranscription.
C'est une lettre émouvante en effet. Elle a du un peu soulager les parents de Milton Long de savoir comment leur fils avait passé les dernières heures à bord du navire, et de savoir qu'il avait fait cette rencontre. Ils ont continué à garder un lien par la suite avec Jack Thayer ?
Joris
C'est une lettre émouvante en effet. Elle a du un peu soulager les parents de Milton Long de savoir comment leur fils avait passé les dernières heures à bord du navire, et de savoir qu'il avait fait cette rencontre. Ils ont continué à garder un lien par la suite avec Jack Thayer ?
Joris
_________________
Le Titanic coulait il y a cent douze ans le 15 avril 1912. Une catastrophe maritime que rien
ne laissait prévoir et qui coûta la vie à plus de 1500 personnes.
Une pensée pour toutes les victimes de cet événement tragique qui a eu lieu il y a un siècle
et n'oublions jamais...
Joris-
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