Juan Monros [assistant au Restaurant à la Carte]

Pourquoi parler d'un assistant du Restaurant à la Carte? Tout simplement parce que Juan Monros Soler était le seul employé espagnol du personnel du Restaurant qui venaient en majorité d'Italie et de France. Juan Monros était originaire de Barcelone et vivait avec sa famille à Paris. Il décide de traverser la Manche pour s'installer à Londres et espérer trouver un travail très vite. Grâce à son ami René Deprond, il rencontre des immigrés suisses, français et belges qui travaillent dans la restauration. Parmi les amis de René, il y avait un employé du Restaurant à la Carte de l'Olympic muté sur le Titanic dans le nouveau Restaurant à la Carte, un certain Gérard Grosclaude. Ce dernier permet à Juan d'être intégré à la nouvelle équipe du restaurant en tant qu'assistant de serveurs.

Lors de la nuit du naufrage, Juan comme ses collègues finit son service vers 23h00 et retourne à sa cabine après une dure journée de labeur. Comme beaucoup le savent la plupart voir même la presque totalité du personnel ne survient pas. Les corps des français, des italiens et des belges ou suisses n'ont jamais été retrouvés mais le corps de Juan l'a été par les hommes du Mackay Bennet. Enregistré sous le n°27, le cadavre de Juan a été rejeté en mer à cause du mauvais état du corps. Même si le sort de Juan reste commun à celui de ses collègues, une question peut se poser. Comment le corps de Juan a pu être retrouvé flottant dans l'océan alors que le reste du personnel était bloqué dans le Titanic et n'a jamais pu en sortir? Cette question reste sans réponse.

Lily a écrit: Même si le sort de Juan reste commun à celui de ses collègues, une question peut se poser. Comment le corps de Juan a pu être retrouvé flottant dans l'océan alors que le reste du personnel était bloqué dans le Titanic et n'a jamais pu en sortir? Cette question reste sans réponse.

Hé bien, j'ai peut-être une explication qui vaudra ce qu'elle vaudra.
En me plongeant dans mon Walter Lord hier, j'ai relu un passage concernant le personnel du Restaurant à la Carte et plus spécialement sur Luigi Gatti, son chef cuisinier et Paul Meugé. Il y est dit que seuls ces trois personnes purent arriver aux embarcations. Selon Lord, ils eurent cette chance parce qu'ils étaient vêtus en civil et donc les hommes d'équipages les laissèrent passer, croyant qu'il s'agissait de passagers.

Concernant Juan Monros Soler, le fait qu'il ai terminé son service à 23 heures lui a donné peut-être le temps de se préparer pour la nuit. Apprenant le choc avec l'iceberg, il se change, mettant ses vêtements civils et donc peut passer inaperçu sur les ponts à l’instar de ses infortunés compagnons qui, eux étaient peut-être restés en tenu de travail. Cela ne lui aura pas sauvé la vie mais expliquerait que le Mackay Bennett ait retrouvé son corps, à contrario des autres membres du restaurant, qu'on a fermement invité à regagner leurs quartiers, à l'arrière.
Evidemment tout cela n'est que supposition, c'est tout ce que nous pouvons faire d'ailleurs.

Denis.

Autre hypothèse pour moi. Maugé et Rousseau ont pu partir tôt car habillés en civil, oui, mais aussi parce que Maugé a dit à un membre d'équipage être le "secrétaire du chef", ce qui était assez flou pour lui permettre de passer, au cas où. Les autres, effectivement, ont été maintenus en bas. Dans un premier temps du moins ! Mais n'ont ils pas pu sortir après ? Je pense que si, tout de même.

Je ne pense pas que Juan est pu s'habiller totalement en civil et qu'il est eu le temps de pouvoir persuader les stewards de le laisser passer au début. Mais peut être que a force d’inquiétude les stewards ont fini par abandonner le personnel du Restaurant à la Carte en les laissant à leur sort. En tout cas, un chose est sûre, Juan a tenté de sauver sa vie en rejoignant les ponts supérieurs avec peu de ses collègues. Il comprenait l'anglais malgré son arrivée à Londres en 1911.

Pour ce qui est de se changer, je n'ai aucune idée de quoi était composé l'uniforme du personnel du restaurant mais le soir du naufrage, Juan portait un pantalon noir, une chemine fine, une "veste épaisse à carreaux de flanelle, des gants et des bottes boutonnées au sommet recouverte d'un tissu". .Peut-être a t-il eu le temps de se mettre une veste pour se faire passer comme un civil mais la description du médecin "légiste" du Mackay Bennet fait état de cette description des vêtements de ce pauvre jeune homme de 19 ans.

Ce serait à comparer aux vêtements professionnels, mais effectivement, ça me semble proche de la tenue de garçon.

Certes le personnel du Restaurant à la Carte a été reconduit dans ses quartiers mais vu la débâcle qui s'annonçait je pense que personne n'est resté posté devant leurs cabines pour surveiller s'ils y sont bien confinés. A un moment, ils ont peut-être quand même pu en sortir et tenter quelque chose pour se sauver, avec plus ou moins de réussite.

Enfermés à tour de clefs, on oublie. Peut-on humainement enfermer des êtres humains sur un paquebot en train de couler, qu'on soit en 1912, ou pas !
Il n'y a que le cinéma qui persiste à nous offrir cette sensationnelle et dramatique version, notamment Julian Fellowes (j'ai en mémoire une scène de sa très moyenne mini série d'avril dernier "Titanic", où un italien est intentionnellement est enfermé à clef dans une cabine pour je ne sais plus quel motif. Mais je ne sais plus du tout s'il s'agissait d'un membre du personnel du restaurant ou un steward ou encore d'un passager). Ides reçues quand vous persistez par delà les âges...

Denis.

Oui, plus qu'un enfermement, je pense que c'était des barrages ponctuels de type "circulez, y'a rien à voir..."

Voici une photo de notre ami Juan Monros

Ahhhh merci Elodie , c'est toujours mieux de pouvoir mettre un visage lorsqu'on parle d'un des protagonistes du naufrage.
Je pense que la recherche ne fut pas aisée, il ne doit subsister que très peu de photos des victimes méconnues. Mais tu leur redonne vie par tes recherches.

Denis.

Cette photo est l'une des rares qu'on ait de Juan. Par contre, il existe plusieurs lettres et cartes postales adressées à sa famille mais surtout à sa mère. Dans l'une de ses correspondances, Juan dit écrit à sa mère que le Titanic est "le plus grand du monde" et "qu'il s’apprête à partir pour la première fois".

Pour en revenir à la photo de Juan, dommage qu'elle soit floue car on aperçoit les traits du jeune homme qui était assez charmant. Juan était jeune et courageux. La nécessité de trouver un travail l'a emmené sur le Titanic. Sa mère s'inquiétait beaucoup de voir son fils travailler sur un paquebot et Juan a tenté de la rassurer en lui disant que ce n'était qu'un travail d’appoint et qu'il travaillait de temps en temps pour une entreprise à Londres.

C'est bien gentil Denis ^^ ( j'avoue que pour trouver cette photo j'ai tapé quelques mots en espagnol enfin du moins essayé) mais pour certaines j'ai la chance que dans le groupe où je suis inscrite on puisse trouver d'autres photos aussi

Dans le livre référence des passagers espagnols, "Los diez del Titanic" (ma bible en ce moment), il y a cette photo de Juan en plus agrandie.

Merci de m'avoir fait découvrir cet homme!

Je pense aussi qu'ils ont été emmenés à l'arrière puis laissés à leur sort, mais quand même pas enfermés...
Ils ont dû s'échapper vers la fin...