Votre famille et entourage

Récemment la gérante du café de mon village m'a demandé si je pouvais faire un historique du lieu avec des vieilles photos qu'on accrocherait  dans un cadre pour que les clients puissent les voir. J'ai accepté avec plaisir. Il faut dire que c'est ma famille qui a créé ce café au début du 20e siècle. J'ai commencé à rassembler les photos, puis une grand-tante m'a récemment envoyé une nouvelle que je ne connaissais pas. Il s'agit de mon arrière-grand-mère, surnommée Minou, peu après son arrivée au village. Je pense que la photo date de 1915... Ou un peu après.



Minou avait un an quand le Titanic a fait parler de lui dans les journaux. Elle est née en 1911 dans un village creusois encore plus isolé de celui où je suis actuellement (pour ceux qui savent, car je n'écrirais pas le nom ici). Il y a deux ans, nous sommes allés voir la maison où elle a vécut les trois première années de sa vie : une minuscule ferme, près d'une rivière, dans un minuscule hameau. On a l'impression d'être hors du temps, hors du monde. Je n'ose imaginer ce que ça devait être à son époque ! Mais, remarquez, sans doute était-ce plus vivant. Il y avait des familles nombreuses si j'en crois les recensements trouvés sur les archives en ligne. Toujours est-il que la nouvelle du naufrage du Titanic n'a pas dû arriver jusque là-bas.

Paradoxalement, celui avec qui elle allait se marier quelques années plus tard, mon arrière-grand-père, avait à ce moment-là déjà 21 ans. Il habitait en plein cœur de Paris dans l'hôtel particulier du Quai d'Orsay chez la famille pour laquelle il travaillait, et n'avait qu'à sortir dans la rue pour être tenu au courant de cette affaire par les vendeurs de journaux.

Amusant quand on y pense, ses deux destins si éloignés qui vont finir par se rejoindre...

La mère de Minou n'a jamais voulu dire qui était son père, d'autant qu'elle avait divorcé quelques années plus tôt et qu'elle était officiellement célibataire. Quand sa fille eu trois ans, elle s'en est "débarrassée", la confiant aux bons soins de sa sœur qui tenait le café dans "mon" village et qui venait tout juste de perdre une fille du même âge.

Terminé la vie de ferme dans le petit hameau. Minou a grandit dans le bourg du village qui attirait alors bon nombre de touristes et de peintres (on en a dénombré 500 et l'âge d'or de cette colonie d'artiste fut justement entre 1890 et 1920).

Puis à 16 ans, Minou est tombée enceinte de celle qui sera la demi-sœur de mon grand-père. Comme sa mère avant elle, elle n'a jamais dit qui était le père. Il était mal vu d'être une "fille-mère", alors elle a fui à Paris. Employée comme cuisinière dans une famille bourgeoise, elle a rencontré mon arrière-grand-père (le chauffeur de maître). Ils avaient 20 ans de différence, mais se sont mariés. Minou a pu retourner au village la tête haute, notamment pour les vacances d'été. Retraitée de la RATP (elle vendait des tickets de métro), elle est ensuite revenue définitivement en Creuse s'occuper du café de sa tante. C'est là qu'elle a terminé ses jours.

Voilà toute l'histoire (ou presque) de la vie de cette petite-fille qui ne se doute pas encore de tout ce qui va lui arriver.

Je n'avais jamais vu de photo d'elle enfant.
Voici la même vers ses quarante/cinquante ans.

Ohhh, ton arrière grand-mère était très belle. Distinguée, élégante, beaucoup de classe.
J'aime beaucoup cette dernière photo.

Je l'ai connu, ou plutôt elle m'a connu car j'étais trop jeune pour m'en souvenir. Il paraît qu'elle n'avait pas un caractère facile (elle avait de qui tenir avec sa mère...). Exigeante et intransigeante. J'ai l'impression que ça transparaît un peu sur la dernière photo. Elle a connu aussi mon premier frère et trouvait que nos parents nous avait donné des prénoms bizarres (mon frère s'appelle Corentin).

Mon grand-père raconte qu'elle faisait toujours attention à son apparence, y compris quand elle travaillait au métro parisien après la mort de mon arrière-grand-père en 1950. Avant ça, elle était cuisinière de famille bourgeoise, puis ils ont été gardiens d'hôtels particuliers (c'est-à-dire qu'ils occupaient les lieux en l'absence des maîtres, ce qui pouvait durer de longs mois).

