Les activités des enfants

Sha're, il est évident que si tu avais été leur nounou, tous les enfants auraient été heureux d'être avec toi, ce qui aurait permis à leurs parents d'être sans même avoir besoin de pratiquer le

lol merci Gérard.
Ça m'aurait bien plu d'être nounou sur le Titanic.

Il est assez intéressant de voir comment, en quelques années, le regard des compagnies sur les enfants a changé.

En 1912, sur le Titanic, les enfants étaient une gêne totale : ça court partout, ça fait du brut, ça dérange tout le monde... D'où le fait qu'on laissait les parents gérer le tout : pas de salle de jeux ou de nurserie, ni même de bonne d'enfant attitrée à bord. On remarque d'ailleurs que justement, le nombre d'enfants à bord en première classe était très réduit. En 2e classe, Lawrence Beesley explique que l'une des promenades couvertes avait été tacitement transformée en salle de jeux, mais rien d'officiel : on y laissait juste les enfants courir. Idem en troisième. Quelle que soit la classe, rien n'était prévu, aux parents de se débrouiller.

A l'inverse, si on regarde en 1914/1915, on voit apparaître sur l'Aquitania et le Britannic des salles de jeu et un personnel affilié : cela permet aussi de faciliter la vie au parents. Et tant qu'à faire, cela apporte une nouvelle source de revenus aux compagnies, car les publicitaires et les parents le savent : l'enfant est le meilleur consommateur possible (le syndrome du "maman, achète moi ça ou je crie trèèèès fort").

Et si on regarde le Normandie dans les années 30, c'est la totale : salle de jeux, salle à manger spéciale, activités particulières, séances de cinéma pour enfants...

Oui, cet intérêt soudain pour les enfants est sans doute la conséquence de la baisse de l'immigration vers les États-Unis. En effet on note qu'à partir de 1915, les immigrants se font moins nombreux (bien que les chiffres restent tout de même important), peut-être à cause de la guerre et du fait que de nombreux navires réquisitionnés ne pouvaient plus assurer le transport des 3ème classe. Puis en 1924 fut votée une loi visant à restreindre l'immigration aux E.U. (Loi Johnson Reed).

Bref, faute d'immigrants, il fallait bien trouver une autre clientèle lucrative et sur laquelle on puisse pouvoir compter sur la durée... C'est là que l'on a découvert les enfants ! De plus, quoi de mieux que de fidéliser sa clientèle dés le plus jeune âge ?

En m’intéressant au sort des enfants durant la traversée via le site du Titanic qu'on connait tous, j'ai été intrigué par une des distractions des enfants de seconde classe, aussi mentionné dans ce sujet, à savoir: "Patiner ou jouer aux petits chevaux sur le pont".

Patiner ? Ca veut dire quoi exactement dans ce cas ? (pas une patinoire de glace bien sûr ).
Etait-ce faire des glissades comme le faisait Lightoller pour rigoler sur la passerelle de l'Océanic ? Un peu dangereux quand même tant pour les bambins que pour les passagers se trouvant sur leur chemin. Boom.

Quand aux petits chevaux ?
Etait-ce le même jeu que nous connaissons aujourd'hui mais en grand format avec des cases dessinées sur le pont comme un peut le voir dans certaines piscines en plein air qui possèdent des cases d'échiquiers avec des pions sur-dimensionnés ?

A.T

Pour le jeux des petits chevaux je crois que c'est ça....
Pour patiner....ça devait faire de l'animation à mon avis et comme ça les médecins avaient une augmentation!
non franchement je sais pas....
Pour ce qui est de la classe...oui ça dépend des parents!
L'idéal ce serait d'être un gosse de nouveau riche !

Le problème serait le regard des autres passagers sur toi...même si je pense que les passagers de la première (particulièrement les femmes) devaient aimer les jeunes enfants....

En tout cas c'est sûr que les passagers de la troisième (pour la plupart) s'en ficher de voir des mômes courir partout contrairement à ces belles femmes avec leurs grandes robes et leur manières..."oh là là! Mais on à pas d'idée, et prout prout prout...!!

On ne peut pas généraliser les modes de pensée comme ça. On a aujourd'hui trop tendance à avoir des gens une vision monolithique à la Cameron, avec dans l'idée que les premières classe étaient tous des coincés de type Ruth et Cal (sauf Molly qui était une rigolote, bien sûr ! ) et les troisième classe joyeux lurons et "simples". Gardons à l'esprit qu'on parle de personnes tout aussi humaines que nous, et que, selon la loi des sociétés, quel que soit le groupe que l'on prenne, il y aura toujours une certaine part de cons (et, la connerie étant une des rares ressources bien partagées en ce bas monde, toutes les classes sociales, ethniques, religieuses et autres ont reçu une part égale !).

Tout ça pour dire qu'en première classe, on trouvait certainement aussi des papas gâteau et des mamans prêtes à s'esbaudir devant le pire mioche ; et en troisième classe des parents pète-sec qui auraient cogné à coups de ceinture le premier enfant qui pleure un peu trop fort !

