Pour entrer aux Etats-Unis

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Message  Sha're Mer 29 Aoû 2007 - 16:11

Vous souvenez-vous de la somme que les passagers devaient avoir en leur possession pour aller aux Etats-Unis ? Je crois que les musiciens devaient se plier à cette règle. Y a-t-il d' autres membre de l' équipage ?
C' était une somme importante.

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Message  Antoine Mer 20 Mai 2015 - 0:02

Tant qu'à faire, je réponds aussi ici (c'est pas mal de fouiller les vieux sujets, on devrait faire ça plus souvent !). Les passagers étaient à priori tenus d'avoir 50 dollars sur eux. Si mes calculs sont bons, ça représentait à peu près 10 livres d'époque. C'est l'équivalent d'environ 1100 € d'aujourd'hui, ou de deux mois de salaire d'un matelot qualifié de l'époque. Oui, forcément, tout ça remet pas mal de choses en perspective, mais c'était une mesure assez nécessaire : il fallait s'assurer que le nouvel arrivant ne se retrouverait pas directement à la rue (histoire qu'on ait le temps de l'envoyer bosser dans des usines et vivre dans des taudis, mais c'est une autre histoire. rire ).

De façon générale, les règles d'entrée aux États-Unis pour les passagers devant passer par les services de l'immigration étaient assez strictes : il ne fallait pas être trop vieux (eh oui, un vieux, ça travaille pas), pas avoir de mauvaises mœurs (à l'époque, je suppose que ça excluait tout homosexuel qui ne le cachait pas assez bien...), pas être une mère célibataire trop jeune, pas être malade... Y'avait pas mal de conditions.

Ah, et bien entendu, quand un passager se faisait refouler pour non respect des critères, il était refoulé... et la compagnie le ramenait à ses frais.

Après, dans le cas des musiciens, ça restait une formalité, en tout cas s'ils faisaient le voyage du retour, car il me semble qu'au moins un avait prévu de rester aux États-Unis, faudra que je vérifie. Pour les autres, à priori, ils n'auraient pas à dépense en logement/nourriture là bas, et sûrement pas trop le temps de dépenser leurs 5 dollars pendant l'escale de toute façon.
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Message  Sha're Mer 20 Mai 2015 - 9:47

50 dollars par personne et par famille ?
C'est une forte somme que ces passagers devaient sortir. Je me demande où les musiciens cachaient leur argent, dans leur cabine ou ils ont pu bénéficier gratuitement du coffre-fort. C'était une mesure exceptionnelle pour les musiciens par la White Star Line ou d'autres compagnies le faisaient ? Tu penses qu'ils auraient trouvé un accord pour la prochaine traversée ?
Se faisant refouler après un si long voyage et devant payer eux mêmes le voyage du retour, c'était un gros risque. En les obligeant à avoir cette somme sur eux, les compagnies avaient l'assurance de les voir partir.

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Message  Antoine Mer 20 Mai 2015 - 11:19

Je ne sais pas trop quelle pouvait être la situation des musiciens sur les autres navires, mais à priori, si les frères Black menaient la même politique, et vu qu'ils avaient un monopole, le problème devait aussi se poser. Faut bien voir que pour la White Star, la situation était emmerdante : elle payait les Black pour payer les musiciens, et n'avait pas le choix. Pour des rasons pratiques, pour que les musiciens figurent sur la liste d'équipage, elle devait aussi leur verser un salaire, en plus de celui que leur versaient déjà les Black. Les payer deux fois, en somme. Mais comme c'était une formalité pour qu'ils aient le statut de membres d'équipage, la WSL ne leur versait qu'un shilling symbolique. Pour faire simple, imagine que tu es employée par un certain Norbert, qui te paie, et qui t'envoie sur un navire appartenant à Maurice. Maurice lui-même paie Norbert pour qu'il puisse te payer (et il paie sûrement cher : il faut bien que Norbert fasse es bénéfices !). Mais pour que tu soies membre d'équipage, Maurice doit aussi te donner un euro symbolique pour dire "elle est employée à bord". Sauf que là, les syndicats de musiciens, qui n'avaient pas réussi à se faire augmenter par les Black, ont été demander à la White Star de payer plus. Mai la WSL payait déjà les Black pour s'occuper de tout ça ! Elle n'allait pas raquer deux fois.