J'ai une autre photo d'elle, ci-dessous, qui date de cette époque de gardiennage. Elle a environ trente ans.

Merci pour ces précieux témoignages historiques et ces belles photographies anciennes, Tiphaine. C'est adorable, et fort intéressant.

Merci pour ce partage Tiphaine , quel destin en tout cas ! On sait de qui tu tiens ton élégance en tous cas :)

Moi, élégante ?  Je n'ai pas le port de mon aïeule, mais peut-être son caractère exigeant en tout cas. Je me demande ce que nous nous saurions dites si on s'était connu plus longtemps. Les conversations auraient pu être animées !

Tiens il faudra que je cherche si je n'ai pas une photo de nous deux...

C'était une très belle femme et elle était toute mignonne petite. C'est vrai quand on regarde les photos d'enfance, on n'imagine pas ce qui peut arriver, les souffrances, les difficultés de toute une vie mais elle a réussi à s'en sortir. Déjà grâce à sa tante elle a pu se construire. C'est étrange parfois qu'on répète les erreurs de ses parents.
On ne sait pas ce qu'est devenu sa mère ? Elle l'a revu ?

Oui, oui, sa mère l'a revu à plusieurs reprises. Elle n'habitait pas très loin et a donc gardé contact. D'ailleurs elle a vécu longtemps et a connu ses petits-enfants. Dont mon grand-père qu'elle aimait beaucoup et qui se souvient d'elle comme une femme de fort caractère. Après son divorce, elle a toujours été indépendante.

J'ai plusieurs photos d'elle, dont celle-ci qui est ma préféré. Elle s'appelait Rose.
Née en 1876 et morte en 1963, ce fut une longue vie que la sienne.


Rose vers 1960.

Son mariage date de 1902, mais le couple a entamé la procédure de divorce en 1906. Il semble que Rose soit partie travailler à Paris, mais on la retrouve en Creuse en 1911 lorsqu'elle donne naissance à Minou. Sur le premier acte de naissance, c'est "l'ex-mari" de Rose qui est indiqué comme étant le père de Minou. Néanmoins, celui-ci dément formellement. Le divorce est définitivement prononcé quelques mois plus tard. Puis, le 10 mai 1912, tandis que d'autres sont occupés avec l'affaire Titanic, il signe un acte de désaveu de parenté. À partir de là, Minou hérite du nom de sa mère.

L'acte de divorce est au début de cette page :
http://www.archives23.com/23147-Nouzerolles/publication/swf/23147_Me_1794_1932_430_80/files/assets/basic-html/page71.html

Et ici c'est l'acte de désaveu de parenté :
http://www.gendep23.com/actes/acte_naiss.php?xid=514896&xct=5544

Très pratique ces archives en ligne !

Très pratiques ces archives Tiphaine! C'est chouette que tu puisses découvrir toute une histoire grâce à ça

Disons que ça permet d'officialiser tout ce qui se raconte à l'oral dans la famille. Mon grand-père m'a parlé de toutes ces histoires, mais parfois il lui manquait des dates précises.

Tiphaine a écrit:Son mariage date de 1902, mais le couple a entamé la procédure de divorce en 1906. Il semble que Rose soit partie travailler à Paris, mais on la retrouve en Creuse en 1911 lorsqu'elle donne naissance à Minou. Sur le premier acte de naissance, c'est "l'ex-mari" de Rose qui est indiqué comme étant le père de Minou. Néanmoins, celui-ci dément formellement. Le divorce est définitivement prononcé quelques mois plus tard. Puis, le 10 mai 1912, tandis que d'autres sont occupés avec l'affaire Titanic, il signe un acte de désaveu de parenté. À partir de là, Minou hérite du nom de sa mère.

Il a fallu 5 ans pour qu'ils divorcent, tu sais pourquoi ? Vous pensez vraiment qu'il n'était pas le père ?

Bonsoir les amis, j'ai bien pensé à vous en continuant mes recherches généalogiques.
J'ai en effet découvert un petit quelque chose de spécial, je vais essayer de vous expliquer ça correctement.

Tout commence avec un mariage, ce mariage qui se déroule le 24 Février 1745 à Wiers ( Toujours dans le Hainaut mais pas très loin de Tournai), il unit Charles Picavez à Marie Josephe Quinterne dont je suis séparée par 8 générations, ils auront ensemble 12 enfants, j'en citerais 3 d'entre eux : Philippe ( mon ancêtre direct), Antoine Joseph et Marie Joachime.