Ce qui est visible en revanche, c'est que la proportion d'enfants est beaucoup plus faible en première classe. Pourquoi ? Certainement parce que cette clientèle voyageant plus pour le tourisme et pour le travail, donc des séjours provisoires, elle n’emmène pas toute la famille avec elle. Peut-être aussi question d'âge des passagers. Toujours est-il qu'il y avait peu d'enfants en première classe et que rien n'était prévu pour les divertir. Ni guignol, ni salle à manger particulière, ni animateurs comme on l'a vu quelques années plus tard sur les paquebots. À charge des domestiques et des parents de s'occuper de leurs enfants. La célèbre photo de Douglas Spedden jouant à la toupie avec son père l'illustre à la perfection.



Pas non plus de jeux de plein air à aussi grande échelle. Ils étaient plutôt destinés aux adultes. Pas de témoignages de jeux de petits chevaux/échecs de grande taille : tout ça est bien plus moderne. Je pense qu'à l'époque, les activités des enfants étaient plus discrètes ; et il ne me semble pas improbable que la compagnie ait prêté des jouets. Le plus probable pour moi est toutefois que les enfants devaient se contenter de ce qu'ils ont emporté...

De façon intéressante, le Britannic aurait dû prêter plus grande attention aux enfants : une salle de jeux devait y être installée.

Merci de ce complément d'information Antoine.
Je pense qu'en 1912, les enfants toutes classes confondues se contentaient de ce qu'ils avaient sous la main pour s'amuser et qu'il leur en fallait très peu, en atteste le cliché de du jeune Douglas et sa toupies et que tu as joins au post (il fait parti de ceux qu'a pris le père Brown, je crois).
La traversée devait leur sembler bien longue.

A.T

N'y a t-il pas aussi le témoignage d'un enfant de troisième classe qui se souvenait s'être sali les mains après être monté sur une "grue" (je ne suis pas sûr du terme) du pont de poupe pour s'amuser ?

Je ne sais plus où j'ai lu ça.

Franck Goldsmith s'est en effet souvenu de ça. C'était notamment raconté dans le très beau livre pour enfants Au coeur du Titanic illustré par Ken Marshall.

J'ai dû le lire ailleurs alors, parce que je n'ai pas ce livre.

oui c'est vrai que dans la troisième classe s'était pas tous des gais-lurons: n'oublions pas que beaucoup vivaient dans la misère et sombrer souvent dans l'alcoolisme ...
sans remettre en cause les installations du Titanic pour la troisième classe car la troisième classe était très confortable (même si c'était pas le grand luxe des ponts supérieurs) par rapport aux autres navires!

Et c'est vrai qu'en première on trouver des gens très joyeux (surtout des nouveaux riches ou des jeunes gens) prêt à se montrer très agréable avec les enfants, tous n'était pas très coincé! mplyt

Je ne pense pas que l'on puisse dire que les gens de ce milieu social étaient "souvent" alcooliques. Ce n'était pas une généralité à mon avis, et il y en avait aussi dans la haute société d'ailleurs.

Pour en revenir aux enfants, à cette époque ils étaient plus vite adultes qu'aujourd'hui, mais pas de la même manière. Il était courant que les enfants de 3ème classe arrêtent l'école à 12 ou 13 ans et commencent à travailler pour aider leurs parents. Si l'on prends la famille Goodwin pour exemple, le recensement de 1911 indique que Lilian (15 ans) était domestique, que Charles (13 ans) était garçon laitier et enfin que William (11 ans) vendait des journaux dans la rue.

Dans cette même tranche d'âge, les enfants de la haute société faisaient encore des études, parfois/souvent avec des précepteurs (comme ce fut le cas pour Andrews). Ils devenaient surtout adultes par le soucis du bon paraître, ainsi que par le poids des responsabilités, notamment aux fils destinés à prendre les rennes des domaines et sociétés familiales.

Cela se ressentait-il sur leurs activités à bord ? Pour ceux de la troisième, la traversée était peut-être comme un cours répit avant de reprendre le boulot. Nul doute que les enfants Goddwin auraient retrouvés rapidement des petits jobs à leur arrivée en Amérique, en attendant ils pouvaient profiter du pont du Titanic.

Quant aux enfants de 1ère, ce n'était sans doute pour eux que des jours comme les autres, passés entres les codes de savoir vivre et de savoir être, les jeux, l'éducation, le tout toujours avec leurs nounous...A la différence près qu'ils étaient sur un bateau.

Mouais...la vie de 1912 n'était pas, de toute façon, une partie de plaisir...pour la plupart des gens.

Je ne peux citer ma source, mais j'ai lu quelque part qu'un groupe d'enfants de 3eme avait réussi à s'introduire dans la salle des machines et /:ou la chaufferie, afin de visiter, et se seraient gentiement faits reconduire sur le pont par des membres d'équipage.....

Ken Marschall fait vivre cette aventure à Frankie Goldsmith dans son livre Au coeur du Titanic. Mais est-ce vrai ou inventé ? Le livre s'adressant aux enfants, difficile à dire !