Alors est-ce que la chose se serait résolue à la traversée suivante, non, vu que ça concernait tous les musiciens liés aux Black, pas seulement ceux du Titanic, et les autres compagnies ne devaient pas se laisser faire facilement non plus. Et les Black n'avaient pas une réputation de tendres. Mais il semblerait qu'en attirant l'attention sur leurs scandales, le naufrage du Titanic ait renforcé les syndicats, et amélioré le sort des musiciens face aux Black.

Après, pour les passagers lambda, je n'en sais pas plus, mais il est probable que c'était par famille, ou en tout cas par homme en âge de travailler. Quant à savoir où ils le planquaient ? En première et deuxième classe, je suppose que le commissaire prenait tout ça en charge. La compagnie y avait tout intérêt : en faisant ça, elle se protégeait des plaintes pour vols.
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Message  Manny Mer 20 Mai 2015 - 11:58

Il est même très probable que les 50$ soient pour une famille entière, mais je ne sais pas s'ils remplissaient leur questionnaire - les fameuses 29 questions d'Ellis, pour chaque personne où pour chaque chef de famille. Vu le type de questions posées, je pencherais plutôt pour la deuxième option.
C'était une somme mais comme tu le dis Nadine, posséder 50$ diminuait le risque de se faire gentiment raccompagner en Europe au frais des compagnies. C'est pour ça aussi que des inspections avaient lieu avant l'embarquement, on écartait spontanément ceux qu'on voyait déjà se faire refouler, gain de temps et d'argent. L'argent ne faisait pas tout non plus, vous aviez beau avoir 300$, si vous aviez le trachome, soit on vous gardait un temps plus où moins long à l'hôpital d'Ellis, soit on vous virait.

Les services de l'immigration était strict mais pas insurmontable. Sur 12 millions de passages, seuls 2 à 3% ont été refoulé, ce qui est dérisoire. Quand on voit l'immigration actuelle dans des rafiots pourris, Ellis fait figure de palace.
Je m'égare, sur les conditions demandées, en plus de celles évoquées par Antoine, on s'assurait aussi que vous aviez les moyens financiers de continuer votre voyage à travers les Etats-Unis (si vous ne restiez pas à New York), on vérifiait aussi si vous aviez des connaissances sur place, un contrat de travail et qui avait payé votre traversée. On s'intéressait aussi à vos éventuelles problèmes avec la justice où vos séjours en psychiatrie... Bref, on s'assurait que vous n'étiez pas un boulet.

Au sujet du séjour même sur Ellis, de tous les témoignages que j'ai pu lire, il y' a un critère qui revient tous le temps: la peur et l'attente. La peur surtout de se faire refouler pour maladie. Du personnel passait dans les rangs et marquait à la craie les individus suspects, je pense que ça permettait de les isoler directement du flot qui passait devant les services déjà encombrés (pour exemple, le hall accueillait deux à trois fois plus de personnes que sa capacité initiale). Les marques à la craie étaient diverses: le trachome avait sa dénomination pour lui tout seul (TC), X pour la débilité, S pour sénile, H pour les problèmes de coeur....

Il faudrait que je vérifie s'il y' avait des interprètes, comme beaucoup de connaissez pas un mot d'anglais, répondre aux questions devaient être un marathon. inter
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Message  Antoine Mer 20 Mai 2015 - 12:04

Manny a écrit:Les services de l'immigration était strict mais pas insurmontable. Sur 12 millions de passages, seuls 2 à 3% ont été refoulé, ce qui est dérisoire. Quand on voit l'immigration actuelle dans des rafiots pourris, Ellis fait figure de palace.
Oui, mais refoulés à Ellis Island ou avant ? Si c'est le premier cas, c'est surtout le signe que les compagnies savaient faire la sélection au départ, justement pour éviter ces "retours gratuits" qui devaient coûter un peu.

Après, il faut voir aussi que l'immigration clandestine était très difficile à l'époque, logiquement, vu que passer d'un continent à l'autre peut difficilement se faire en boat people. Mais pour les arrivants, ça ne changeai pas grand chose : ce qui les attendait était peu réjouissant : racisme, exploitation par de grosses entreprises assez peu regardantes... Je ne peux que vous suggérer de lire Une Histoire populaire des États-Unis d'Howard Zinn pour vous en convaincre, et de voir le film que Daniel Mermet vient de sortir à son sujet. En France, ce n'était pas mieux d'ailleurs : la main d’œuvre italienne notamment subissait un racisme très violent, et était souvent exploitée dans les usines. On s'assurait notamment que les femmes seules, que les usines "importaient" littéralement, n'apprennent pas le Français pour être plus facilement exploitées... Des méthodes qui n'ont pas forcément changé aujourd'hui...
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Message  Manny Mer 20 Mai 2015 - 13:02

Le pourcentage de refoulés concerne uniquement Ellis, c'est certain qu'il doit être plus nombreux si on compte les pré-selections avant embarquement mais, une fois qu'un passager avait passé ce cap, il avait 98% de chance avec lui. Ce qui n'est pas négligeable.