Pour en venir au fait, je cherchais l'acte de décès d'Antoine Joseph dans la commune de Wiers, en cherchant je trouve un acte de décès de son homonyme qui est en réalité son fils de 13 jours, grâce à cet acte je peux découvrir que la mère de son enfant, Marie Josephe Leroy est originaire de Flines-Lez-Mortane qui se trouve dans le Nord-Pas de Calais. Et voilà donc le petit lien avec la France que je viens de découvrir.

Je n'ai toujours pas trouvé l'acte de décès de ce cher Antoine Joseph mais j'ai découvert que sa soeur, Marie-Joachime est décédée à Flines et qu'elle résidait à Rouillon avec son fils et son mari. C'est parti pour la chasse aux actes dans le nord de la France, souhaitez moi bonne chance!

Belle découverte Elo ! Est-ce que c'est la première découverte que tu fais dans ce genre, où est-ce que tu as d'autres racines étrangères ?
Bonne recherche dans les archives du Nord-Pas-de-Calais, les archives sont assez bien fournies en plus, y' a de quoi faire !

J'ai récemment fais une découverte intéressante. Je savais depuis longtemps que j'avais des racines belges par mon arrière-grand-mère mais, les archives des villes concernées n'étant pas en ligne, j'avais un peu laissé cette histoire de côté. Je connaissais néanmoins sa date et son lieu de naissance, tout comme le nom de ses parents.
Puis, grâce à un site d'entraide généalogique, j'ai pu faire avancer le puzzle. Quitte à remonter dans le temps, je me suis directement intéressée à ses parents. J'ai pu demander l'acte de décès de son père (qui s'était installé en France) et de là, connaître sa date et son lieu de naissance. Cet arrière-arrière-grand-père, dont le prénom - Crespin - m'interpellait depuis longtemps par son originalité certaine, était donc né à Namur... de parents inconnus. Il avait en effet était trouvé dans une allée, par une journalière qui l'avait amené à la mairie. Son acte de naissance est intéressant du fait que le maire détaille avec précision les vêtements qu'il portait lorsqu'il a été trouvé. Je suppose qu'il a été envoyé soit chez des nourrices, soit à l'orphelinat de la ville, visiblement très difficile ; je n'ai pas encore commencé de recherches à ce sujet mais je compte bien rechercher un dossier à son nom dans les archives. En tout cas, lorsqu'on sait que le taux de survie des enfants trouvés était relativement bas, mon aïeul a eu une sacré chance de s'en sortir.

Merci Manon, en fait oui elles sont bien faites mais c'est un peu dur de trouver les actes qui correspondent  aux dates que je cherche ( Antoine est né en 1758, j'ai regardé  dans les tables décennales  jusqu'en 1866 et je ne l'ai pas trouvé  entre 1802 et 1866, où  il se cache le petit coquin?). J'ai découvert  qu'il y a un autre membre de la famille quis'est aussi marié avec une Française mais je dois vérifier tout ça. 

C'est chouette que tu aies pu trouver ton ancêtre Manon, je ne sais pas si tu connais le site arch.be mais c'est le site des archives nationales  que j'utilise le plus, il y a aussi geneanet que j'aime beaucoup et aussi myheritage que j'utilise beaucoup. Il faudrait que tu me montres ton arbre, on a peut être  des ancêtres  en commun, qui sait?

Est-ce que ses enfants se sont mariés ? La date et lieu de décès des parents où leur lieu de résidence sont généralement renseignés, surtout au XIXème siècle. Au pire, si le lieu est inconnue, l'acte renseigne sur le décès où non du père, ça permet de diminuer le champ de recherche.
Essaye d'élargir aussi la zone de recherche en t'attaquant aux tables des communes limitrophes, voir même les française s'il a suivi le même schéma que sa soeur. A force de chercher, ça aboutira bien un jour.

Je connais le site des archives belges oui ! Comme je le disais, je n'ai pas pu trouver ce que je cherchais puisque les docs en question n'étaient pas en ligne, c'est pour ça que j'ai eu recours à l'entraide, c'est pratique lorsque quelqu'un peut se déplacer à notre place. J'utilise énormément geneanet (le côté gratuit me séduira toujours plus), familysearch aussi pour les recherches à l'étranger.
Sinon voici mon arbre (et ma branche belge ici).
Des ancêtres en communs ? Va savoir ! Surtout qu'en remontant les générations, la chance double.