Quand j'évoquais l'immigration actuelle, je pointais surtout le fait qu'aujourd'hui rien ne semble trop avoir changé par rapport au siècle dernier. C'est peut-être même pire. Ce qui attendait les émigrés d'autrefois, on le retrouve toujours aujourd'hui. En france, la main d'oeuvre italienne et la main d'oeuvre polonaise étaient aussi envoyé à la mine. "Quitte à faire le sale boulot, vaut mieux que ce soit fait par des étrangers" devait être un bon crédeau à l'époque... s'il ne l'ait pas encore.
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Message  Antoine Mer 20 Mai 2015 - 13:47

C'est vrai, mais il faut quand même voir que l'embarquement à Southampton ou Cherbourg n'était pas le début du voyage, loin de là. Souvent, ils avaient déjà quelques jours, voire semaines dans les pattes, entre l'attente, et le voyage pour venir depuis la Scandinavie, l'Italie, l'Europe centrale... voire bien plus loin. Les gamins syriens refoulés à Southampton pour leur trachome devaient se sentir aussi emmerdés refoulés à Southampton que s'ils l'avaient été à Ellis Island. Par contre, il serait intéressant de savoir combien étaient refoulés au départ. Assez, je crois, pour que des associations de soutien se mettent en place (ben oui, les mecs qui se retrouvaient à errer dans le port sans savoir quoi faire, fallait bien en faire quelque chose...), mais je n'ai aucune idée du nombre que ça pouvait représenter.

Pour ce qui est d'aujourd'hui par rapport à hier, ça a changé sur la forme, pas sur le fond. Tu as raison de dire que le but est avant tout de faire le sale boulot. Pas parce qu'ils sont étrangers (les employeurs qui embauchent des sans papiers ne le font probablement pas par racisme simple du genre "autant que des étrangers vident nos poubelles"), mais parce qu'ils sont plus malléables. Un immigré qui parle pas la langue, qui n'a pas d'amis et aucune connaissance de ses droits, on en fait ce qu'on veut, et ça, c'est vrai en 2015 comme en 1912. Mais à l'époque, cette immigration était légale ; l’État fermait ensuite les yeux sur ce qui se passait dans les usines.

Aujourd'hui, l'Etat ferme toujours les yeux sur ce qui se passe, au nom de la liberté d'entreprendre (et veut même faire passer des lois pour protéger le "secret des affaires" et interdire toute dénonciation de pratiques limites dans les entreprises, tant qu'à faire), mais il le fait aussi sur l'immigration, devenue illégale. Il faut dire qu'aujourd'hui, l'immigré clandestin est pratique : il n'a pas le droit d'être là. Comment pourrait-il aller gueuler aux prudhommes s'il fait trop d'heures ou n'est pas assez payé ? Puis pas de cotisations à payer, et ainsi de suite. En 2015 comme en 1912, des avantages énormes.

En revanche, une chose change. Le sans-papier étant là illégalement, on peut plus facilement le stigmatiser dans le discours politique. Un discours bien peu suivi d'effets : quand l'UMP ou le FN parlent d'expulsions massives, en réalité, ce ne sont que des mots : le faire, ce serait torpiller les entreprises, ce qu'ils ne veulent surtout pas faire. Le même problème se pose aux États-Unis : on fait, officiellement, la chasse aux clandestins qui traversent le Rio Grande, mais en réalité, les entreprises sont tellement friandes de cette main d’œuvre corvéable à merci que dans les faits, rien ne change. Il y a un très bon article sur ce double discours dans le Diplo de ce mois-ci. Paradoxalement, le meilleur moyen de tarir le flux de sans papiers serait de les régulariser : en situation régulière, ils seraient beaucoup moins exploitables pour les entreprises... et donc vite renvoyés.

Dans tous les cas, la question demeure toujours la même : celle des personnes à qui on peut faire faire le sale boulot sans trop dépenser. Question qui, heureusement, se pose de moins en moins vu la mécanisation constante. Plus besoin d'autant de monde dans les usines, plus besoin d'autant de bêtes de somme... Dans tous les cas, oui, les formes changent... Le fond... beaucoup moins...
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